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« Le gamin aux pieds nus », l’autobiographie de Maximin Chane Ki Chune

Publié le 5 février 2018

Extraits. Le fondateur du « Quotidien de la Réunion et de l’océan Indien » retrace son parcours, de son enfance orpheline dans un quartier pauvre de Saint-Louis, à la création du journal qui rencontre rapidement le succès. Une réussite professionnelle qui fait de lui un acteur économique important de l’île.


Quel destin ! Voici un gamin qui est parti de rien, dont l’enfance orpheline s’est traînée dans les rues poussiéreuses d’un des quartiers les plus modestes de Saint-Louis. Un gamin auquel un destin malchanceux promettait un parcours difficile... Aujourd’hui, l’ancien " enfant la misère " est patron d’une nuée d’entreprises qui font vivre, au bas mot, mille deux cents familles de La Réunion. Surtout, il a été le fondateur, lui, le fils d’immigrés qui n’a pas parlé français avant l’âge de vingt ans, d’un journal qui a révolutionné la manière d’informer — et de penser — à La Réunion : le Quotidien, c’est lui, c’est sa volonté, dès les balbutiements du projet, de donner la parole à tous, qu’ils soient fameux ou modestes. 

Modeste, il l’est resté. Plus que cela : secret. Et s’il sort du silence pour se raconter aujourd’hui, c’est afin de transmettre le message aux jeunes générations : oui, la réussite est toujours possible, à condition d’avoir des idées, de la ténacité et l’indéracinable envie de travailler...

Sorti en février 2018 : « Le gamin aux pieds nus » , de Maximin Chane Ki Chune, avec Daniel Vaxelaire, éditions Orphie, 175 pages : Commander en ligne pour 15 euros


Lire aussi :
Entretien avec Maximin Chane Ki Chune (février 2018)
Maximin Chane Ki Chune, fondateur du Quotidien de la Réunion (Interview)
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Extrait : « Il n’y a plus de grandes entreprises locales, simplement des succursales »…


Voici un extrait (page 170) de l’ouvrage de Maximin Chane Ki Chune :

« Ce qui me fait penser qu’au chapitre des regrets, il faut ajouter celui, très lourd pour La Réunion, du changement du contexte économique. Avant, il y avait de grosses entreprises. Tout le monde ronchonnait qu’elles appartenaient aux gros blancs, mais elles mobilisaient des capitaux réunionnais, qui étaient investis à La Réunion, et étaient dirigés par des chefs d’entreprises réunionnais.

Aujourd’hui, le territoire s’est complètement ouvert à des capitaux extérieurs. C’est bien dans l’immédiat, mais ça ne l’est pas dans la durée, car si les investisseurs profitent du contexte réunionnais quand la conjoncture est bonne, ils s’en vont dès que celle-ci devient moins favorable ! Et il n’y a plus de grandes entreprises locales, simplement des succursales de grands groupes, pilotés par des dirigeants salariés. L’avenir à long terme de l’île, ce n’est pas leur préoccupation majeure…

On pourrait dire la même chose pour ce qui concerne la défiscalisation. Elle a aidé un peu l’économie, c’est vrai, mais c’était un coup de pouce superficiel et éphémère. Il n’y avait aucune politique à long terme, les règles du jeu changeaient tout le temps. Comment est-ce qu’on peut planifier l’évolution d’un territoire dans ces conditions, le développement de sa population, la volonté de vouloir que j’évoquais tout à l’heure, le travail ? »

Toujours sur l’économie, voici le conseil que l’auteur donnerait aux jeunes (Page 168). « Tout d’abord, il faut distinguer les chefs d’entreprise et les dirigeants d’entreprises. Le dirigeant est quelqu’un qui peut être très formé, très diplômé, mais qui est un salarié destiné à gérer. Le chef d’entreprise est celui qui crée l’entreprise, qui y mise son argent, qui y engage sa vie ! Ce n’est pas du tout la même chose…

Quand j’observe le monde des chefs d’entreprise, à La Réunion ou dans le monde du CAC 40, je m’aperçois que beaucoup sont des autodidactes. Est-ce que cela voudrait dire qu’en suivant de longues études, on gagne beaucoup de connaissances, mais on perd l’audace de se jeter à l’eau ? Notre système n’encourage pas assez cette audace. On apprend trop les risques, on devient frileux. Dans une certaine mesure, on perd son innocence. Je l’ai déjà dit : je ne savais pas que bon nombre de mes projets étaient impossibles aux yeux des gens dits raisonnables, donc je me suis lancé. Il faut encourager ceux qui veulent se lancer, leur apprendre à nager plutôt que les étouffer sous les règles… » Et on laissera aux futurs lecteurs de ce « Gamin aux pieds nus » le soin de découvrir une conclusion dédiée à ses enfants…

Maximin Chane Ki Chune, fondateur, entouré de Carole Chane Ki Chune, présidente et son frère Boris, DAF.
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