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Rodolphe et Nirina : plaidoyer pour le sourire

Publié le 17 janvier 2011

Aventuriers réunionnais de la mobilité, Nirina et Rodolphe nous livrent à l’occasion de la nouvelle année un plaidoyer universel pour le sourire. Au cours de quatre années d’un grand voyage (bientôt ponctué par un retour à la Réunion en février 2011) et 220 000 km parcourus dans près de 30 pays tout autour du monde, ils ont souvent partagé, donné et reçu le plus simple des gestes humains : le sourire.

copyright : Rodolphe Sinimalé

« Nous ne saurons jamais tout le bien qu’un simple sourire peut être capable de faire. » - Mère Teresa

Journal des aventuriers Episode 18 – Entre Juillet 2006 et Décembre 2010 :

« C’était au tout début de notre aventure, en 2006. Pour moi, c’était tout simplement hier, tant les images qui refont surface dans mon esprit sont claires et précises. Nous venions de rallier Antananarivo, la fantastique et majestueuse capitale malgache, avec ses murs rouges délicatement posés sur des collines aux pentes douces, ses rues pavées et cette énergie enivrante. C’était aussi l’un de mes premiers voyages en terre inconnue – Nirina, quant à elle, y avait vu le jour. La tête remplie de théories et de prévisions – échappatoires incongrus à l’ infini du moment présent – et le cœur encore innocent, nous marchions d’un pas pressé sur une grande avenue poussiéreuse et encombrée. Celle-ci devait nous amener jusqu’ à l’Alliance Française lorsque je l’aperçu pour la première fois de ma vie : immense et rayonnant, sincère et troublant.

L’enfant s’était arrêté là, au bord de ce petit canal dans lequel une eau verte et sale coulait doucement. Sa posture droite lui donnait un air dignifié tandis que ses cheveux marron et mêlés contaient une histoire intense et triste. Je crois qu’il était malade. Lui me fixait, curieux.

C’est à ce moment précis qu’il me l’offrit : un sourire aussi incroyable qu’inattendu, de ceux qui reste à jamais gravé dans le cœur des hommes.

En lui, je reconnu presqu’immédiatement l’un des premiers Maitres que je devais rencontrer durant cette quête spirituelle. Il m’enseigna en quelques secondes furtives des vérités éternelles : le don et la générosité, l’oublie de soi et la beauté du moment.

Moi, avec mes angoisses et mes projets, mon MBA et mes sacs chargés, j’étais tout simplement incapable d’en faire autant : je ne pouvais songer à lui sourire en retour. Je ne savais donner s’il n’y avait rien en retour, et demain m’importait bien plus qu’aujourd’hui.

Son visage et le rayonnement qui l’entourait ne me laissèrent guère de répit ce jour – et Dieu merci : je ne le savais pas encore à ce moment là mais c’est grâce à lui que nous allions pouvoir parcourir le monde sans réel budget, le cœur rempli d’amour et d’idées.

Si l’on considère le sourire d’un point de vue strictement sémantique, nous apprenons que :

- Le sourire est une expression du visage qui se forme par la tension de 17 muscles (dont les fameux muscles zygomatiques).
- Il exprime généralement le plaisir ou l’amusement mais aussi l’ironie, et joue ainsi un rôle social important.
- Le sourire est une attitude assimilée par renforcement comme étant une attitude positive et cela dès la naissance mais il est considéré comme inné et génétiquement déterminé puisqu’il apparaît chez des enfants sourds et aveugles de naissance.

copyright : Rodolphe Sinimalé

Pourtant, il apparaît clairement que le sourire recèle bien plus de trésors que cela : de la magie et une infinie poésie, une porte ouverte sur un monde meilleur.

Sourire à soi-même, c’est avant tout s’accepter tel que l’on est : un puissant mélange d’ombres et de lumières. De cette dualité surgie la force créatrice de nos intentions et agissements. Sourire à soi-même, c’est aussi une incroyable thérapie qui nous soigne et nous guérit : une symphonie majeure que l’on écoute attentivement et que l’on offre à notre corps et à chacune de ses particules pour qu’enfin les nœuds se délient, que les tensions s’évanouissent, que les blocages disparaissent et que l’équilibre homéostatique et naturel soit rétabli. La santé et le bien-être ne sont plus très loin !

Sourire aux autres, c’est donner de façon altruiste, un présent qui peut littéralement changer une vie. C’est une invitation au désarmement mental. Puisque nous sommes tous interdépendants et que le bonheur des uns est tributaire de l’épanouissement des autres, sourions ensemble ! Oublions nos différents et nos différences et apprenons à pardonner.

Sourire à la vie, enfin ! Vivre en accueillant cette précieuse existence avec ouverture et gratitude, chaque jour, à chaque moment et à chaque seconde. Le temps passe tellement vite ! Pourquoi et vers quoi courons-nous si hâtivement ? Assumons nos rêves et n’attendons plus demain pour les réaliser car demain, c’est déjà trop tard.

Je retrouverai ces sourires de très nombreuses fois au cours de nos pérégrinations mondiales – là sur le visage d’une femme seule au Portugal, ici au Vietnam sur celui d’un père et son enfant. A chaque fois, ils me surprendront par leur spontanéité et l’incommensurable sensation de légèreté qu’ils procurent. De très rares fois, je baisserai la tête, par timidité.

Mais j’apprends.
Je cultive les fleurs délicates du champ du sourire avec patience et persévérance, avec joie et solidarité. « Un petit pas vers l’avant et nous sommes déjà plus près du but » me suggère tendrement Nirina.

Comme cette fois, dans le métro à Barcelone : passagers anxieux et fatigués d’avoir peur, regards perdus et solitude pesante. Dans cette foule anonyme, une femme à la chevelure dorée et au visage mélancolique m’interpelle. Nos regards se croisent et, en l’espace d’une demi-seconde, je sens de tout mon être que je dois le lui offrir. Je prends courage pour lui donner mon plus beau sourire, que je souhaite authentique et sincère. Elle baisse les yeux. Le métro s’arrête. Elle s’apprête à descendre lorsque soudain, elle se retourne, me prend par les mains et, les larmes aux yeux, me remercie : « Muchas gracias… Sinceramente, muchas gracias. »

Le soleil perce une dernière fois à travers l’épais manteau de nuages qui recouvre Ho Chi Minh City, tandis que s’écoule inlassablement le flot des motos bruyantes. Des odeurs de riz frits et soupes épicées s’envolent elles aussi, aguichant les sens d’un voyageur étourdi. Des enfants jouent au bas de la ruelle. A coté, une vieille dame en pyjama s’assoit et écoute, résolue, le jour disparaitre… »

A toutes et à tous, nous vous souhaitons le meilleur pour cette nouvelle décennie : de l’amour et du bonheur, de la santé ! Des rêves à réaliser et de très nombreux sourires à donner et à rencontrer…

A suivre...

Lire aussi :
Aventuriers réunionnais de la mobilité : ils font le tour du monde…
- Episode 1 : Le jour où... Nous avons traversé le Japon sans un rond
Episode 2 : Le jour où… Nous avons fêté l’Independance Day à Chicago
- Episode 3 : Le jour où… J’ai fait une retraite dans un monastère bouddhiste thaïlandais
- Episode 4 : Le jour où… Nirina a fêté son anniversaire au Mont Cook en Nouvelle Zélande
- Episode 5 : Le jour où… Nous avons conduit un scooter à Saigon
- Episode 6 : Le jour où… Nous avons appris à faire des pizzas en Italie
- Episode 7 : Le jour où… Nous avons partagé des gâteaux dans la rue à Barcelone
- Episode 8 : Le jour où… J’ai dormi chez un chauffeur de taxi en Inde
- Episode 9 : Le jour où… Nous avons rencontré un couple de Réunionnais en Australie
- Episode 10 : Le jour où… Nous nous sommes faits arrêter par une fausse milice à Madagascar
- Episode 11 : Le jour où… Nous nous sommes faits arrêter par une fausse milice à Madagascar 2/2
- Episode 12 : Le jour où… J’ai rencontré ma famille mondiale (1ère partie)
- Episode 14 : Le jour où… Nirina partagea un moment lyrique
- Episode 15 : Le jour où... j’ai rencontré le maître de méditation américain Alan Wallace
- Episode 16 : Le jour où… J’ai visité le PIA Mind Centre en Thaïlande
- Episode 17 : Le jour où... j’ai rencontré Matthieu Ricard, moine bouddhiste et écrivain
- Episode 19 : Le jour où... J’ai fait goûter le gâteau patate partout dans le monde
- Episode 20 : Le jour où… J’ai pris le temps de vivre à Madagascar
Aventuriers réunionnais de la mobilité : l’heure du retour
Les secrets du voyageur : sourires, réseaux et partage
Rodolphe et Nirina, l’interview

Joindre Rodolphe et Nirina : [email protected]


Rodolphe Sinimale is a traveler, meditation teacher and writer.
In 2006, he left his position and sold out every little thing to focus entirely on the spiritual path. His search has led him all over the world - from Madagascar to Vietnam, from New-Zealand to Japan, from USA to Thailand – in order to learn, to give and to share.

Rodolphe Sinimale holds a M.B.A in Human Resources Management, from the Paris Graduate School of Management, France.

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