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Sanya Cantina, étudiante en droit et politique internationale à Montréal

Publié le 9 février 2006

A 23 ans, cela fait déjà deux fois que Sanya s’installe au Québec, une province dont elle est tombée amoureuse et où elle se voit bien commencer sa carrière. Elle suit pour le moment un master de Droit International et Politique Internationale à l’Université du Québec à Montréal.

Sanya Cantina
"Les Réunionnais ce n’est pas ce qui manque à Montréal. On a même fêté le 20 désamb !"

D’où êtes vous à la Réunion ?

"Je suis originaire de Saint-Denis, ayant habité tout d’abord au Chaudron, "quartier cow-boy", puis à la Montagne, étant ainsi passé d’un milieu modeste à un milieu un peu moins modeste. J’ai étudié à l’Université de Moufia où j’ai obtenu un deug, une licence et une maîtrise en Droit, option Droit public".

Dans quelles conditions avez-vous quitté l’île ?

"Avant la fin de mon deug, j’ai entendu parler d’une réunion à l’Université sur les échanges universitaires avec le Québec. J’y suis allée par pure curiositéet c’est là, sur un coup de tête, que j’ai décidé que l’année de ma licence se ferait à Montréal. Je peux dire que ça a été la plus belle année de ma vie (jusqu’à maintenant). J’ai découvert la signification du mot épanouissement, tout en partageant cette expérience avec deux autres Réunionnais, étudiants eux aussi. Bien que ce fut une année extraordinaire, j’ai dû rentrer à la Réunion au bout d’un an".

Et ensuite ?

"Ce retour ne m’a pas vraiment réussi. J’ai perdu un peu pied pour plusieurs raisons : le décalage entre les modes de vie québécois et réunionnais, la différence de mentalités... Et puis mes attentes et mes ambitions avaient changé. Il fallait absolument que je retourne à Montréal. Chose que j’ai faite après avoir obtenu ma maîtrise et travaillé pour économiser".

Comment vous êtes-vous adaptée à la vie québecquoise ?

"J’ai eu la chance la première fois d’avoir déjà sur place des connaissances réunionnaises, qui ont été mon comité d’accueil et mon soutien dans mes démarches. Ces connaissances sont devenues des amis, voire la famille pour l’un d’entre eux. Au début, je ne comprenais pas ce que les Montréalais disaient. Ils devaient répéter plusieurs fois avant que je ne comprenne, au risque qu’ils me prennent pour une attardée. Cette ville est très accueillante et surprenante au début, car les gens n’arrêtent pas de dire "bienvenue". J’ai mis du temps à comprendre que cela correspondait en fait à notre merci. Leur accueil fut au-delà de mes espérances. L’Université avait mis en place un comité d’accueil à l’aéroport, afin d’aiguiller les étudiants étrangers et leur éviter de se perdre dans la ville".

Quels sont vos projets ?

"Tout d’abord réussir mon master. Ensuite, j’espère être reçue en DESS gestion de projet, où j’aimerais me spécialiser en projet humanitaire. Cela m’amènera en 2007 où j’espère commencer à travailler au sein d’une organisation internationale ou régionale au Canada, en tant que gestionnaire de projet ou conseiller juridique. L’objectif pour moi est de voyager et d’aller sur le terrain, afin d’acquérir l’expérience nécessaire à mes autres projets (que je garderai ici secrets par superstition)".

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

"Ma famille me manque énormément. C’est la transition entre une maison pleine de vie, de rire et de joie et une chambre universitaire, qui dit en passant n’a rien à voir avec celles de la Réunion et en plus sont moins chères. Le soleil aussi me manque dans la longue période d’hiver. Il m’a fallu arriver ici pour comprendre les bienfaits du soleil, d’un ciel bleu et d’une brise rafraîchissante sur le moral".

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

"Enormément de choses : une plus grande ouverture esprit, une prise de conscience de mes capacités et de ma force intérieure et surtout, un épanouissement réel. Le fait d’être partie m’a permis aussi d’avoir un autre regard sur ce que je croyais acquis, sur mes valeurs et sur mes responsabilités. A rester dans le cocon familial et sur son île, on a tendance à repousser à plus tard cette prise de conscience et cette étape qui, pour certains, ne sera malheureusement jamais franchie".

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

"Nous sommes en pleine crise sanitaire et médicale, ce qui nous a permis de constater que la Réunion est encore parfois considérée comme un boulet. La métropole a vu dans les alertes face au chikungunya un nouveau caprice des "assistés domiens". L’île est dans une période critique qui a déjà coûté la vie à deux enfants. C’est impardonnable et cela devra faire l’objet, je l’espère, d’une reconnaissance publique des responsabilités".

Quels ont été les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion dans votre parcours ?

"La mobilité est un plus sur un CV car elle démontre que l’on est capable de partir et de s’adapter à un nouveau milieu. Ce que l’on nous demandera toujours dans une entreprise. Venir de la Réunion est un point plus que positif au regard de la curiosité et des réactions que cela suscite".

Quels sont les conseils que vous donneriez aux jeunes Réunionnais ?

"Quitter la Réunion pour mieux y revenir ! Il y a tellement de belles choses à voir et à découvrir, qui constitueront une richesse pour nos enfants et les enfants de nos enfants. Partir permet aussi de se rendre compte que la Réunion jouit d’un atout essentiel dans son métissage et dans cette "harmonie" que l’on a su créer et conserver entre les différentes "ethnies". En parallèle, on se rend compte que le Réunionnais métissécomme moi ne sait pas d’où il vient. Pour ceux qui ont des problèmes à se trouver en tant qu’individu, cette prise de conscience peut aider à aller de l’avant".

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