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Ryaz Daoud, 22 ans, étudiant en dernière année de Centrale Paris

Publié le 18 février 2006

Après deux années de classe prépa scientifique au lycée du Butor, Ryaz Daoud Aladine intègre la prestigieuse Ecole Centrale Paris. Créée en 1829, cette école d’ingénieurs dite "généraliste" (on y apprend de nombreux métiers différents) a vu passer dans ses rangs quelques célèbres inventeurs français. Ryaz, lui, s’est spécialisé dans l’option "Energie". Fils de commerçants dionysiens, ce futur ingénieur centralien fera son stage de fin d’études en Allemagne, dans l’énergie nucléaire.

Ryaz Daoud
Ryaz entouré de deux amies dans un bar parisien.

Dans quelles conditions avez-vous quitté la Réunion ?

"Lorsqu’on fait une prépa, on n’a pas trop le choix : pour devenir ingénieur, il faut partir au bout de deux ou trois ans découvrir la métropole ! Personnellement, je suis très content d’avoir fait mes deux premières années d’études sur l’île. J’avais par la suite très envie de découvrir d’autres horizons, et le départ "forcé" pour Paris venait à point nommé".

Comment s’est passée votre arrivée en métropole ?

"L’installation n’a pas été difficile, car l’Ecole dispose d’une résidence réservée à ses élèves. En plus, j’ai la chance d’avoir de la famille à Paris, notamment mon frère. Une fois sur place, je n’avais qu’une envie : bouger encore plus ! J’ai pu être membre d’une association d’étudiants européens. Cela m’a permis de découvrir à peu de frais pas mal de pays, en particulier la Hongrie et la Pologne. Comme beaucoup, j’ai souffert du froid au début et au bout du compte, comme toute chose, on s’y habitue... La plupart de mes meilleurs amis sont en métropole, à Paris mais aussi à Marseille, Bordeaux, Montpellier. D’autres sont à l’étranger, et la magie d’Internet nous permet de rester en contact très facilement".

Quels sont vos projets ?

"Si tout se passe bien, je ferai mon stage de fin d’études en Allemagne dans l’énergie nucléaire, et je pense vouloir poursuivre dans le domaine. J’aimerais beaucoup vivre quelque temps dans des pays étrangers, c’est forcément enrichissant. Alors pourquoi pas un VIE après le diplôme ?"

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

"Tellement de choses ! La famille bien sûr, dont la plus grande partie se trouve là-bas, et quelques amis qui n’ont pas encore quitté l’île. Les bons petits plats de mon "momon", les pains bouchons, la dakatine, les samoussas, les rougails, le cabri massalé, et j’en passe ! Egalement l’air frais de Mafate, le fait de venir en savates deux doigts à Boucan ou aux Roches, les bons ladilafés, la bonne vieille radio Free Dom, les glaces à l’Igloo et à Lgm... Je vais arrêter là, la tristesse m’envahit !"

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

"Le goût du changement. Ce n’est pas toujours facile de se préparer à vivre ailleurs, on prend forcément des risques. Je crois malgré tout qu’il y a des avantages incontestables : la découverte d’autres gens, d’autres cultures, d’autres manières de penser. C’est un enrichissement qui permet aussi de mieux se connaître soi-même. J’ai été très surpris, en lisant les autres témoignages sur le site, de me retrouver complètement dans ce qu’ont dit les autres Réunionnais. Cela me conforte dans l’idée d’une "identité" réunionnaise bien affirmée".

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

"J’ai été assez surpris car je m’attendais à des remarques un peu "cliché" sur la Réunion et cela a très rarement été le cas. J’ai rencontré pas mal de gens qui ont eu l’occasion de visiter l’île. De manière générale, l’image de la Réunion est positive. On évoque bien sûr le climat paradisiaque, les montagnes et le volcan. Je trouve malgré tout que la diversité culturelle propre à l’île est assez méconnue, ce qui est dommage".

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

"Je vois là une image pleine de contrastes : il y a un développement économique incontestable et un taux de chômage qui est, lui, totalement inacceptable. La Réunion dispose de deux incroyables atouts : la jeunesse de sa population (par rapport à la métropole par exemple) et sa diversité. Espérons qu’elle saura bien en profiter et que l’insularité qui lui est propre ne sera pas un trop lourd handicap".

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

"Si on en a les moyens, et même si l’on souhaite vivre de tout son coeur à la Réunion, il me paraît absolument nécessaire de partir, pour toutes les raisons déjà évoquées : découverte de nouvelles cultures et de nouveaux horizons, expérience du changement... Je connais beaucoup de Réunionnais "expat’", et peu d’entre eux se déplaisent en métropole ou à l’étranger. Même si c’est le cas, il en ressort quand même quelque chose de positif. Mon conseil aux jeunes Réunionnais est simple : partez si l’occasion se présente ! Soyez curieux, motivés et travailleurs et tout devrait se passer pour le mieux".

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