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Le jour où… J’ai rencontré ma famille mondiale (1ère partie)

Publié le 20 novembre 2010

Suite du périple de Nirina et Rodolphe, deux marmailles la kour revendiqués, qui font le tour du monde depuis quatre ans, pratiquement sans budget, mais avec de la suite dans les idées. Carnet de voyage 12 : Le jour où J’ai rencontré ma famille mondiale (1ère partie).

Copyright : Rodolphe Sinimalé
Rodolphe entouré par deux hôtesses de Air Asia.

Journal des aventuriers – Novembre 2010 :

« Bangkok, un matin de novembre. Dans la longue et étroite ruelle colorée où je m’aventure quotidiennement – j’aime y voir les gens manger des brochettes de poisson à la citronnelle, des salades de papayes vertes trop épicées, des pad thaï brulants aux saveurs infinies, juste voir ces gens assis ensemble et sourire au temps qui passe – je suis soudainement interpellé par une effluve familière et immédiatement reconnue : c’est celle du feu de bois !

Je plonge pour de bon dans mes souvenirs d’enfance, à Cilaos : ma grand-mère aimait par-dessus tout cuisiner de cette manière, au grand air et entourée par les majestueuses montagnes vertes et protectrices du cirque. Ses carris poulet et autres riz-maïs avaient alors le gout délicatement fumé et boisé, un délicieux parfum d’insouciance et de nostalgie. Je me revois encore courir entre les immenses rochers derrière la vieille case en tôle, lors d’interminables après-midi de jeu. Le soir venu je me rendais, fatigué et heureux, à table pour le diner. Je revois parfaitement Mémé, belle et pensive, le visage clair et blanc, parcouru par d’extraordinaires et interminables rides qui racontaient une vie simple. Elle mastiquait à n’en plus finir un petit morceau de viande puis, remarquant ma curieuse admiration, se mettait à rire. Elle avait perdu toutes ses dents depuis bien longtemps !

Alors oui, je le sais, j’ai déjà posé ces mots sur le papier afin d’être sûr qu’ils ne s’envolent pas et restent là, à jamais. Mais je ne cesse pourtant de le répéter : tous ces gens, ceux que j’ai rencontrés au cœur de Cilaos et ailleurs sur ce chemin mondial, sont la source inépuisable de mon apprentissage et de mon inspiration. Grace à eux, ces frères et ces sœurs de tous les continents, ces pères et ces mères aimants, je vis, j’apprends et grandis.
Plus j’avance dans cette quête et plus je réalise à quel point nous sommes tous si semblables, minuscules et courtes étincelles de vie pris dans un tourbillon infini et universel, à la recherche d’un bonheur que l’on rêverait durable. Même si nos cultures nous séparent – une langue, des normes, des habitudes – ou que nos idées divergent, je sais que personne ne souhaite intrinsèquement être malheureux.

Aujourd’hui, j’ai demandé à cette famille mondiale – des Allemands, des Japonais, des Américains, des Thaïlandais ou encore des Italiens – de partager avec nous, avec vous chers lecteurs, les raisons qui les poussent à vivre leurs rêves de voyage, quitte à s’affranchir des barrières sociales intimidantes et vivre plus intensément le moment présent. Voici des mots remplis de sincérité, des mots puissants. Des mots qui, je l’espère ardemment, ferons échos dans le cœur des Réunionnais.

Sabrina Lovino

Copyright : Rodolphe Sinimalé
Nirina et Sabrina mangent du Nato à Tokyo.

Nous avons rencontré cette blonde et aventurière berlinoise un soir juillet, à Perth en Australie. Nous surfions alors un même « couch », et avons immédiatement sympathisé autour d’une aérienne mousse au chocolat (je m’étais mis en tête de réaliser un échange culturel et gastronomique avec notre nouvelle bande d’amis). Comment ne pas se lier d’amitié avec Sabrina, elle qui a traversé seule et durant 433 jours, près de 27 pays entre Asie, Australie, Amériques et Moyen Orient ?

"Ich reise um zu leben. Um mich selbst zu finden. Man lernt soviel über sich selber. Reisen hat mich stärker gemacht. Ich habe mich nie einsam gefühlt. Ich habe Freunde fürs Leben gefunden. Einige haben mich schon in Berlin besucht.
Die meisten Leute verschwenden ihr Leben mit großartigen Träumen und am Ende machen sie nichts davon ! Geh reisen ! Wenn Du alt bist, bereust Du mehr die Dinge, die du NICHT getan hast als die Dinge die du getan hast.
Manchmal muss man sich erst verlieren, um sich selbst wieder zu finden."

« Je voyage pour me sentir vivre. Pour me trouver, savoir qui je suis. J’ai tellement appris sur moi-même. Voyager m’a rendu plus forte. Je ne me suis jamais sentie seule. J’ai même trouvé des amis pour la vie. Certain d’entre eux sont déjà venu me voir chez moi, à Berlin.
La plupart des gens passent à coté de leur vie avec de beaux et grands rêves mais à la fin, ils n’en réalisent aucun. Alors allez-y, voyagez ! Lorsque vous serez plus vieux, vous regretterez plus les choses que vous n’avez pas faites que celles que vous avez accomplies. Parfois, il faut savoir se perdre un peu afin de pouvoir se trouver ».

Minami Ueda

Copyright : Rodolphe Sinimalé
Nirina, Minami et Rodolphe.

Trois consonnes et trois voyelles qui, en japonais, signifient “sud”. J’ai toujours aimé le sud. Que ce soit le sud de la Réunion, le sud de l’Europe ou encore le sud de la planète, beaucoup me rejoindront sur ce qu’évoque le sud : le doux parfum des vacances et de l’amour, la promesse d’une vie meilleure.

Outre le fait d’être une jeune femme à la générosité incroyable, Minami nous a littéralement sauvé la mise un jour de septembre, alors qu’une tempête s’abattait violement sur la mégalopole Tokyo, et que les deux Réunionnais voyageurs ne savaient où aller…

« 両親は常に外に目が向いている人達だったので、そんな2人の元で育った私も子供の頃から自然と海外に興味を持っていた。けれど実際の東京郊外での生活は、 日本人以外の人ともオーセンティックな外国文化ともなかなか交じり合うことが出来ないもので、海外の文化へ思いを馳せれば馳せるほどそれがそのままフラス トレーションへと変換されてしまうという子供時代だった。十代後半から時間とお金さえあれば旅行に出かけるようになった理由の大元は、この子供時代のジレ ンマなのかもしれない。そして、旅行に行く度にいつも思うのは、子供心に抱いていたある意味盲目的な異文化への憧れは、やはり正しかったということだ。未 知の文化を身をもって体験することから得られるインパクトは、何にも代えがたい魅力と中毒性がある。それを子供の頃の自分は本能的に知っていたのだと思 う。夢にすら出てきたことがなかった食べ物、音楽、匂い、言葉、そして人――だが出会ったその瞬間に恋に落ちてしまったそれらが、これまでにどれだけあっ ただろうか。そして、そんな要素がまだ世界中に無限に存在しているかと思うと、私の心は休むことなく次の旅の行き先へと歩き出してしまうのだ。 »

Parce que mes parents ont toujours été très ouverts j’ai, toute petite déjà, commencé à être attirée par de nouvelles cultures. Mais ma vie quotidienne dans la banlieue de Tokyo me permettait difficilement de rencontrer des étrangers et par conséquent, d’expérimenter d’autres cultures. Plus je portais d’intérêt envers ces nouvelles cultures, plus je me sentais frustrée par ma réalité. C’est cette frustration qui m’a poussé à voyager dès la fin de mon adolescence, qui m’a donné envie de voir de nouveaux endroits et de rencontrer des gens.

Où que je voyage, je finis toujours par penser que mon adoration enfantine (et presque aveugle) envers ces cultures inconnues a été très rationnelle. Vivre de telles expériences apporte une profonde satisfaction et un épanouissement qu’on ne peut remplacer par quoi que ce soit. J’avais déjà du le ressentir, étant enfant.

En rédigeant cet article, je me souviens de toutes les choses que j’ai pu vivre durant mes voyages. Il y en a tellement - la nourriture, la musique, les parfums, les langues et bien sûr, les gens. Toutes ces choses dont je n’avais jamais entendu parler auparavant - ni même rêvé l’existence ! - et dont je suis immédiatement tombée amoureuse. Aussi, je me pose la question : combien de choses dans ce monde me reste-t-il à découvrir ?
Je pense que la réponse est évidente. Je ne peux cesser de voyager parce que je sais qu’il y aura des millions de nouvelles choses que je ne connais pas encore aujourd’hui mais dont je vais tomber amoureuse dès que je les aurais rencontrées ».

Aim-On (Piriyapanish)

Copyright : Rodolphe Sinimalé
Aim avec une fausse moustache !

Un sourire ravageur et un cœur en or : une équation explosive pour notre sœur qui a grandi dans l’un de nos pays favoris, la Thaïlande.
Nous nous sommes rencontrés dans un parc à Bangkok et depuis, nous ne nous sommes plus quittés. Nous nous retrouverons même en Espagne pour déguster des tapas et faire ensemble des photos des œuvres du Maitre Gaudi.

« การท่องเที่ยวเปรียบเสมือนการค้นหา ไม่เพียงแต่สิ่งต่างๆ รอบโลก แต่รวมถึงความหมายแห่งตัวตนของฉัน มีคนกล่าวไว้ว่า การท่องเที่ยวไม่ได้มีเพียงจุดหมายปลายทาง หากแต่รวมถึงสิ่งต่างๆ ระหว่างการเดินทาง ฉันเห็นด้วยอย่างยิ่ง ฉันรักในการพบเห็นวัฒนธรรมใหม่ๆ ลิ้มลองอาหารใหม่ๆ และที่สำคัญที่สุดคือ การได้รู้จักเพื่อนใหม่ๆ ซึ่งเพื่อนใหม่เหล่านี้ยังได้แนะนำฉันให้ได้รู้จักกับเพื่อนๆ ของพวกเขาภายหลัง และมันกลายเป็นมิตรภาพที่เติบโตอย่างไม่มีขีดจำกัด แม้แต่ตอนที่ฉันอยู่ในประเทศไทย พวกเขาก็นำโลกมาให้ฉันรู้จักผ่านเรื่องราวการเดินทางของพวกเขา และนั่้น... คือเหตุผลที่ฉันหลงรักการเดินทาง »

« Voyager, c’est découvrir. Non seulement les choses de ce monde, mais aussi et surtout ce qu’il y a en moi. Quelqu’un a dit très justement que ce qui importe le plus dans le voyage, ce n’est pas tant la destination mais bien ce que nous rencontrons sur le chemin. Je me retrouve parfaitement là-dedans. J’aime aller à la rencontre de nouvelles cultures, essayer de nouvelles nourritures et, plus que tout, me faire de nouveaux amis. Ce cercle d’amis s’agrandit même constamment, grâce aux amis d’amis ! Même lorsque je suis en Thaïlande, ces compagnons ramènent leur monde ici et ils me font alors voyager au travers de leurs aventures. C’est pour toutes ces raisons que j’aime tant le voyage ».

A suivre... (La suite de cet épisode la semaine prochaine)

Lire aussi :
Aventuriers réunionnais de la mobilité : ils font le tour du monde…
- Episode 1 : Le jour où... Nous avons traversé le Japon sans un rond
Episode 2 : Le jour où… Nous avons fêté l’Independance Day à Chicago
- Episode 3 : Le jour où… J’ai fait une retraite dans un monastère bouddhiste thaïlandais
- Episode 4 : Le jour où… Nirina a fêté son anniversaire au Mont Cook en Nouvelle Zélande
- Episode 5 : Le jour où… Nous avons conduit un scooter à Saigon
- Episode 6 : Le jour où… Nous avons appris à faire des pizzas en Italie
- Episode 7 : Le jour où… Nous avons partagé des gâteaux dans la rue à Barcelone
- Episode 8 : Le jour où… J’ai dormi chez un chauffeur de taxi en Inde
- Episode 9 : Le jour où… Nous avons rencontré un couple de Réunionnais en Australie
- Episode 10 : Le jour où… Nous nous sommes faits arrêter par une fausse milice à Madagascar
- Episode 11 : Le jour où… Nous nous sommes faits arrêter par une fausse milice à Madagascar 2/2
- Episode 13 : Le jour où… J’ai rencontré ma famille mondiale (2e partie)
- Episode 14 : Le jour où… Nirina partagea un moment lyrique
- Episode 15 : Le jour où... j’ai rencontré le maître de méditation américain Alan Wallace
- Episode 16 : Le jour où… J’ai visité le PIA Mind Centre en Thaïlande
- Episode 17 : Le jour où... j’ai rencontré Matthieu Ricard, moine bouddhiste et écrivain
- Episode 18 : Rodolphe et Nirina : plaidoyer pour le sourire
- Episode 19 : Le jour où... J’ai fait goûter le gâteau patate partout dans le monde
- Episode 20 : Le jour où… J’ai pris le temps de vivre à Madagascar
Aventuriers réunionnais de la mobilité : l’heure du retour
Les secrets du voyageur : sourires, réseaux et partage
Rodolphe et Nirina, l’interview

Joindre Rodolphe et Nirina : [email protected]


Rodolphe Sinimale is a traveler, meditation teacher and writer.
In 2006, he left his position and sold out every little thing to focus entirely on the spiritual path. His search has led him all over the world - from Madagascar to Vietnam, from New-Zealand to Japan, from USA to Thailand – in order to learn, to give and to share.

Rodolphe Sinimale holds a M.B.A in Human Resources Management, from the Paris Graduate School of Management, France.

Amis de voyage (rencontrés en Asie)

Copyright : Rodolphe Sinimalé
Amis de voyage à Tokyo.
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