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Yann Mourier & David Bègue, co-réalisateurs

Publié le 6 novembre 2017

Ces deux amis d’enfance de la Réunion ont créé une boîte de production à Paris, Mohetin Films, qui tourne à l’international des films pour des marques comme Red Bull, Oakley, Givenchy... Interview croisée.


Présentation

Yann Mourier, 37 ans, je suis originaire de l’Ouest de l’île. J’habite Rouen et travaille à Paris en tant que réalisateur associé à mon ami d’enfance, David Bègue.

David Begue, 38 ans, je suis originaire de Montgaillard à Saint-Denis. Diplômé d’une licence en communication de l’Université de Montréal, je suis réalisateur chez Mohetin Films.

Parcours

YM : J’ai quitté la réunion pour suivre mes études de lycée en Afrique du Sud, accueilli et vivant dans une famille sud-africaine de Durban. Je me souviens encore de mon premier jour de cours : j’étais totalement perdu. Je ne connaissais personne, je parlais peu la langue, j’étais le seul français. Le système scolaire est complètement diffèrent, des établissements scolaires non mixtes, en uniforme, et une discipline de fer. Je suis allé me réfugier dans les WC, je me suis regardé dans le miroir en me disant : « qu’est ce que je fais là ? ». Mais j’ai réussi à m’adapter en quelques mois. Je suis ressorti de ces deux années complètement changé. C’est une expérience que je n’oublierai jamais, extrêmement positive, difficile parfois. Elle m’a permis non seulement de parler couramment l’anglais, de développer des facultés d’adaptation, mais également de m’ouvrir à d’autres cultures, d’autres langues, d’autres coutumes très diverses (Zulu, Afrikans, indiennes, chinoises).

J’ai eu envie de découvrir le monde... J’ai passé cinq ans au Canada, à Montréal, où j’ai suivi et obtenu à l’université de McGILL, mon diplôme d’ingénieur en Génie Civil. On m’a souvent demandé ce que je venais faire dans un pays si froid, alors que j’habitais sur une île « paradisiaque ». Mes amis Canadiens rêvaient de se dorer sur le sable des belles plages Réunionnaises, alors que j’avais envie de voir autre chose, d’autres paysages, d’autres cultures...

De l’enfance à la Réunion aux études à Montréal...

DB : J’ai quitté la Réunion à l’âge de 22 ans pour faire mes études au Canada, je suis allé rejoindre mon meilleur ami Yann. Puis je suis revenu à Paris pour devenir tout d’abord graphiste puis réalisateur dans une entreprise et ensuite réalisateur en duo avec Yann. Le Canada en hiver a été un choc pour moi, dans le bon sens du terme. J’ai trouvé ça magique autant de neige, et des hivers aussi froids ; en quittant La Réunion j’en avais marre de la chaleur et du soleil. Bon ça a bien changé depuis je regrette mon petit soleil et un peu de chaleur...

Le déclic

YM : Après une année de spécialité à Paris dans le calcul de Béton Armé Précontraint, j’ai été embauché comme ‘expat’ pour partir travailler dans une entreprise de BTP à la Réunion ! En parallèle de mon métier j’ai eu l’occasion de participer à des festivals de films à la Réunion qui m’on valu quelques petits prix, dont meilleur montage en 2008, et meilleur film en 2009 et 2010, au Zot Movie Festival . Ce fut le déclic pour enfin vivre ma passion ! Le marché local étant assez petit, j’ai donc quitté l’île et tout abandonné pour devenir réalisateur.

DB : J’avais l’impression à 22 ans que je connaissais tout, la découverte d’un autre pays m’a appris à être plus humble. L’expérience de la mobilité m’a permis de m’ouvrir à d’autres cultures, de découvrir une autre vie, de voir qu’il y avait des choses très différentes de ce que je connaissais.

Venir de la Réunion

YM : C’est selon moi un avantage, car cela suscite souvent la curiosité des gens et permet de créer plus facilement des liens. Un véritable atout pour quelqu’un de plutôt réservé.

Yann Mourier : tournage d’un documentaire en Australie

DB : L’avantage de venir de La Réunion, c’est que ça permet d’engager la conversation, moi qui n’était pas doué pour créer du lien... L’inconvénient, c’est que les gens pensent souvent que l’on a grandi sans électricité, sans eau, en grimpant aux arbres. Les gens se demandent aussi souvent pourquoi nous sommes blancs en venant de là-bas. On explique à chaque fois qu’à la Réunion, il y a des gens de toutes sortes, que nous sommes civilisés, que nous sommes dans l’océan indien et que l’on dit À La Réunion et pas en Réunion !

Les projets

YM : Mon travail avec mon ami d’enfance est une force car nous nous connaissons depuis tout petit et notre envie est de continuer à travailler sur des projets de plus en plus originaux et artistiques, à travers le monde. L’important pour moi est de faire ce que j’aime, car quand on aime on réussit mieux.

DB : Travailler dans le domaine de la publicité, sur des projets d’envergure qui nous passionnent. J’aime Paris pour notre travail, c’est ici que tout se passe. C’est une ville très dynamique où l’on rencontre des gens tout le temps et où on peut vraiment réussir. Après pour la vie de famille, ayant connu la mer, la montagne, la nature, j’aimerais vivre plus proche de la mer, avoir un climat plus clément pour donner à mon fils l’équivalent de la vie que moi j’ai eue étant jeune. Pour qu’il soit plus proche des éléments et pas enfermé dans le béton.

David Bègue

Les contacts avec la Réunion

YM : Ma famille étant toujours à la réunion, cela me donne l’occasion d’y retourner régulièrement pour évidement les revoir, mais aussi faire le plein de samoussas, carri, mangue, letchi… Avec David on nous surnomme souvent « les deux créoles » sur les plateaux de tournage : sans doute apportons nous un peu de chaleur humaine, et de joie de vivre qui réchauffent un peu l’hiver métropolitain !

DB : Mes parents qui sont toujours la bas, on se parle régulièrement sur skype. A Paris j’ai quelques amis réunionnnais qui sont mes amis que j’avais plus jeune à la Réunion. Dernièrement nous avons fait un tournage avec Daniel Narcisse et c’est vrai que cela fait toujours plaisir de retrouver des Réunionnais et de partager nos expériences, ou de causer un coup créole.

Ce qui vous manque

YM : Le surf me manque le plus, mais la présence de « très gros poissons » a mis un stop à mon activité lors de mes vacances. Et bien sur, comment ne pas saliver devant un bon rougail saucisse et une limonade COT bien fraiche !

DB : La nourriture me manque - les bouchons, samoussas - le climat me manque, la vie est un peu plus cool là-bas, un peu moins de stress...

+ d’infos : www.mohetin.fr / www.facebook.com/Mohetin-Studio-107068146037947

"Ce film est la concrétisation d’un projet de trois Réunionnais exilés en métropole et dont le but était de traduire leur sentiment d’appartenance à leur île. Un lien d’amour indestructible..."

Sur le tournage Oakley :




Yann : Durban High School
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