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Nadia Payet, 25 ans, ingénieur doctorante dans l’Oregon aux Etats-Unis

Publié le 10 novembre 2007

Originaire de St-André, Nadia a "sauté la mer" après deux ans de prépa scientifique au Lycée Leconte de Lisle. Major de sa promo à l’école CPE de Lyon, elle poursuit a poursuivi ses études en France, en Allemagne et aux Etats-Unis.

Nadia Payet
Nadia est Lauréate d’un prix Talents de l’Outre-mer, remis en novembre 2007 au Palais de l’Iéna à Paris.

D’où êtes vous à la Réunion ?

"Je viens de Saint-André, où à peu près toute ma famille habite. Je viens d’un milieu plutôt classe moyenne, mon père étant contrôleur du Trésor et ma mère secrétaire médicale. J’ai obtenu mon bac S au Lycée Sarda Garriga à St-André en 1999. J’ai ensuite intégré la prépa scientifique au Lycée Leconte de Lisle à St-Denis pendant deux ans (MPSI puis MP) pour passer les concours d’entrée aux grandes écoles d’ingénieur".

Et ensuite ?

"J’ai intégré l’école CPE Lyon (Chimie Physique Electronique), où j’ai passé mes deux premières années d’études en mobilité. Je me rappellerai toujours que je n’avais pas un seul pantalon à l’époque. J’ai dû remplacer ma garde robe faite de jupes courtes et de shorts en collants, jeans et pulls. Le froid ne sera jamais vraiment un ami pour moi, j’adore le soleil de la Réunion qui me manque tant !"

Comment se sont passées vos études à Lyon ?

"J’ai fait partie du Bureau des Elèves de l’école. On organisait les sorties et les soirées de 900 étudiants ! C’était beaucoup de boulot à côté des cours, mais j’ai quand même réussi à finir major de promo chaque année et à m’amuser énormément à travers le BDE".

Avant un nouveau départ…

"Je suis ensuite partie un an en stage en Allemagne, à Munich, dans l’entreprise Infineon Technologies. Je travaillais dans un laboratoire de tests sur des cartes électroniques, et j’ai plus ou moins découvert la vie en entreprise pendant cette année-la. J’en ai profité pour parler allemand tout le temps, mais ce stage “payé” m’a surtout permis de visiter l’Europe : l’Italie, la Grande-Bretagne, la Hollande, l’Autriche, la Suisse… Munich restera toujours un excellent souvenir, que ce soit pour la neige pendant cinq mois d’affilée, les weiss-bier (bière blonde, spécialité locale) ou les curry wurst (saucisse allemande)… rires"

Nadia Payet

Ensuite direction les Etats-Unis !

"J’ai été acceptée dans un programme d’échange avec les Etats-Unis pour terminer ma troisième année d’école d’ingénieur. Je me suis envolée pour l’état de l’Oregon en 2004. J’ai découvert THE campus américain : tous les étudiants portant les couleurs de leur université, les dimensions pharaoniques de tout… Le “petit coca” de 1l, la taille “L” qui équivaut à un “XL” voire un “XXL” en France, les burgers surdimensionnés, bref tout ici est plus gros, plus grand, plus plus plus qu’en France. Pas que ce soit toujours mieux d’ailleurs, mais c’est quelque chose auquel on se fait rapidement. Quand je retourne à la Réunion, j’ai parfois des chocs culturels, surtout quand je commande un coca et qu’on me sert un verre a échelle humaine !"

Où en êtes-vous au niveau des études ?

"J’ai terminé mon cursus français en 2005 en obtenant mon diplôme d’ingénieur. Ayant reçu une proposition de Masters of Science à Oregon State University, je suis retournée aux USA pour une année supplémentaire. L’histoire veut que je me sois aussi inscrite pour un doctorat afin d’obtenir plus facilement une bourse sur place pour payer mes frais de scolarité. Et puis au bout de six mois, j’ai vite compris que je me dirigeais non pas vers un Master, mais bien vers un PhD, version américaine du doctorat français. Me voilà donc depuis trois ans à Corvallis, Oregon, avec encore deux ans devant moi pour terminer mon PhD".

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

"J’ai beaucoup voyagé et j’ai toujours soif de découverte. Ma mère a toujours dit en rigolant : “Nadia elle est jamais contente, elle veut toujours en savoir plus”, et je crois que ça résume bien ma personnalité. Bouger, voir ailleurs, c’est ce dont j’ai toujours rêvé, et ça m’apporte toujours énormément : une ouverture d’esprit, une vision différente des choses, un sens de l’adaptation aussi, parce qu’à 20 000 km de papa maman, il faut apprendre vite à se débrouiller tout seul".

Quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

"Les Etats-Unis, c’est immense. Et là où je vis, dans l’Oregon, c’est surtout connu pour les forêts et la pluie. C’est un des deux états américains à être dépourvu de TVA mais c’est surtout très vert et nature. C’est assez difficile de se faire des amis américains, vu qu’ils n’ont pas du tout la même vision de l’amitié que nous français. Mais au bout de trois ans, je commence à connaître du monde et à bien rigoler. J’adore travailler ici, la culture du travail n’est pas du tout la même et je trouve bien qu’on respecte tous les métiers, de la caissière au PDG de Nike".

Quels sont vos projets ?

"Une fois mon PhD en poche, je souhaiterais travailler dans le milieu du cinéma, où j’ai déjà fait “mon entrée” en faisant un stage cet été dans un studio d’animation du nom de Laika. J’ai beaucoup appris sur le métier que j’aimerais exercer plus tard, et cette expérience m’a permis de rencontrer des “pointures” dans le milieu des effets spéciaux et de l’animation. Une fois l’expérience acquise, je voudrais retourner en France (et si possible à la Réunion si les opportunités se créent) pour monter mon propre studio d’animation ou de pub. J’ai toujours rêvé d’être mon propre patron et j’aimerais tenter l’aventure le plus vite possible. Mais je sais qu’il faut d’abord que j’accumule de l’expérience professionnelle afin de réussir le lancement de mon entreprise".

Nadia Payet
En visite dans les studios Universal à Los Angeles.

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

"La famille en tout premier… J’aimerais tant pouvoir être près des miens et leur faire partager tout ce que je vis. J’adore aussi mon île et ses paysages, sa population de toutes les couleurs. Chaque fois que quelqu’un me demande d’où je viens, je m’empresse de dire que je viens de la plus belle des îles, la Réunion".

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

"Il faut que notre île se fasse mieux connaître, c’est un levier de développement. Trop peu de gens savent où est la Réunion et à quoi elle ressemble, alors que même ici au pays de l’Oncle Sam, les gens connaissent l’île Maurice ! Je ne manque jamais une occasion de montrer des photos sur le web aux personnes intéressées et elles sont souvent agréablement surprises par la beauté de notre île. Sinon je ne peux pas nier le haut pourcentage de chômage, mais je reste optimiste en voyant tous ces jeunes qui se forment, qui sont brillants, qui réussissent, et qui un jour feront profiter l’île de leur expérience".

Quels ont été les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion dans votre parcours ?

"Aucun inconvénient, que des avantages ! Les gens sont toujours très curieux et intéressés. C’est l’occasion de démarrer une conversation, surtout professionnelle, et ça aide les gens à se rappeler de vous plus facilement. J’ai toujours été fière de là où je venais et les gens savent apprécier ça aussi, dans n’importe quel pays".

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

"Voyagez ! Allez voir ailleurs ce qui se passe, ce qui se dit et comment les étrangers voient la France. C’est très instructif et ça permet de mieux apprécier notre pays quand on revient. Et ensuite, soyez fiers de votre île, parce que c’est vraiment un petit coin de paradis".

Que pensez-vous du site www.reunionnaisdumonde.com ?

"C’est super de pouvoir se dire qu’on n’est pas tout seul et de lire des parcours similaires au sien sur ce site. Il faudrait que plus de monde se connecte et mette des photos, qu’on puisse voyager à travers les histoires des autres".

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