Publicité

Colline Hoarau, une réunionnaise professeur des écoles en breton

Publié le 6 février 2019

Auteure prolifique de romans et livres pour enfants, elle s’est installée en Bretagne en 2012, où elle a passé une licence de langue régionale. Focus sur un parcours de vie qui fait le pont entre Réunion et Bretagne.


Pouvez-vous vous présenter ?

Colline Hoarau : Je suis née à Saint-Pierre et originaire de Petite-Ile. Mon père était agriculteur et ma mère directrice d’école. J’ai occupé des postes très différents : informaticienne, formatrice, chef de cabinet, responsable discriminations à SOS Racisme, directrice dans un office HLM, responsable d’associations d’insertion… Actuellement je suis professeur des écoles bilingue breton et auteure de livres (romans, livres pour enfants). Dans mes romans, je souhaite évoquer des lieux, des moments, des objets de mon île comme si je les fixais pour l’éternité. C’est l’occasion pour moi de voyager Et de faire voyager. Colline Hoarau est mon nom d’auteure. J’ai près de 400 homonymes avec mon vrai prénom (Nicole) !

Racontez-nous votre parcours.

J’ai quitté La Réunion en 1981 pour le Sud-ouest de la France. Ma mère rêvait de vivre en métropole. L’acclimatation a été compliquée pour moi. Ne plus vivre à l’extérieur, loin de la mer, reconstruire son réseau amical... A l’école, nous n’avions pas le droit d’ouvrir les fenêtres. J’avais un excellent niveau en français, ce qui rendait jaloux les autres élèves. Mais on ne comprenait pas que j’étais française.

Et ensuite ?

Je suis revenue m’installer à La Réunion bien plus tard pour quelques années avec mes deux filles. Il était important pour moi qu’elles connaissent La Réunion. J’ai ensuite bougé, découvrant plusieurs régions, pour des raisons professionnelles ou personnelles. Je suis installée en Bretagne depuis 2012. C’est une région que j’ai choisie et que j’apprécie particulièrement. D’ailleurs, j’ai plusieurs ancêtres bretons : des Mahé et des Huët au XVIIIème siècle.


Quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

J’adore La Bretagne, sa lumière, la langue que j’ai apprise depuis que je suis installée ici (six ans) Et que j’utilise au quotidien. Les Bretons sont ouverts et accueillants, surtout lorsqu’on apprécie leur région. Au-delà de mes écrits – romans, j’ai passé une licence de Breton après six mois de stage. J’enseigne cette année à Carhaix dans une classe multiniveaux Ce2 Cm1 Cm2.

Quelle est l’image de La Réunion là où vous vivez ?

L’image de La Réunion est bonne en Bretagne. Tout le monde connaît un Breton installé à La Réunion. Ils connaissent tous Danyel Waro. Ils adorent !

Qu’est-ce qui vous manque de votre île ?

L’air, La mer, La terre, les gens, La bienveillance, les plantes, enfin, tout... Mais pas tous les jours. J’ai la chance de pouvoir m’y rendre régulièrement. Je suis sûre que je revivrai au moins quelques mois par an à La Réunion plus tard.

Quels objets de la Réunion avez-vous apporté dans vos valises ?

Des fruits, des tisanes, tout ce qui me manque régulièrement, qu’on trouve partout sur l’île. J’ai des savates doigts de pied, mon pilon, des posters avec des photos de fruits et légumes, mon livre de recettes, des paréos. 


Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

Je suis heureuse lorsque je rencontre des Réunionnais dans des salons ou des séances de dédicaces. Je suis avec intérêt l’association Fest Kabar et suis heureuse de participer à leurs événements en Bretagne !

Que vous apporte l’expérience de la mobilité ?

La mobilité amène une certaine capacité d’adaptation. Je pense que c’est une chance d’être née dans une si belle île. J’ai l’impression d’avoir un regard et une ouverture peu communs. Il est en revanche difficile de quitter La Réunion pour vivre en métropole. La différence de climat, de nourriture, de culture sont difficilement imaginables et pas toujours faciles à vivre. Mais on apprend aussi à apprécier davantage notre île en s’éloignant...

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de la Réunion ?

Je suis optimiste même si un peu déconnectée, donc pas forcément réaliste. Je pense qu’il y a du potentiel de développement sans toucher à l’authenticité de l’île : sur le plan touristique, écologique…

Colline Hoarau a été interrogée en janvier 2019 par le magazine Capital : www.capital.fr/votre-carriere/reconversion-professionnelle-ces-cadres-vous-racontent-comment-ils-ont-franchi-le-cap-1324016


Voir aussi : www.reunionnaisdumonde.com/r/9/Bretagne-Pays-de-la-Loire (1 300 inscrits)

Publicité