Publicité

Le jour où… Nous avons appris à faire des pizzas en Italie

Publié le 7 octobre 2010

Suite du périple de Nirina et Rodolphe, deux marmailles la kour revendiqués, qui font le tour du monde depuis quatre ans, pratiquement sans budget, mais avec de la suite dans les idées. Carnet de voyage 6 : Le jour où… Nous avons appris à faire des pizzas avec tante Liana, à Gualdo Tadino, Italie.

copyright : Rodolphe Sinimalé
Rodolphe et Tante Liana.

Journal des aventuriers - septembre 2010 :

« L’air est merveilleusement frais et l’eau, incroyablement pure. Des fontaines, nombreuses et salvatrices, secourent le voyageur assoiffé tandis qu’au loin, des herbivores au manteau halé vaquent tranquillement à leurs occupations importantes : brouter, encore et toujours. Des conquêtes romaines, il reste ici les routes pavées chargées d’Histoire, quelques amphithéâtres centenaires remarquablement préservés ainsi que de somptueuses églises qui ont vu se marier des générations d’amoureux passionnés.

Nous sommes dans le centre de l’Italie, à Gualdo Tadino, dans l’Ombrie.
La région offre des paysages qui n’ont pas à rougir de la comparaison avec la grande sœur Toscane : verdoyantes et douces, les vallées captent la lumière du jour comme jamais. Fiers de leur agriculture, les villageois ont accueilli avec ferveur le mouvement Slow Food – une association internationale qui a vu le jour en 1986 et dont le but est de réhabiliter une gastronomie éco-régionale, c’est à dire une (bonne) cuisine réalisée avec des produits naturels issus du terroir – mouvement qui s‘est ainsi tout naturellement développé dans cette belle contrée.

Ici, on vit pour manger. Au menu : prosciutto pour l’Antipasti, pizzas comme Primo et pastas pour le… Secondo (Si, si). Si vous survivez – car, c’est bien connu, ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort - un caffe macchiato vous sera servi à point nommé pour vous réveiller de la colossale ingestion de carbohydrates soporifiques. Enfin, pour les plus aventuriers – ou plus gourmands, comme nous - une gelato artigianale ou un tiramisu viendra définitivement à bout des ardeurs gustatives des plus passionnés.

copyright : Rodolphe Sinimalé
Préparation de la pâte à pizza.

L’Italie est pour nous un « morceau de choix » (pardonnez-moi, je n’ai pu m’en empêcher cette insertion dithyrambique). Nirina a reçu de son grand père paternel un nom qui sent bon la méditerranée et l’huile d’olives : Donato (prononcez « Donaaato » en bougeant les mains et vous y êtes presque). C’est donc pour elle une expédition au cœur de ses racines méditerranéennes – un voyage initiatique diront certains.
Quant à moi, point de patronyme chantant mais une passion intense - un culte ! - pour les pizzas, que je nourris depuis fort longtemps. Je profite d’ailleurs de cette tribune pour saluer le talentueux et authentique – qui a dit fougueux ? - chef Tony, du restaurant « Il Giardino d’Italia », le meilleur italien de La Réunion (je parle du restaurant, évidemment), ainsi que son attentive et souriante équipe. Des années durant, nous nous sommes délectés de savoureuses Marguerita et autres Quattro formaggi, venant réveiller l’italien(ne) qui sommeille en chacun de nous. Nous dégusterons d’ailleurs cette spécialité - napolitaine - un peu partout dans le monde, que l’on soit à Koh Pangan en Thailande ou à Chicago aux Etats-Unis. Il est remarquable de constater que là-bas, les pizzas font des émules telles que des classements nationaux ont même vu le jour, faisant et défaisant au grés de la critique la réputation des plus grandes pizzerias...

La pizza. La piiizza. La Pizza, avec un grand « P » ! Pate fine, légère et croustillante à Rome, pate plus épaisse et délicatement moelleuse vers Naples, la pizza est le plus souvent cuite dans de magnifiques fours en pierre, dont l’allure ne dépareillerait pas dans un film de science fiction des années 70, avec ce dôme majestueux et la douce mélodie du bois qui crépite d’impatience.

Aujourd’hui, lundi 25 septembre 2010, Giada s’est arrangée pour nous concocter « La » surprise de notre séjour transalpin : une leçon très particulière avec pour thème « préparer sa pizza comme chez nous » ! Notre professeur de jour, Tante Liana, maitrise le sujet du bout de ses doigts robustes. Dans le petit village de Gualdo – 15.000 habitants les dimanches de fêtes – c’est une institution à elle seule…

copyright : Rodolphe Sinimalé

Nous nous levons donc ce matin enthousiastes mais épuisés de notre soirée précédente – je ne puis me rappeler la dernière fois ou j’ai mangé avec faim (souvenez-vous qu’ici, on mange des pizzas lors de l’apéritif). Dans cette charmante maison centenaire où nous sommes reçus, Tante Liana et nièce Giada nous accueille avec des olives du jardin et de la mozzarella fraîche. Je croyais connaître la mozzarella. Je me suis gravement trompé. Insipide au possible chez nous, j’aime l’utiliser en salade ou fondue dans des quiches, pour sa texture si particulière, à la fois fondante et délicatement caoutchouteuse. Mais là… Mamamiiiaaa ! C’est l’explosion de saveurs pour tous les palais, avertis ou non ! Que de parfums ! Soudainement frappé d’amnésie culinaire, je me demande comment je pourrai jamais me remettre de cette expérience… extra-sensorielle.

Notre cours commence par une présentation minutieuse des produits que nous allons utiliser, tous issus du terroir. Votre serviteur se fait évidemment un devoir de valider la qualité de la production et, là encore, je n’en reviens pas. C’est comme si je n’avais jamais mangé auparavant de parmesan, encore moins de basilic ou même de tomates. A chaque bouchée, c’est l’émerveillement amusé de l’enfant qui fait ses premiers pas. Gorgé de soleil et d’amour, je ne souhaite qu’une chose : remonter le temps et profiter, l’espace d’un nouvel instant, de mon ignorance gustative afin de réitérer l’expérience, encore et encore (à ce stade donc, on ne goute plus, on expérimente).

Puis c’est le cours de chimie, bien italienne : chauffer un peu l’eau – « A quelle température ? » « Ma, que ! » - y dissoudre la levure avec un peu de farine et laisser reposer quelque temps - « Combien de temps ? » « Ma, que ! » - ajouter le reste de farine et travailler l’ensemble avec vigueur et rigueur, avec tendresse et nonchalance. Pas de théorème compliqué cependant. Vous le comprenez vite : ici, tout est dans le cœur. S’il y a de l’amour, beaucoup d’amour, alors ce sera bon, très bon.
Pour la sauce, nous aurons droit à la « Spéciale » : chair de tomates fraîches délicatement écrasées en purée, quelques feuilles de basilic, de la fleur de sel et de belles et généreuses cuillères à soupe d’huile d’olives - les choses simples sont définitivement les meilleures.
Le four-vaisseau-spatial nous attend fermement. Encore quelques minutes d’intense cuisson et nous serons prêt à partager l’un de nos plus beau repas.

Pour réussir une vraie pizza comme Tante Liana, il vous faudra donc : un grosse pincée de cœur, des larmes de rires, un bon kilo d’amour, quelques décilitres de générosité et… de la vraie mozzarella, ma que ! »

A suivre…

Lire aussi :
Aventuriers réunionnais de la mobilité : ils font le tour du monde…
- Episode 1 : Le jour où... Nous avons traversé le Japon sans un rond
Episode 2 : Le jour où… Nous avons fêté l’Independance Day à Chicago
- Episode 3 : Le jour où… J’ai fait une retraite dans un monastère bouddhiste thaïlandais
- Episode 4 : Le jour où… Nirina a fêté son anniversaire au Mont Cook en Nouvelle Zélande
- Episode 5 : Le jour où... Nous avons conduit un scooter à Saigon
- Episode 7 : Le jour où… Nous avons partagé des gâteaux dans la rue à Barcelone
- Episode 8 : Le jour où… J’ai dormi chez un chauffeur de taxi en Inde
- Episode 9 : Le jour où… Nous avons rencontré un couple de Réunionnais en Australie
- Episode 10 : Le jour où… Nous nous sommes faits arrêter par une fausse milice à Madagascar
- Episode 11 : Le jour où… Nous nous sommes faits arrêter par une fausse milice à Madagascar 2/2
- Episode 12 : Le jour où… J’ai rencontré ma famille mondiale (1ère partie)
- Episode 13 : Le jour où… J’ai rencontré ma famille mondiale (2e partie)
- Episode 14 : Le jour où… Nirina partagea un moment lyrique
- Episode 15 : Le jour où... j’ai rencontré le maître de méditation américain Alan Wallace
- Episode 16 : Le jour où… J’ai visité le PIA Mind Centre en Thaïlande
- Episode 17 : Le jour où... j’ai rencontré Matthieu Ricard, moine bouddhiste et écrivain
- Episode 18 : Rodolphe et Nirina : plaidoyer pour le sourire
- Episode 19 : Le jour où... J’ai fait goûter le gâteau patate partout dans le monde
- Episode 20 : Le jour où… J’ai pris le temps de vivre à Madagascar
Aventuriers réunionnais de la mobilité : l’heure du retour
Les secrets du voyageur : sourires, réseaux et partage
Rodolphe et Nirina, l’interview

Joindre Rodolphe et Nirina : [email protected]

copyright : Rodolphe Sinimalé
Publicité