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Le jour où… Nirina partagea un moment lyrique

Publié le 7 décembre 2010

Suite en poésie du périple de Nirina et Rodolphe, deux marmailles la kour revendiqués qui font le tour du monde depuis quatre ans, pratiquement sans budget, mais avec de la suite dans les idées. Carnet de voyage 14 : Nirina se raconte en trois poèmes.

Nirina

Journal des aventuriers – quelque part entre 2007 et 2010 :

« Ceux qui me connaissent savent qu’il m’est difficile d’avoir - illico presto - les mots justes pour définir ma pensée. Mes neurones ont tendance à s’emballer et finissent par bousculer aléatoirement l’influx nerveux de mon cerveau.

J’ai alors souvent préféré me cacher derrière, imaginant une barrière entre le monde extérieur et moi-même. Et dans ce nouvel univers, j’ai rencontré la poésie. On s’est apprivoisé et depuis, j’apprends à appréhender la vie comme poème, rimant les joies avec les peines.
Aujourd’hui c’est donc naturellement que je m’introduis dans ce carnet de voyage tout en poésies.
Partir vivre ses rêves ne plait pas forcement à tout le monde. Il est parfois difficile de se sentir compris.
Il fallait donc que je l’écrive et que j’explique qui je suis, pour que l’on comprenne ce que je vis.

Et puis il y a la distance physique et morale, la mort à laquelle chaque jour on échappe, qui nous fait réaliser à quel point il est important de partager ce que l’on ressent avec les gens que l’on aime.

Enfin, il y a tout simplement la magie du Voyage, qui me réveille la nuit pour écrire ces quelques mots de poésie…

copyright : Rodolphe Sinimalé
Comment ne pas être inspirée lorsque l’on assiste à un tel spectacle - Phagan, Thailande.

Elle

Nostalgique d’un passé recomposé
Et de son futur idéalisé
Le présent ne semble pas compter, comme irréel, infondé
Elle passe son temps à rêver

Mélancolique,
Elle s’est jetée dans les vagues lyriques
Et se noyant trop souvent dans le dramatique
Elle s’est éprise de ces courbes pathétiques

Lunatique,
Elle fait voyager ses lubies
Remontant ainsi la rivière de ses rêves longtemps endormis
Elle s’enfuit de cette prison dorée qu’est la société, aujourd’hui

Bien sûr son chemin leur est incompris
Cœur serré, elle s’étouffe dans la nuit
Se réveillant en sursaut
La poitrine comme dans un étau

Il y a ton regard pourtant
Qui semble me crier le contraire
Même si tes mots veulent se taire
Parce que tu dois jouer ton rôle de père

J’ai l’impression que tu me comprends
Que dans ta vie tu en as fait autant
Que tu regrettes parfois d’avoir consenti à suivre les traditions
Dis-moi que j’ai raison

copyright : Rodolphe Sinimalé
Un moment privilégié entre père et fille - Saigon, Vietnam.

Correspondances

J’ai pour habitude de capturer des images
De mon passé et de ce qui sera mon bref passage
Et d’en extraire des odeurs, des sons
Pour que ce sentiment voyage au gré de mes tourments

Il me rend certes nostalgique
N’aidant pas à guérir les vertiges de mon cerveau
Mais au moins a-t-il le mérite d’apaiser mes maux
Je les conserve alors comme on vénère des reliques…

Et souvent, je me surprends devant l’écran de mes souvenirs
À me repasser les scènes de la vie
J’y vois nos fous rires
Remède à mes diverses inappétences
J’y vois notre attrait pour la culture, la poésie et les mots,
Solution semble-t-il pour soulager l’existence
J’y vois notre subtil goût pour les bonnes choses
Nourrissant les plaisirs instruits de mon ego
Je revois tout simplement

Je regrette de ne pouvoir te l’exprimer davantage
Alors je te partage avec l’entourage
Leur contant tes défauts d’enfants et tes qualités d’adultes
Ainsi que les fresques de ton personnage
Fière, je te raconte tout simplement,

Ton héritage a façonné ma perception
Mes idées et mes innombrables questions
Ce regard perdu dans l’errance
Cette mélancolie, aussi, comme une évidence

Et pourtant il me manque des morceaux de ton histoire
Ton pays, ta culture, ta vie et tes idées noires
« Tes petits bonheurs et tes grandes douleurs »
Pour assouvir les lacunes de ma mémoire

Il me plaît de croire que l’écriture est, telles les larmes d’Andrew Wiles
Un accomplissement
C’est donc une correspondance que je te propose aujourd’hui
L’art de figer le temps et les émotions
L’art de se souvenir, tout simplement

copyright : Rodolphe Sinimalé
Le coeur possède des portes qui s’ouvrent sur l’infini -Hollande.

Le voyage

C’est comme un coucher de soleil
Un amalgame de couleurs attirant mon éveil
Un horizon perdu dans cette confusion
Un océan troublé par son reflet, comme une résurrection

C’est comme ces étoiles filantes, improvisées
Au hasard d’un regard
Le temps d’une seconde rare
Un instantané, finissant par me hanter

C’est comme la courbure de l’espace temps
Déviant les itinéraires
De milles et une lumières
Jouant des tours au temps, et le faire écouler lentement

C’est comme tous ces oiseaux
De l’aigle au plus fragile des moineaux
Libre d’être libre, de s’envoler vers d’autres réalités
Pénétrant la force du vent et respirer l’air qui lui plaît…

Nirina


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Les secrets du voyageur : sourires, réseaux et partage
Rodolphe et Nirina, l’interview

Joindre Rodolphe et Nirina : [email protected]

copyright : Rodolphe Sinimalé
Un lampion fou dans le ciel d’Osaka, Japon.
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