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Olivia Morel, directrice adjointe à l’Alliance française de Diego Suarez

Publié le 5 octobre 2017

Après avoir été chargée de projet culturel dans une favela de Rio de Janeiro, cette Saint-Joséphoise a posé ses valises à Madagascar où elle est responsable culturelle de l’Alliance Française d’Antsiranana. Un des postes de Volontaire de solidarité internationale à pourvoir régulièrement dans l’océan Indien et ouverts à des Réunionnais.


Pouvez-vous vous présenter ?

Je me nomme Olivia Morel, j’ai 26 ans et je suis originaire de Saint-Joseph. Voilà maintenant huit ans que j’ai quitté La Réunion. A 18 ans, j’ai intégré l’école de communication SUP DE PUB. J’ai effectué mes trois premières années d’études à Bordeaux, et mon Master 1 en échange au Tecnologico de Monterrey à Puebla au Mexique. Heureuse de cette première expérience à l’étranger, je me suis orientée vers un Master 2 de Management International, au cours duquel j’ai effectué quatre mois à l’IAE de Bordeaux et huit mois à Rio de Janeiro, au Brésil. En parallèle de mes cours à l’université, je travaillais en tant que chargée de projet culturel au Museu de Favela. Aujourd’hui, je suis directrice adjointe à l’Alliance française de Diego Suarez à Madagascar en tant que volontaire de solidarité internationale, et je suis notamment en charge de la Culture et de la Communication.

Quel a été votre parcours de "mobilité" ?

J’ai eu la chance de pouvoir voyager dès l’âge de 15 ans, avec une troupe de comédie musicale dont je faisais partie. A 18 ans, j’avais déjà effectué cinq échanges avec les jeunes de mon lycée en Australie, en Autriche, au Canada, en Suède et à Maurice où nous avions joué nos spectacles ! J’ai donc développé très tôt le goût des expériences interculturelles à l’étranger. Lorsque j’ai quitté La Réunion, je savais déjà que je partais pour quelques années d’études en Métropole, mais que par la suite, j’irai vivre à l’étranger. Et en effet, mis à part mes années d’échanges universitaires et mes stages au Mexique et au Brésil, j’ai également été vivre quelques mois en Irlande, et dans quelques îles des petites Antilles.

En quoi consiste votre mission ?

Dans le cadre de ma mission de VSI, je travaille principalement sur le développement de la Culture dans la ville de Diego Suarez. Avec mon équipe, nous faisons à la fois de la programmation culturelle, nous organisons des festivals, des concerts et des résidences d’artistes locaux ou étrangers. Nous faisons également de la médiation culturelle et mettons en place des ateliers artistiques à destination des jeunes. Nous avons choisi d’adopter une politique culturelle gratuite afin de rendre les arts et la culture accessible à tous. J’aime à penser que l’action culturelle puisse être un levier de développement.

Avec Jaojoby et l’équipe de l’AF pour les 50 ans

Actuellement, je travaille sur la 2e édition du festival des arts urbains Stritarty, où nous allons accueillir des artistes de cinq pays d’Afrique et de Madagascar. En parallèle, je suis également en charge de la coopération culturelle entre La Réunion et Madagascar. Grâce au cofinancement des Fonds Européens, je construis un pont artistique afin de mettre en réseau les artistes de La Réunion et les artistes de Madagascar.

Quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

Je suis en émerveillement permanent depuis que je vis ici. Lorsque je suis arrivée à Madagascar, j’ai été frappée par la forte similitude entre la culture réunionnaise et la culture malgache, et je me suis rappelée que la culture de La Réunion prenait sa source à Madagascar (une évidence qu’on a parfois tendance à oublier). D’ailleurs, beaucoup de Réunionnais affirment qu’ils aiment venir à Madagascar parce que ça leur rappelle la Réunion "lontan". Moi aussi, j’aime l’idée de revenir aux origines de notre histoire. J’ai parfois l’impression d’apprendre à mieux comprendre La Réunion en étant ici à Madagascar. Et puis au-delà de cet apport historique et culturel, Madagascar est un pays sublime ! La faune et la flore sont riches et variées, et certains paysages sont à couper le souffle. J’ai la chance d’avoir atterri dans une des plus belles régions de la grande île, je ne finis jamais d’être subjuguée par le cadre de vie que m’offrent la ville de Diego Suarez et Madagascar. Enfin, j’aime beaucoup vivre et travailler avec les Malgaches, je trouve qu’ils ont une joie communicative. Tout comme les Réunionnais.

Quelle est l’image de la Réunion à Madagascar ?

A Madagascar, les gens connaissent très peu La Réunion finalement. Tout le monde a de la famille qui vit là-bas, mais très rares sont ceux qui y sont déjà allés. Je crois que l’île est perçue comme une sorte d’Eldorado, une terre d’espoir pour ceux qui rêvent de partir de Madagascar. Mais depuis que je vis ici, je réalise surtout à quel point il existe un mur entre nos deux îles et comment les Malgaches et les Réunionnais se connaissent mal. Je trouve cela vraiment regrettable. Et j’espère qu’à travers la coopération culturelle et touristique qui se met en place via nos missions de volontariat, nous saurons rapprocher davantage ces deux îles !

Quels sont vos projets post-volontariat ?

A la suite de mon volontariat à Diego Suarez, je songe à deux possibilités : retourner vivre en Amérique latine et postuler pour un autre poste de direction au sein d’une Alliance ou bien rentrer à La Réunion et trouver un emploi dans le secteur culturel. Quoiqu’il en soit, mon projet, à terme, est de rentrer à La Réunion, et une fois que je me sentirai prête, j’aimerais créer mon propre centre culturel en m’inspirant de toutes les idées lumineuses que j’ai pu observer dans les différents endroits où j’ai été.


Quel est votre regard sur la situation socio-économique de la Réunion ?

Je ne vis plus à la Réunion depuis plus de huit ans, mon regard est donc largement à nuancer. Mais à chaque fois que j’atterris à La Réunion, après avoir vécu au Brésil et à Madagascar, je ne peux que constater que la situation socio-économique de La Réunion est très favorable. On entend souvent dire que La Réunion est le DOM comptant le plus de redevables ISF, et à contrario, également le DOM où on dénombre le plus d’allocataires au RSA. Cependant, je ne trouve pas ces disparités si voyantes, j’ai l’impression que tout le monde vit bien à La Réunion. Reste la question de l’emploi et du fort taux de chômage chez les jeunes, qui est une problématique importante. Je pense qu’il faut encourager les jeunes à voyager et à se lancer dans des aventures entrepreneuriales.

Que vous apporte l’expérience de la mobilité ?

Je suis certaine que la mobilité, les expériences que j’ai eues et les échanges culturels que j’ai vécus ont fait de moi ce que je suis aujourd’hui. Tous ces voyages et ces rencontres m’ont transmis des valeurs qui me sont chères aujourd’hui : l’ouverture d’esprit, la curiosité, la solidarité et la diversité culturelle. Je retire un enseignement sur beaucoup de choses, du recul sur notre mode de vie et je prends conscience de la chance que nous avons d’être nés à La Réunion. Sur le plan professionnel, grâce à mes stages et emplois à l’étranger, j’ai appris à travailler dans un contexte interculturel, et je maitrise aujourd’hui trois langues étrangères ! Je suis donc fière de faire partie d’une région qui encourage ses jeunes à aller travailler à l’international dans le cadre de la coopération régionale avec des institutions telles que France Volontaires et la Région Réunion.

Quel conseil pourriez-vous donner aux jeunes qui ont du mal à "sauter la mer" ?

J’ai envie de leur dire que je n’ai jamais rencontré une seule personne qui ait regretté d’avoir entrepris un voyage à l’étranger ou une expérience d’expatriation. Je peux comprendre que cela puisse faire peur de s’imaginer de l’autre côté de la mer mais c’est une expérience tellement enrichissante. "Sauter la mer", c’est aussi souvent partir pour mieux revenir !

PORTRAIT CHINOIS DE MADAGASCAR

Une couleur : Le Rouge
Qui rappelle la couleur si particulière de la terre dans ce pays, mais aussi la force de caractère de Madagascar. Une couleur vive et chaude, parfois ambiguë, entre passion et danger mais qui ne laisse jamais indifférent.

Un animal : Je suis trop tentée de répondre le Maki Catta.
Cet animal unique et atypique qu’on ne retrouve nul part ailleurs !

Une chanson : Allo atsika handeha hisoma de Jaojoby, un de mes artistes préférés à Madagascar. J’ai eu la chance de travailler avec lui et c’est un grand homme, en plus d’être un grand artiste. Sa chanson signifie littéralement « allons tous s’amuser » et les paroles comme le rythme de la chanson traduisent bien l’entrain et l’ambiance bon enfant de la fête malgache !

Un sport : L’Athlétisme, avec toutes les disciplines qu’elle rassemble.
Sprint, Marathon, Sauts en hauteur, lancer de marteau (!)

Un livre : Jacques le Fataliste
Tout comme le sont les Malgaches. J’ai parfois l’impression qu’ils ont renoncé à l’idée de rêver, d’espérer que demain pourrait être un jour meilleur, et que les choses pourraient être différentes. C’est une thématique sur laquelle nous aimons travailler avec les enfants, par exemple lorsque nous avons créé un arbre à rêve avec une artiste de La Réunion.


Voir : LES OFFRES DE MISSION FRANCE VOLONTAIRE DANS L’OCEAN INDIEN

Basé sur l’île, France Volontaires propose toute l’année des missions indemnisées de 12 à 24 mois en Afrique Australe et dans l’Océan Indien. Plus de 40 Volontaires de Solidarité Internationale originaires de La Réunion sont en permanence en mission dans des pays de la zone, en appui à des structures locales œuvrant pour la coopération régionale. Sur quels postes, dans quels pays et comment postuler ? Cliquez ici pour en savoir plus : De la Réunion, France Volontaires recrute toute l’année pour l’océan Indien

D’autres infos et portraits de Volontaires réunionnais dans l’océan Indien / La page Facebook

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