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Anne-Sophie Carron, organisatrice de mariage en région parisienne

Publié le 5 septembre 2018

Originaire de Bras Canot, elle a fondé après un Bac+5 l’agence Rose Porcelaine et a conçu une offre pour les créopolitains souhaitant se marier à la Réunion. Rencontre avec une « wedding planner » réunionnaise installée en métropole.

Article publié dans Objectif Emploi, supplément du Quotidien, le 15 novembre 2018 (cliquer pour lire)


Pouvez-vous vous présenter ?

Anne-Sophie Carron, bientôt 25 ans. Je suis née et j’ai grandi à Saint-Benoit, dans le quartier de Bras-Canot. Je suis la cadette un peu rêveuse d’une famille de trois enfants. J’ai eu un parcours scolaire assez classique, j’étais bonne élève. A 17 ans, je voulais « voir autre chose », je voulais « une autre vie », j’avais des rêves plein la tête. Après mon bac S, j’ai décollé direction Rouen pour l’INSA, une école d’ingénieur. J’ai vite pris conscience que ce n’était pas ce qui me correspondait et à la rentrée suivante (et non sans encombre) j’étais déjà à Paris.

Qu’avez-vous fait ?

Changement de voie totale : j’ai intégré l’EIML (Ecole Internationale de Marketing du Luxe), rêvant de faire de ma passion un vrai travail. J’y ai obtenu un bachelor en 2015 et un mastère spécialisé en 2017. Pendant cinq ans, à travers mes stages, il n’a été question que de prêt-à-porter, de robes hors de prix et de défilés. J’avais l’impression de réaliser mon rêve. Mais, après cinq ans ce fut la deuxième prise de conscience. J’ai réalisé que si j’aimais le travail et le produit, le monde de la mode ne correspondait pas à mon caractère, à mes valeurs, et à la vision de la vie moins naïve que celle que j’avais à 18 ans.


A la fin de mes études j’avais un Bac+5 en poche. La logique voulait que je cherche du travail dans le domaine dans lequel j’avais fait mes études. Mais j’ai décidé d’avoir un emploi qui puisse « servir la société » et plus seulement remplir les poches d’un PDG millionnaire. Quand on me demandait quel était mon travail idéal, je répondais toujours « wedding planner » sans réellement croire que je pouvais. Ma passion pour le mariage des autres est aussi ancienne que celle pour la mode, mais elle avait résisté aux années et à l’évolution de ma personnalité.

En décembre 2017, je me suis inscrite à une formation pour être wedding planner et depuis tout est allé très vite. Moi qui un an plus tôt ne me voyais pas du tout entrepreneure, j’ai créé l’agence Rose Porcelaine, basée en région parisienne et spécialisée dans l’organisation de mariages en France. J’ai également créée une offre spéciale d’accompagnement pour les créopolitains souhaitant se marier à la Réunion. Le nom de l’agence est une référence à la fleur. Il y en a beaucoup près de chez mes parents. J’en ai fait mon emblème et celui de ma définition du mariage que j’explique sur mon site.

Quels sont vos projets ?

Aujourd’hui mon projet est de faire décoller mon entreprise comme une fusée. Créer toujours plus de mariages, apporter toujours plus d’idées et de sérénité à mes futurs mariés. Quand j’ai créé mon agence, je voulais qu’elle bénéficie également aux Réunionnais de métropole comme moi. C’est pour cela que j’ai créé mon offre DOM et que je ne me suis pas arrêtée aux offres que je propose aux mariés métropolitains.


En quoi consiste cette offre DOM ?

Elle s’adresse aux originaires des DOM qui ont quitté leur terre natale, mais n’imaginent pas se marier ailleurs que sur l’île où ils ont grandi. La distance pose un réel problème dans l’organisation du mariage. Souvent, c’est la famille vivant sur place qui est mise à contribution, mais on ne veut pas mettre sur leurs épaules la responsabilité de l’organisation complète de son mariage. Être non seulement impliqué, mais aussi maître de l’organisation de son propre mariage est très important. Je leur propose donc de les aider à organiser leur jour J à distance, tout en respectant les traditions familiales. La distance ne doit plus être un problème pour se marier sur ses terres !

Parlez-nous de l’endroit où vous vivez.

J’habite dans une petite ville tranquille et assez aisée des Yvelines, à quelques minutes en transport du cœur de Paris. Je préfère vivre en banlieue pour son calme et son côté familial, mais proche de Paris pour avoir accès à toutes les activités de la capitale. Le style de vie est différent de la Réunion et la simplicité, l’accueil et le sourire des Réunionnais me manquent souvent. La région parisienne est composée de d’habitants d’origines variées et je pense que c’est une richesse.

Que vous a apporté l’expérience de la mobilité ?

Ancienne grande timide et peureuse de la vie, j’ai trouvé le courage de partir pour la métropole. J’ai gagné en maturité, en confiance en moi, je me suis dépassée. J’ai vécu et fait des choses dont je ne me serais pas cru capable en partant de mon île, comme devenir entrepreneure. Dans les moments de coup de mou, je me demande si ma vie aurait été plus facile si j’étais restée dans les jupes de ma mère. Peut-être, mais je n’aurais pas été la même personne qu’aujourd’hui...

Quels ont été les avantages / inconvénients de venir de la Réunion dans votre parcours ?

Venir de la Réunion n’a pas été un inconvénient, j’ai juste encore droit aux clichés et méconnaissances habituels sur les DOM. A l’école j’ai même eu droit à un magnifique « votre bac n’a pas la même valeur, il est plus facile ». Ça m’avait révolté à l’époque mais aujourd’hui ce type de remarques, je laisse couler... Un jour, un professeur a préféré me poser en priorité une question sur l’origine de mon accent plutôt que sur le projet que je venais de lui présenter. C’est vexant et pas du tout professionnel. Je ne sais pas si c’est un avantage mais à la mention « Ile de la Réunion », beaucoup de métropolitains me regardent comme si je venais du pays magique des licornes où la vie est facile !


Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

La Réunion a une image d’île paradisiaque où l’on vit constamment en vacances. Parfois j’hésite à briser leur rêve et leur dire que les Réunionnais ont aussi un travail, des enfants à nourrir, qu’il y a des embouteillages et un fort taux de chômage. En règle générale, ceux qui y ont fait du tourisme ont beaucoup aimé. Il y a aussi ceux pour qui Réunion égale requins et les rumeurs qui vont avec.

Quel est votre regard sur la situation socio-économique sur l’île ?

Grâce à internet, je me rends compte que de plus en plus de jeunes femmes réunionnaises ont pris la voie de l’entreprenariat. Les domaines sont divers : coiffeuses, événementiel, couturières, fleuristes, artisanat, boutique de prêt-à-porter… J’en suis très heureuse car j’ai toujours pensé que la femme naise a un grand potentiel. Leur réussite m’encourage beaucoup dans mes propres projets.

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

On me demande souvent si je préfère la métropole ou la Réunion, si ça ne me manque pas. Bien sûr que ça me manque, les paysages, le style de vie... Mais, ce qui manque réellement c’est la famille !

+ d’infos sur www.roseporcelaine.fr / www.facebook.com/AgenceRosePorcelaine


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