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Yéla (Marie Christine Daffon), gérante de Takamaka Boutik à Paris

Publié le 9 juin 2006

Mener parallèlement une vie d’artiste, de gérante d’entreprise et de mère de famille, c’est le défi relevé par Marie Christine après de longues années vécues loin de son île, à Paris. Gérante et chargée du développement de Takamaka Boutik, elle est également chanteuse de gospel, jazz et maloya. Elle produit ses albums au sein de CACM : Casa des Arts et Cultures du Monde. Le titre Dodosiya de son deuxième album Ma Kalou vient d’être repris sur une compilation du label anglais Network.

Marie Christine Daffon

D’où êtes vous à la Réunion ?

"Je suis originaire de la Ligne des Bambous à Saint-Pierre, 10ème d’une famille de 12 enfants. Mon milieu est modeste, mes parents ne sachant ni lire ni écrire. J’ai quitté l’île dans le cadre d’une mobilité avec l’ANT, pour suivre une formation de secrétaire à Paris".

Quel a été votre parcours ?

"Je suis arrivée dans un foyer de jeunes filles à Paris 13ème. J’ai trouvé du travail avant la fin de ma formation, dans un cabinet comptable d’assurance. J’ai voulu me spécialiser dans un corps de métier (entreprise de couverture et de plomberie), d’où à nouveau une formation. J’ai alors eu la chance de tomber sur une entreprise où une dame devait prendre sa retraite au bout de 18 mois. Je l’ai remplacée lorsqu’elle est partie".

Et ensuite ?

"Au bout de deux ans le patron me proposa de gérer une entreprise qu’il allait acheter. Le problème, c’est que j’étais enceinte de mon premier enfant. Après ma grossesse, j’ai réintégré l’entreprise mais la proposition n’était plus là. J’ai négocié un licenciement économique avec mon patron. J’ai eu une période de chômage où je me suis occupée de mon enfant et de mes activités artistiques en tant que chanteuse de gospel, de jazz, et de maloya sous le nom de YELA. En 1997 est sorti mon premier album "swing low sangolo", chez Night and Day éditions Frémeaux et associés".

...

"J’ai connu un drame, la mort de mon grand frère, très jeune à l’époque. Ce fut un grand choc, suivi d’une grosse dépression. Je pense que mon deuxième enfant né en 1998 tient de l’instinct maternel ou de survie. J’ai repris une formation à l’AFPA, puis au Cabinet Bègue et j’ai créé une première entreprise : Yela Mizik SARL (désormais CACM), société de production discographique et de vente d’artistes. Dans le cadre d’un partenariat avec Air Bourbon, j’ai rencontré Jean François Cadet, rencontre qui a donné lieu à la création de Takamaka Boutik".

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

"La famille, nos grandes fêtes familiales et religieuses, la qualité de la vie (même si on vit modestement), la mer..."

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

"Une meilleure connaissance de mon propre péi, son histoire, ses caractéristiques, car il suffit d’être loin pour se rapprocher un peu plus ; une meilleure objectivité d’opinion sur le monde ; la capacité d’aller plus loin sur le plan professionnel".

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de la Réunion ?

"Nous avons beaucoup de potentiel, tant matériel (technologique) qu’humain (savoirs). Dommage que cela ne soit pas toujours au service de notre devenir réunionnais..."

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

"Takamaka représente un petit bout de chez nous à Paris, par les objets que nous vendons. Chez moi, la Réunion c’est le visage de mon père, de ma mère, kayamb, rouler, mes cd’s, mes livres d’auteurs réunionnais, un tableau d’un grand artiste peintre réunionnais..."

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

"Considérez le fait d’être réunionnais comme une force, car notre capacité d’adaptation est nettement plus grande que celle de nos frères antillais. Etre ouvert tout en restant sur ses gardes, foncer en connaissant ses propres limites".

Lire aussi Rondes, comptines, berceuses de la Réunion : un CD de Yela

Retrouvez la Fiche Artiste de Yela sur Akout.com

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