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Rodolphe Hoareau, animateur 3D sur Le Roi Lion

Publié le 2 septembre 2019

« Diplômé entre autres de l’Iloi, j’ai obtenu mon contrat du Roi Lion directement depuis la Réunion ! Direction les studios MPC à Londres, puis, depuis 2019 Montréal où je travaille sur le film Maléfique 2 ».


Pouvez-vous vous présenter ?

Rodolphe Hoareau, 24 ans, originaire de Sainte Suzanne. Je suis diplômé de l’institut de l’image de l’océan indien (2012-2015), de l’école de journalisme et communication de Marseille (2013-2015) et j’ai suivi un cursus à distance de l’institut Artline (Mastère 3D-VFX 2014 - 2017). Je suis de la première promotion de cette école très récente, avec laquelle j’ai participé au concours mondial The Rookie. J’ai un Master en tant que superviseur, une licence de communication et plusieurs certifications liées au domaine de la 3D. J’ai intégré le studio MPC Film à Londres pour le film du Roi Lion en janvier 2018. Depuis janvier 2019, je travaille pour Mill Film à Montréal en tant que « Creature FX artist / Technical animator » pour le film Maléfique 2. Ces entreprises sont des filiales du groupe Technicolor.

Racontez-nous votre parcours.

J’ai quitté l’île car mon métier n’existe pas là-bas, mais j’ai obtenu mon contrat du Roi Lion directement depuis la Réunion ! A la fin de mon cursus d’Artline, j’ai contacté une de mes mentors de l’Institut qui m’a transmis le contact d’un studio, alors à la recherche de profils. J’ai envoyé mon CV et un mois plus tard, j’ai obtenu un entretien qui a abouti à une réponse positive ! Il a fallu faire de longues démarches pour rassembler des fonds pour le voyage à Londres : Mission locale, Cnarm, prêt de la banque, etc. En étant un junior qui faisait ses premiers pas dans une grosse production, je dois bien avouer l’arrivée à Londres a été difficile. Je ne parlais pas un mot d’anglais et je n’aime pas trop cette ville qui est trop massive et stressante à mon goût. J’ai pris un long moment à m’y sentir bien, mais en même temps, je me sentais libre de mes choix.

L’équipe Techanim du Roi Lion au studio MPC

Pouvez-vous en dire plus sur votre travail ?

Sur la production du Roi Lion, j’ai travaillé en tant que Technical Animator (ou créature FX Artist, l’appellation peut varier selon les studios). De manière générale, ma mission consiste à corriger des animations sur des caractères en vue d’améliorer la qualité des interactions entre les mouvements des personnages et l’environnement. Ces corrections peuvent aussi bien porter sur des animaux (la fourrure par exemple) que sur l’environnement (comme des hautes herbes). Je suis également amené à travailler régulièrement sur de la simulation (de caractères ou d’environnement) dans le but d’apporter des propriétés physiques réalistes, tout en conservant un aspect artistique.

Que vous apporte l’expérience de la mobilité ?

L’expérience à l’international apporte une bonne maîtrise de l’anglais, énormément de contacts et de confiance en soi. Beaucoup de portes se sont ouvertes pour moi. La première fois que j’ai mis les pieds dans un studio de production -et c’était pour le Roi Lion !- j’ai adoré avoir à mes côtés une équipe de gens passionnés qui partageaient les mêmes centres d’intérêt que moi. A ce moment-là, j’ai su que j’avais choisi le bon métier ! Evidemment, sur le Roi Lion l’ampleur du projet a été un vrai plus, ça a été à la fois la plus belle des opportunités et un gros challenge que de pouvoir commencer ma carrière dans ces conditions professionnelles.



Où en êtes-vous aujourd’hui ?

Je me sens mieux à Montréal, la ville est beaucoup plus relaxante que Londres… sauf en hiver où les températures touchent les -40 en ressenti ! Pour la suite je souhaite voyager un peu partout dans le monde pour devenir plus mature socialement. Pour mes prochaines destinations, je vise Vancouver, l’Australie, Los Angeles... J’aimerais changer de studio régulièrement pour varier les expériences.

Quel est votre regard sur la Réunion, et q’est-ce qui vous manque de votre île ?

A la Réunion, les formations dans mon domaine restent généralistes. Or dans les grandes entreprises, on ne vous demande pas d’être bon partout, mais d’être excellent dans au moins un domaine en particulier. Ma famille proche, le paysage et la nourriture me manquent, le reste ne me manque pas réellement. S’il y a un projet d’envergure intéressant, je pourrais y revenir le temps du contrat. Ou pour enseigner : j’accepterais volontiers de former des gens à mon métier si j’ai un bon contrat.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes ?

Les équipes sur les films sont très mixtes. Par exemple il y a au moins une quinzaine de nationalités dans mon département. Donc l’anglais est indispensable. Je conseille vivement aux apprenants de travailler leur marque personnelle et leur réseau professionnel, que ce soit via les médias sociaux ou en physique, et ce, même lorsqu’ils sont encore à l’école !

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