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L’évolution de l’emploi en Europe à l’horizon 2020

Publié le 24 mars 2010

Malgré la crise économique, les perspectives de l’emploi en Europe
ne sont pas toutes sombres.
Les dernières prévisions du Cedefop (Centre européen pour le développement de la formation professionnelle) concernant la demande et l’offre de
compétences à l’horizon 2020 font état
d’un gain net de 7 millions d’emplois (création
de nouveaux emplois moins pertes d’emplois) par rapport
aux chiffres actuels. À ce
chiffre s’ajoutent les 73 millions d’emploi
qu’il sera nécessaire de créer pour remplacer les
travailleurs qui, par exemple, partent à la retraite ou
changent d’emploi. Selon les projections pour les
dix prochaines années, le nombre total d’offres d’emploi
en Europe sera de l’ordre de 80 millions.

source : cedefop.europa.eu
Évolution de l’emploi par secteur en Europe

Malgré les perspectives de création d’emplois, on
estime que le nombre d’emplois est actuellement inférieur
de 10 millions aux prévisions d’avant la crise. Dans l’hypothèse d’une reprise modeste, l’emploi en 2020 pourrait
se situer juste au-dessous de son record de 2008, qui était
de l’ordre de 235 millions.

Des emplois à plus forte intensité
de connaissances et de compétences

Même si les tendances récentes indiquent des perspectives
d’emploi positives dans toutes les catégories de professions,
la plupart des quelque 8,5 millions de nouveaux emplois
prévus concernent les professions à forte intensité de
connaissances et de compétences, notamment les postes de
cadre et de technicien de haut niveau.

Le nombre de travailleurs non manuels qualifiés ne
devrait pas connaître d’augmentation significative, mais des
changements devraient intervenir dans la structure des
emplois de cette catégorie. Alors que la demande dans des
professions telles que les employés de bureau devrait
diminuer d’environ un million, la demande dans les activités
de services, telles que la vente, la sécurité, la restauration et
les soins pourrait augmenter de plus de deux millions.

Au niveau inférieur de l’échelle des compétences, la
demande d’ouvriers et employés non qualifiés devrait
augmenter de quelque deux millions. En revanche, on
prévoit une perte de plus de quatre millions de postes
d’ouvrier qualifié ; il s’agit dans de nombreux cas d’emplois
routiniers qui seront remplacés par de nouvelles
technologies. Ces évolutions font craindre une polarisation
des emplois, caractérisée par une hausse de la demande
aux échelons supérieurs et inférieurs et une baisse, ou
une stagnation, aux échelons moyens.

Une plus forte demande de qualifications

Les projections indiquent que la demande de
compétences (en termes de qualifications formelles)
devrait continuer à augmenter. La nature des
changements industriels et technologiques accroît la
demande dans les catégories d’emplois hautement et
moyennement qualifiés, au détriment des emplois
faiblement qualifiés. On assiste aussi à une élévation des niveaux de
compétences dans de nombreux emplois auparavant
occupés par des individus faiblement qualifiés.

En conséquence, il est prévu que la demande
d’individus hautement qualifiés augmentera de plus de 16
millions, tandis que la demande de travailleurs faiblement
qualifiés devrait diminuer de quelque 12 millions. La
proportion des emplois exigeant des qualifications de haut
niveau passera de 29 % en 2010 à environ 35 % en 2020,
alors que le nombre d’emplois occupés par des individus
faiblement qualifiés passera de 20 % à 15 %. La proportion
des emplois occupés par des individus moyennement
qualifiés demeurera significative, de l’ordre de 50 %.

Tendance persistante à la tertiarisation
de l’emploi

La tendance à la
tertiarisation de l’économie, au détriment du secteur primaire
et des activités manufacturières de base, devrait se
maintenir à des niveaux similaires à ceux d’avant la crise.
Les prévisions font état de pertes supplémentaires
substantielles dans le secteur primaire, de l’ordre de quelque
2,5 millions d’emplois, tout particulièrement dans l’agriculture. À cela il faut ajouter une perte de deux millions d’emplois
prévue dans l’industrie manufacturière et la production.

Les
principaux domaines de croissance de l’emploi, qui devraient
gagner quelque sept millions de postes, sont les services, en
particulier les services marchands. Une hausse significative
est également attendue dans la distribution et les transports.
Dans les domaines non marchands tels que les soins de
santé et l’éducation, la croissance de l’emploi sera
contrebalancée par une diminution de la demande dans
l’administration publique due aux contraintes des budgets
publics

Les citoyens européens auront-ils
les compétences adéquates ?

La population active âgée de
plus de 15 ans hautement ou moyennement qualifiée
devrait compter quelque 16 millions supplémentaires de
titulaires d’un diplôme universitaire ou équivalent. L’offre
de main-d’oeuvre possédant des qualifications de niveau
moyen, essentiellement professionnelles, devrait
connaître une augmentation bien moins importante, de
l’ordre d’un million, mais elle devrait continuer à
représenter 50 % des forces de travail. Quant au nombre
d’individus faiblement qualifiés, il devrait diminuer de
quelque 15 millions avec l’arrivée sur le marché du travail
de jeunes plus qualifiés et la sortie de nombreux
travailleurs plus âgés moins qualifiés.

En moyenne, les femmes devraient être mieux
qualifiées que les hommes à l’avenir, bien que, pour les
qualifications de niveau moyen, les taux d’amélioration
s’annoncent plus importants pour les hommes que pour
les femmes (figure 7). La diminution du nombre d’individus
faiblement qualifiés devrait être plus marquée parmi les
femmes que parmi les hommes.

En 2020, la cohorte des 55
ans et plus sera plus hautement qualifiée que ne l’est
aujourd’hui cette même cohorte. Le taux d’activité des
seniors devrait augmenter dès lors qu’ils sont de plus en plus
nombreux à être obligés, capables ou désireux de travailler
et que la durée de la vie professionnelle s’allonge.

Adéquation entre compétences et emplois ?

En dépit de la récession, les travailleurs hautement et
moyennement qualifiés ont encore davantage de chances de
trouver un meilleur emploi que les individus faiblement
qualifiés. Toutefois, les prévisions font également apparaître
que de nombreux individus possédant des qualifications de
niveau élevé ou moyen occuperont des emplois de niveau
inférieur. Pour certains, il pourra s’agir d’une situation
temporaire (par exemple diplômés d’université acceptant des
emplois dans les bars et restaurants) mais, plus elle se
prolongera, plus elle générera de frustration chez les
intéressés.

Implications

Les résultats des prévisions du Cedefop font apparaître
que la structure de l’emploi en Europe s’oriente vers une
forte intensité de connaissances et de compétences. Il est
clair que les décideurs politiques doivent garantir le
meilleur usage possible des compétences actuellement
disponibles. Par exemple, dès lors que les femmes seront
plus qualifiées que les hommes, il convient de prendre des
mesures pour les aider à utiliser leur potentiel et à mieux
concilier vie professionnelle et vie familiale.

Il importe également de mieux connaître ce que les
individus savent réellement et sont capables de faire dans
des emplois spécifiques. Un recours plus important à la
validation des acquis non formels et informels, ainsi qu’à
l’orientation tout au long de la vie, permettrait de mieux
faire coïncider compétences et emplois. Le message des
prévisions du Cedefop est qu’il pourrait être nécessaire
pour les gouvernements de stimuler la demande de
compétences émanant des employeurs et de trouver les
moyens de mieux utiliser les compétences, afin d’éviter
les problèmes d’inadéquation et de déséquilibre.
L’Europe doit garantir que ses ressources humaines
répondent aux besoins de son économie. Les stratégies
doivent offrir aux citoyens des possibilités d’améliorer et
d’élargir leurs compétences. L’élévation des niveaux de
qualification n’est pas simplement ce qui permet aux
individus de trouver un meilleur emploi ; c’est aussi ce qui
leur permet de façonner les emplois du futur et, partant,
d’apporter une contribution active à une économie
innovante.

Les pays en développement rapide tels que le Brésil,
la Russie, l’Inde et la Chine (les « pays BRIC ») entendent
eux aussi accroître la proportion de leurs emplois de haut
niveau. Il n’y a pas de place pour l’autosatisfaction en
Europe.

Source : Lire le document complet

Lire aussi : Les infos sur l’emploi et les Ressources Humaines à la Réunion

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