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Nicolas Ozoux, étudiant à Paris

Publié le 26 septembre 2017

Il a quitté son île natale pour étudier l’histoire à Panthéon La Sorbonne et s’investit, à 22 ans, dans L’Union des Etudiants Réunionnais de l’Hexagone.


Pouvez-vous vous présenter ?

Nicolas Ozoux, j’ai 22 ans et je suis actuellement en master d’histoire à l’université de Paris 1. J’étudie plus précisément l’histoire nord-américaine. Je suis né au Port et j’ai partagé mon enfance entre ma mère qui vivait sur Saint-Denis et mon père qui vivait à Saint-François. Je reste très attaché à Saint-François car c’est là que sont mes racines familiales.

Quel a été votre parcours de "mobilité" ?

Pendant des années on nous a répété que pour réussir, il fallait quitter la Réunion et partir étudier en métropole. J’ai donc quitté l’île pour faire mes études à Paris en septembre 2013. J’avais toujours vécu à la Réunion auparavant, ça a été un choc d’adaptation. Ma mère et mon frère ont tout fait pour m’aider à m’installer. Ce qui a surtout aidé c’est de savoir qu’on est resté soudé avec nos camarades de la Réunion qui venaient étudier sur Paris. Quelques jours après mon installation j’ai appris que ma meilleure amie, Laure, habitait à moins de cinq minutes de chez moi ! Nous ne nous étions absolument pas concertés, c’est amusant de voir comment le hasard fait bien les choses parfois !

Que vous apporte l’expérience de la mobilité ?

Déjà la mobilité vous apporte l’expérience de l’adaptation. Quitter mon île a été un choc, et j’y repense chaque jour avec nostalgie. Cependant ça m’a poussé à sortir de ma zone de confort et à m’adapter dans un nouvel endroit. Bon même si j’avoue qu’il y a des endroits plus hostiles que Paris, quand on est un yab des hauts ça fait un choc. Cela nous donne également des opportunités extraordinaires, je sais que ma mère a été très fière quand elle a su que j’étais pris à Paris 1. C’est une opportunité que je ne pouvais pas refuser. Et puis la mobilité apporte un autre avantage considérable : celui de voir du pays et de découvrir l’Europe. Je suis un grand passionné d’histoire ; l’Europe, je ne la connaissais qu’au travers des livres et des photos de voyages de mes grands-parents. J’ai pu découvrir l’Espagne, l’Allemagne et voyager un peu partout en France depuis que je suis arrivé ici.


Quels sont les avantages / inconvénients de venir de loin ?

Être de la Réunion est à la fois un avantage et un inconvénient. Du fait de venir de loin, on se dit qu’on a une obligation de réussite vis à vis de nos proches, car ils comptent sur nous. Je sais que ce sont eux qui me donnent la force de me battre chaque jour. Parce que oui, se lever en hiver quand il fait -5 degrés alors qu’on est habitué aux températures tropicales, oui, c’est un combat ! Les inconvénients sont que la famille et que les amis sont très loin de nous et que souvent il y a des phases de mélancolie, mais cela nous pousse au contraire à travailler dur pour vite les revoir.

Quels sont vos projets ?

Je souhaite à long terme me destiner ou bien vers l’enseignement ou bien vers le journalisme. Je ne fais que continuer l’histoire familiale : mes grands-parents enseignaient et ma mère est journaliste. Je ne vois pas mon avenir autrement que de rentrer plus tard à la Réunion, d’une part parce que je reste très attaché à mon île et à mes racines mais aussi parce que l’on a envie de faire avancer les choses à la Réunion. Je suis animé de la volonté de me battre pour mon île et pour les Réunionnais. C’est en ce sens que j’ai rejoint l’UERH, l’union des étudiants réunionnais de l’hexagone, fondée par deux amis à moi : Valentin et Marine.

Quel est le sens de votre engagement ?

Si je le pouvais, j’aiderais chaque Réunionnais qui vient faire ses études. La solidarité est quelque chose d’important à la Réunion, et nous entendons perpétuer cette solidarité en créant un réseau d’entraide partout en France. D’ailleurs l’année va être chargée car on va organiser plusieurs afterwork et événements afin d’élargir notre cercle et rencontrer d’autres Réunionnais. Je vais vous confier quelque chose : j’ai hâte de rencontrer d’autres compatriotes !


Quels objets de la Réunion avez-vous apporté dans vos valises ?

J’ai amené beaucoup d’objets dans mes valises, pour tout vous dire je ne compte plus les suppléments que j’ai payé à Gillot ! J’ai amené beaucoup de photos afin de me souvenir des bons moments passés avec ma famille, des livres qui trônaient dans ma bibliothèque, aussi bien des romans que des livres d’histoire (L’Alchimiste de Paulo Coelho est aux cotés de D-Day d’Anthony Beevor sur mon étagère...). Et surtout j’ai amené un petit éléphant qui lève sa trompe. Ma grand-mère collectionnait les éléphants et elle avait beaucoup de statuettes de ce type. Elle me disait qu’un éléphant qui lève sa trompe est un bon présage et un moyen de souhaiter bonne chance. Et bien entendu je ne compte pas les produits de la Réunion que je ramène à chaque fois (chocolat, bières dodo, saucisses, sarcives...). C’est un moyen d’avoir un bout de notre île avec moi !

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de la Réunion ?

Avec les autres nous suivons activement ce qui se passe à la Réunion, et les récents événements (gréve des planteurs, suppression des contrats aidés, troubles dans les quartiers) montrent que la situation économique et sociale n’est pas stable. Baisement dans la cour Patel comme on dit. En ce sens nous devons nous battre pour protéger notre île et les Réunionnais des difficultés qui ne vont pas s’arranger si jamais l’état ne s’investit pas plus activement.

Qu’est-ce qui vous manque de votre île ?

Je n’ai le droit qu’à une chose ? Sinon je dirais le contact de la nature, je suis un rat des champs, pas un rat des villes. Et cette tranquillité me manque beaucoup à Paris. Je me vois être posé dans mon jardin en train de discuter avec ma famille. Puis le silence vient, et l’on entend rien si ce n’est le bruit du vent qui secoue les feuilles des camélias et les oiseaux.

Qu’est-ce qui pourrait vous convaincre de revenir habiter à la Réunion ?

La certitude de pouvoir changer quelque chose et d’aider les Réunionnais, que ce soit par un engagement politique actif ou bien en exerçant un métier dans l’enseignement. Selon moi il n’y a rien de plus beau que de s’engager à aider les autres en voulant leur transmettre des connaissances et en les aidant de notre mieux.

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

Très hétérogène. Je peux aussi bien rencontrer des personnes qui me font des remarques racistes et déplacées (du style « vous êtes tous paresseux dans les îles ») ou des personnes intéressées par notre île et notre culture. J’aurais tendance à me rapprocher des personnes avec qui je peux partager ma culture et m’éloigner des autres qui portent un regard hautain sur nous. Nous avons envie de changer la Réunion, nous n’avons pas le temps de vouloir changer le regard d’une personne sur notre île.

Vous même, quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

Les Parisiens sont des personnes extraordinaires, je me demande comment ils font pour résister d’une part à autant de stress et à autant de pollution, moi je ne habitue toujours pas aux nuages de pollutions qui apparaissent parfois sous le ciel parisien. En même temps quand on a grandi à Saint-François, Paris c’est la face cachée de la lune...

+ d’infos sur L’Union des Etudiants Réunionnais de l’Hexagone sur [email protected] / www.facebook.com/contactuerh

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