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Mikaël Guezelot, 38 ans, responsable d’un service social à Paris

Publié le 14 juin 2006

Né en Allemagne de parents réunionnais, Mikaël se considère "de nulle part". Malgré de fréquents voyages et trois ans de scolarité sur son île d’origine, il a principalement vécu en métropole. "Je fais partie de ces héritiers d’une culture qui ne savent pas vraiment d’où ils sont", confie Mikaël, qui est aujourd’hui responsable d’un service social dans un arrondissement multiculturel de Paris : le 19ème.

Mikaël Guezelot

Racontez-nous votre parcours.

"En fait, moi je suis de nulle part. Je suis né en Allemagne de parents réunionnais. Mon père était fonctionnaire et ma mère, femme au foyer. Nous étions de condition modeste mais n’avons jamais manqué de quoi que ce soit. Je suis allé à plusieurs reprises sur l’île, mais j’ai été élevé en métropole. J’y ai suivi ma scolarité, excepté trois années que j’ai passées à Saint-André et au Tampon. Je suis très content d’avoir vécu ces années à la Réunion, car cela m’a permis de me retrouver dans mes origines. Aujourd’hui mes parents demeurent dans le sud de l’île, à Manapany".

Et au niveau professionnel ?

"J’ai poursuivi mes études en banlieue parisienne et j’ai commencé à travailler en 1989 dans le milieu hospitalier. Parcours banal. Je suis devenu responsable d’équipe en 2002, au sein d’un service social d’une administration parisienne. Je travaille sur un arrondissement présentant un certain nombre de difficultés. Le 19ème est un quartier populaire ayant pour caractéristiques principales un nombre important de personnes bénéficiant de minima sociaux, un taux de chômage non négligeable et un des premiers parc locatif social de la ville. Sa population équivaut à celle d’une grande ville de province, à savoir 175 000 habitants".

Quels sont vos projets ?

"J’aimerais pouvoir tenter une expérience professionnelle à la Réunion, mais je ne sais pas si je m’y adapterais. En effet, je fais partie de ces héritiers d’une culture qui ne savent pas vraiment d’où ils sont. Mes parents me manquent, mais je ressens aussi cette déchirure de ne jamais me sentir vraiment quelque part chez moi. La mobilité en métropole fait partie de moi et je l’accepte comme une richesse, tout comme je retire de mon côté réunionnais une tolérance et un respect pour la différence".

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de la Réunion ?
"Je ne sais pas trop. Je crois qu’il y a beaucoup de forces vives. J’ai un profond respect pour ce qui s’y passe et pour les populations pour lesquelles la vie n’est pas facile".

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

"Une image positive excepté sur la question des animaux et de la pêche au gros. Dans tous les cas, c’est une image qui collera longtemps à l’île et je trouve cela dommage. En métropole cela a été présenté comme une pratique coutumière et cela me dérange".

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