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Lucile Weigel, 23 ans, réalisatrice de films à Perth en Australie

Publié le 14 février 2007

Après une enfance dans le Sud, Lucile quitte l’île après le Bac pour apprendre l’anglais en Australie. Cinq ans plus tard, elle a trouvé sa voie et poursuit des études dans le milieu du cinéma. Réalisatrice de plusieurs court-métrages, elle travaille aussi en freelance dans différents domaines : script girl, écriture, cadrage, montage, etc. « Etre seule dans un pays qu’on ne connaît pas, c’est dur mais ça forge le caractère, confie-t-elle. C’est aussi la meilleure école ! »

Lucile Weigel
Sur le tournage de "Touched", son dernier court-métrage.

D’où êtes vous à la Réunion ?

"Née à Strasbourg, j’ai déménagé à la Réunion à l’âge d’un an. Mes parents et moi avons vécu 10 ans au Tampon, ruelle des Glycines, un petit quartier que je n’oublierai jamais, très calme, toujours fleuri et où les gens sont extrêmement gentils. Ensuite nous avons déménagé sur l’Etang Salé où j’ai vécu toute mon adolescence. Comme le Tampon, l’Etang Salé est pour moi un endroit très spécial, très beau. Il y a la plage et dans les hauts, les herbes folles... C’est là que j’ai passé les plus beaux moments de ma vie !"

Dans quelles conditions avez-vous été amené à quitter l’île ?

"J’ai quitté l’île après le lycée. Je ne savais pas bien quoi faire après mon Bac littéraire. Mes parents et moi avons décidé que j’irais vivre un an en Australie pour apprendre l’anglais et commencer des études en journalisme. Au début c’est très dur. La famille nous manque et on doit se débrouiller par soi-même, mais tout s’apprend et une certaine fierté naît lorsqu’on arrive finalement à tout faire tout seul".

Comment se passent les études en Australie ?

"L’Australie a une toute autre culture. On passe son temps à comparer, constater, apprendre, à rire des différences culturelles... A l’université, la relation profs/élèves est tout autre qu’en France ou à la Réunion. Le « Vous » formule de politesse et le « tu » dits « You » en anglais sont très facilement confondus, d’autant plus que tous les profs, les directeurs se font appeler par leurs prénoms et donnent leurs coordonnées personnelles à tous leurs élèves ! Ainsi nous pouvons les contacter même le week-end..."

Lucile Weigel

Vous avez changé d’orientation en cours de route.

"Je me suis rendue compte que ce qui me plaisait vraiment, c’était de raconter des histoires en images, de transmettre des émotions et de faire découvrir des univers différents à un public. Je me suis alors dirigée et spécialisée dans le cinéma. Après trois ans d’école technique du cinéma, je valorise ce cursus par une dernière année à l’université. Pour l’instant je travaille en freelance dans différents domaines : script girl, écriture, réalisation, cadrage, montage, etc. En attendant de finir mes études et de revenir travailler soit en France, soit à la Réunion".

Quels sont vos projets ?

"Cela fait maintenant cinq ans et demi que j’y suis et je ne regrette pas, mis à part pour mon français que je perds trop vite... J’aimerais avant de rentrer, travailler sur un long métrage pour acquérir plus d’expérience. Sinon, j’écris, je tourne des court-métrages. Le cinéma est un domaine très vague. Mes projets sont de continuer à faire ce qu’il me plait ! Travailler dur, me faire connaître doucement et espérer qu’on me donnera des opportunités dans le futur pour des films, des pubs, etc".

Avez-vous des échos de ce qui se passe à la Réunion ?

"J’ai entendu dire que l’industrie du film commençait, ce qui est très excitant et intéressant, mais qu’elle était aussi déjà bouchée, avec beaucoup de réalisateurs en recherche de travail... Alors je ne sais pas trop si je rentrerai de suite. Cependant si je peux me faire des contacts grâce à votre site, je vous en serai très reconnaissante !"

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

"De la maturité je suppose. L’expérience d’une autre culture. J’ai aussi rencontré beaucoup de gens, je parle maintenant deux langues, ce qui n’est pas négligeable. Et puis j’ai réalisé mon rêve. Je crois que vivre ailleurs permet de grandir. Ca n’a pas toujours été facile mais je pense qu’il n’y a rien de tel pour apprendre et former l’esprit... Il y a encore du travail, mais je vois bien que je me suis beaucoup ouverte depuis que je suis sortie de mon petit nid".

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

"Les amis, la famille, LES CARIS ! Qu’est ce que je ne donnerais pas pour un cari poulet avec des grains et du riz... Et le massalé, hum. Et les paysages, les gens, la culture, les odeurs, les marchés... Tout me manque, mais c’est la vie. Je reviendrai quand ce sera le moment".

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

"Trop de voitures... Je sais à quel point les Réunionnais aiment ces petites boites qui roulent mais si je pouvais refaire les choses, j’enlèverais les routes et je les remplacerais par des chemins ! Pour ce qui est de l’emploi j’ai un avis partagé. En Australie, la plupart des jeunes se trouvent des petits boulots dès l’âge de 16 ans. Ils gagnent leur argent de poche. Moi j’en ai deux en plus de mes études et stages. Cependant les études françaises sont très prenantes et difficiles, les contrats de travail français très compliqués. Il y a toujours plein de paperasse alors pour que ça marche, il faudrait que tout le monde y mette du sien".

Lucile Weigel
Sur le tournage de "Osmosis", écrit et réalisé par Lucile, filmé en 16mm.

Quels ont été les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion dans votre parcours ?

"A la Réunion il y a un mix magnifique. Ici il y a encore parfois de gros problèmes de racisme, surtout entre les Aborigènes et les Australiens. C’est un gros avantage de ne pas avoir de préjugés. Cela m’a permis de tourner un documentaire dans un petit village du nord ouest de l’Australie et de me faire accepter par une communauté aborigène assez fermée. C’était une super expérience et j’ai énormément appris de leur culture. Au final, je pense que la Réunion m’a apporté un bien-être et un bon équilibre".

Vous même, quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

"La ville de Perth est assez petite. Il est plus facile de se perdre dans St Pierre qu’à Perth si vous voulez mon avis... La région est très propre et très plate. Sur les côtes il y a de belles plages, mais le vent commence à souffler vers midi et l’eau est toujours froide. Les habitants en revanche sont très chaleureux et amicaux".

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

"Avant de partir je ne savais vraiment pas ce que je voulais faire. J’avais des idées excentriques mais pas de plan. Aujourd’hui j’étudie quelque chose qui me plait vraiment, on verra ce qui se passera plus tard... Il faut prendre le taureau par les cornes et bouger, voyager. Etre seule dans un pays qu’on ne connaît pas, c’est dur mais ça forge le caractère. C’est aussi la meilleure école !"

Que pensez-vous du site www.reunionnaisdumonde.com ?

"Je trouve que c’est un site très intéressant. Je ne connaissais pas et je me suis mise à lire toutes les fiches d’artistes et autres. Je trouve ça super ! Chapeau pour l’idée".

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