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Nathalie Faucher, 24 ans, ingénieur volontaire du progrès au Mozambique

Publié le 26 mai 2007

Diplômée en Bioinformatique et Modélisation à l’INSA de Lyon, Nathalie occupe un poste de statisticienne à l’Institut National de Développement de la Pêche de Petite Echelle. Cette Possessionnaise travaille pour les petits pêcheurs du Mozambique, en tant que Volontaire du progrès depuis un an et demi.

Nathalie Faucher
"Je poursuis ma découverte du monde en Afrique, sur la terre de nombreux ancêtres réunionnais : le Mozambique".

Dans quelles conditions avez-vous été amené à quitter la Réunion ?

"Comme beaucoup de jeunes Réunionnais, je suis allée en métropole pour suivre une formation encore inexistante sur l’île (école d’ingénieur en 5 ans). J’avoue que l’envie d’évoluer dans un environnement différent, favorable aux échanges internationaux, et d’acquérir une pseudo-indépendance en dehors du cocon familial, ont fait partie de mes motivations pour quitter La Réunion".

Quel a été votre parcours ?

"A mon arrivée à Lyon, le fait de trouver au sein des résidences de l’école d’autres étudiants de régions éloignées, qui ne rentrent donc pas chez eux les week ends ou lors des petites vacances, m’a permis de tisser des amitiés avec des jeunes d’horizons divers. Depuis, même si le blues créole frappe de temps en temps, la curiosité m’a toujours poussé à visiter divers coins du globe, et je n’ai pas encore réussi à me réinstaller sur mon petit bout de terre natale".

Où avez-vous voyagé ?

"Ma soif de voyager et l’attirance pour la région sud américaine se sont satisfaites avec la possibilité de suivre dès la première année d’école une filière internationale : “Amerinsa”, dans une classe comportant la moitié de Français et la moitié de Latinos (Vénézueliens et Mexicains). J’ai aussi réalisé un stage ouvrier d’un mois au Venezuela. En fin de cursus, j’ai eu l’opportunité d’étudier une année au Brésil, m’ouvrant ainsi les portes du monde lusophone. Je poursuis aujourd’hui ma découverte du monde en Afrique, sur la terre de nombreux ancêtres réunionnais, le Mozambique".

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

"Une ouverture d’esprit, ainsi qu’un esprit critique. Ce sont les confrontations entre mentalités divergentes qui aident à se remettre soi-même en question, son éducation, sa culture. On s’enrichit des différences et de la diversité. Evidemment, c’est un processus long. Pour ma part tout reste à développer. Enfin : mobilité une fois, mobilité toujours ! Les voyages sont comme une drogue : plus on en fait, plus on en veut !"

Quels sont vos projets ?

"Découvrir encore plus d’horizons et acquérir de l’expérience dans le développement, la recherche et les technologies, à mettre par la suite au profit de la région Océan Indien".

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

"J’ai eu plaisir à trouver de nombreuses ressemblances entre les lieux où je suis passée et la Réunion. Je me suis sentie bien en Amérique latine entre autre grâce à un climat, une végétation, une gastronomie, un métissage, une culture qui s’apparentent aux notres. Mais la Réunion me manque toujours, la famille, les quelques bonnes amitiés qui y sont fixées, la beauté de l’océan et des montagnes, la facilité de passer de l’un à l’autre... et les letchis !"

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

"De manière générale je trouve que les Réunionnais ne sont pas à plaindre et ont de bonnes conditions de vie, mis à part la difficulté d’accès à l’emploi. Je suis préoccupée par la démographie galopante, dont les conséquences sont perçues lorsqu’on se ballade dans les zones “anciennement” rurales de l’île. Bientôt nous atteindrons le million d’habitants, et tous les flancs de montagnes accessibles seront en béton ! Je sais qu’il n’y a pas de solutions miracles, mais au moins pour la question du parc automobile, beaucoup d’efforts peuvent se faire en développant les transports en commun".

Quels ont été les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion dans votre parcours ?

"Durant mes études, mes origines réunionnaises ne m’ont pas particulièrement apporté avantages ou inconvénients. En revanche, si je travaille aujourd’hui avec les petits pêcheurs au Mozambique, c’est grâce aux accords entre la Région Réunion et l’Association Française des Volontaires du Progrès, qui favorisent la mobilité des jeunes Réunionnais dans la zone Océan Indien".

Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

"Au Mozambique nous sommes très peu de Réunionnais résidents. On se compte sur les doigts des mains, bien qu’on ne se connaisse peut-être pas tous. Quand on a connaissance d’un Réunionnais de passage, on essaie de le rencontrer".

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

"Au Mozambique la Réunion est peu connue, mais grâce à quelques échanges culturels et artistiques, les Mozambicains commencent à développer une certaine curiosité, et j’espère que c’est réciproque. Les liens existent, il suffit de noter comment certaines traditions mozambicaines (je pense surtout à la musique) sont ancrées dans notre patrimoine culturel et notre glorieux maloya. Bobre et kayamb ont d’autres noms ici : ce sont xitende et xikitse. Ou bien remonter quelques générations et se rendre compte que les négriers quittaient le continent entre autres depuis l’île du Mozambique. Les esclaves du type “yambane” indiquent ainsi leur provenance de la région d’Inhambane (prononcer “iniambane”) du sud du Mozambique. Certains ici trouvent étrange que les Réunionnais n’aient pas lutté pour leur indépendance contre le joug colonialiste, comme eux l’ont fait face aux Portugais jusqu’en 1975".

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

"Je comprends les jeunes qui préfèrent grandir sur l’île. Nous avons des conditions de vie très attirantes, et un rapport à la famille généralement très fort. Mais il y a tellement d’autres choses au monde à découvrir ! Après quelques années à l’extérieur de l’île, le recul pris donne l’opportunité de voir son propre patrimoine d’un oeil pseudo-étranger, peut être étrange au début, mais qui observe et comprend de façon nouvelle ce qui nous entoure. Comment se développe la Réunion ? Pourquoi ainsi ? Où sont les failles ? Quelles solutions ? Se rendre compte des similitudes et différences est source d’idées pour avancer. Cela porte un nom : Echange d’expériences".

Que pensez-vous du site www.reunionnaisdumonde.com ?

"J’apprécie beaucoup l’initiative, et j’ai l’impression que l’adhésion générale est positive. Petit à petit il couvrira une bonne partie des Réunionnais à l’étranger. J’espère que les profils feront rêver les jeunes et qu’ils se décideront à préparer leurs sacs à dos pour acquérir eux aussi une expérience en dehors de l’île".

Souhaitez-vous faire passer une offre d’emploi ou de stage sur le site ?

"Sans vouloir faire de la pub pour l’association qui nous recrute, ils y a plusieurs postes à pourvoir dans différents domaines en Afrique Australe et Mascareignes".

Le site de l’Association Française des Volontaires du Progrès : www.afvp.org Les volontaires du progrès réunionnais Brochure1 Brochure2

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