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Hugo Froger, chargé d’innovation au Crédit Agricole à New York

Publié le 13 février 2018

Récompensé par un prix « Talent de l’Outre-Mer », ce Tamponnais surdiplômé (Sorbonne, Centrale Supelec et ESCP Europe) a reçu de nombreuses distinctions dont celle du Cercle des économistes 2015. Il exerce en tant que Chargé d’innovation en banque d’investissement aux Etats-Unis.


Pouvez-vous vous présenter ?

Hugo Froger, 27 ans. Je suis diplômé de Centrale Supelec et d’ESCP-Europe. Je travaille actuellement à New York comme chargé d’innovation au Crédit Agricole. J’aime l’escrime, l’écriture et la danse. Je suis originaire du Tampon.

Quel a été votre parcours de "mobilité" ?

J’ai choisi de quitter La Réunion après mon baccalauréat pour faire une classe préparatoire HEC à Sainte-Marie à Lyon. A mon arrivée en prépa, une liste des étudiants avec leur ville et lycée d’origine était affichée sur la porte de notre classe : « Hugo Froger, Lycée Roland Garros (Le Tampon) ». Certains camarades de promotion ont cru à un canular. Pour eux, Roland Garros était simplement un tournoi de Tennis et « Le Tampon » ne pouvait pas être un nom de ville. Dans ma prépa, la plupart des étudiants venaient de la région lyonnaise ou du Sud-Est de la France. Ma professeur de littérature nous appela, moi et les deux étudiantes venues d’Alsace et de Lorraine, « les expats »...

Que vous apporte l’expérience de la mobilité ?

Selon moi, chaque voyage ou installation dans une nouvelle ville est une chance de voir le monde d’un autre œil, de changer de perspective et de s’enrichir humainement. Mon arrivée en métropole à 17 ans a surement été le déracinement le plus difficile… Il m’a fallu un certain temps pour m’adapter.

Quels ont été les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion ?

Venir de La Réunion a pu être un handicap au début de mon parcours académique en métropole. Je n’avais pas forcément l’aisance à l’oral qu’avaient mes camarades de promotion, il y avait des créolismes dans mon français et certaines références culturelles me manquaient. Par la suite, j’ai compris que l’identité réunionnaise était aussi une force. Etre Réunionnais, c’est être tolérant, avoir une culture métissée et une forme de flegme.


Parlez-nous de votre vie à New York.

Les Etats-Unis ont été un vrai choc culturel pour moi. L’individualisme et l’économie de marché y règnent en maîtres, pour le meilleur et pour le pire. Toutefois, le pays m’inspire beaucoup : j’aime son cosmopolitisme, son dynamisme et ses « success stories ». Je trouve des similitudes entre la Réunion et les Etats-Unis : le multiculturalisme, la jeunesse du pays, les inégalités de richesse, la religiosité et une forme d’insularité commune. Je ne m’imagine cependant pas vieillir dans un pays où la santé et l’éducation sont des biens marchands. La vieille Europe et ses outre-mer ont ma préférence.

Quels sont vos projets ?

Je souhaite continuer à vivre des expériences professionnelles enrichissantes à l’étranger et créer mon entreprise dans quelques années. Une offre de travail intéressante pourrait me convaincre de rentrer à la Réunion. Plus vraisemblablement, quand j’aurai acquis suffisamment d’expérience hors de mon île et que j’aurai un projet d’entreprise mûr, je franchirai le pas !

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

Par rapport à d’autres territoires insulaires et ultramarins, je trouve que La Réunion est pleine de potentialités. La culture des grands projets est une force certaine de l’ile. La Réunion bouge et évolue. Je la redécouvre à chaque retour au pays. Cependant, on ne peut passer outre certains handicaps structurels comme le chômage des jeunes. Je pense que La Réunion gagnerait, comme le fait l’ile Maurice, à renforcer ses liens avec d’autres territoires de la zone comme l’Inde, la Chine ou l’Afrique du Sud pour bénéficier de la dynamique de croissance de ces pays émergents.

Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

Je suis toujours en contact avec mes amis d’enfance. Je suis surpris et impressionné par la diversité de leurs parcours : commercial au Canada, conseiller Pôle Emploi en Bretagne, chargé de développement économique à La Réunion ou cadre dans l’administration à Marseille... J’ai rencontré tout au long de mon parcours en métropole, au Mexique ou aux Etats-Unis des Réunionnais, Guadeloupéens et Martiniquais. Je suis heureux d’avoir pu rencontrer autant d’ultramarins travailleurs et ambitieux !

Quels objets de la Réunion avez-vous apporté dans vos valises ?

J’ai chez moi de gros stocks d’achards, de rhum et de confiture pays. J’ai également des cartes postales et des affiches de gouzous dans tout mon appartement.

Qu’est-ce qui vous manque de votre île ?

La langue créole et ses intonations. Les moukatages. Les « foutants ». Les samoussas. Les bouchons. La musique. Les caris. Les randonnées. La douceur de vivre. La culture métissée.

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

A New York, La Réunion est inconnue au bataillon. Seule trace dans le coin : il y a, au cœur de Manhattan, un bar ouvert par des surfeurs américains qui s’appelle « La Réunion ». On trouve dans le menu une sorte de sandwich pain de mie gratiné appelé « Le Américain » : très décevant !


Lire aussi : 14 Réunionnais Talents de l’Outremer 2017 / www.reunionnaisdumonde.com/r/1/Amerique-du-Nord (583 inscrits)

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