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Aventuriers réunionnais de la mobilité : l’heure du retour

Publié le 5 mars 2011

Partis avec 60 kg de bagages en 2006, Rodolphe et Nirina sont rentrés sur l’île en février 2011 avec 9 kilos transportés à tous les deux. Légers, libres après 200 000 km parcourus et 25 pays visités, ils sont aussi remplis d’espoir et de projets pour la suite. Ils ont bien voulu déballer leur sac de voyage pour les lecteurs du site Réunionnais du monde et du Quotidien dimanche.

Photo : Raymond Wae Tion
Rodolphe et Nirina à leur retour à l’aéroport de Gillot en février 2011 - Photo : Raymond Wae Tion

A lire dans cet article :

- « Tu m’as donné la force » - Une aventure vécue à deux
- Un voyage, des rencontres
- Les pays marquants de notre aventure
- Un voyage initiatique
- Ambassadeurs de la Réunion
- Regards sur le monde
- En guise de conclusion
- Quelques chiffres qui font rire
- Les bagages, où comment passer de 20 kg chacun à 15 kg pour deux


S’asseoir à la table de Rodolphe et Nirina, c’est affronter deux paires d’yeux éclairés et mobiles, embarquer pour un voyage inattendu. Les souvenirs fusent, souvenirs d’endroits visités, souvenirs de rencontres. Dans leurs yeux brille le virus du voyage, une flamme allumée il y a cinq ans et qu’ils entretiennent en partageant leurs aventures avec le plus grand nombre. Déstabilisés par la proximité du retour et la réalité d’une île qu’ils voient maintenant différemment, Rodolphe et Nirina s’expriment :

Nirina : « Ce retour, nous l’avions idéalisé, nous pensions être attendus. J’avais une image de la Réunion où tout le monde était heureux et je vois beaucoup de gens tristes et stressés. Quelle est la part d’idéalisation des souvenirs ? La part de vérité ? ».

Rodolphe tente une explication : « Quand on voyage, on se sent libre ; on rencontre d’autres voyageurs, des gens qui sont libres aussi. Ici tout le monde est pris par sa vie, ses activités. On ressent une forme de stress, d’impolitesse, parfois de violence. Le contraste est d’autant plus flagrant que nous arrivons d’Asie où chacun s’efface, où le collectif prime sur l’individu ».

Ce retour, il a été mûri, mais aussi fortement conseillé par plusieurs médecins qui ont constaté sur les voyageurs les effets d’une vie nomade. Rodolphe : « Je sens dans mon corps la fatigue des voyages en bus de 15H, le poids des nuits incertaines et trop courtes où tout mon être demandait un vrai lit.

copyright : Rodolphe Sinimalé
Dormir dans les aéroports... Ici au Changi International Airport de Singapour, le plus confortable du monde.

Mais je ne regrette rien. Si réaliser un « tour du monde » est peut-être devenu commun pour certain(es), très peu ont voyagé comme nous l’avons fait, en partageant le quotidien d’hommes, de femmes et de familles, locaux et inconnus, dans plus de 20 pays ! C’est LE point important, l’élément transformateur, le pilier fondamental de ce périple ; cinq années à côtoyer ceux qu’on appelle « les autres ».

« Tu m’as donné la force » - Une aventure vécue à deux

« Quand on s’est rencontré à la Réunion, on avait chacun envie de partir, vaguement insatisfaits de nos vies. A deux, cela nous a donné le courage de le faire ». Vivre à deux 24H/24 dans des conditions difficiles pendant cinq ans... Beaucoup couples auraient craqué ; Rodolphe et Nirina semblent aujourd’hui plus soudés que jamais. Et pourtant, tout avait assez mal commencé.

copyright : Rodolphe Sinimalé
Madagascar, 2006

N : « En 2006 lors de notre premier voyage à Madagascar, nous sommes tous les deux tombés malades. Il a fallu se soigner, s’entre aider. Une épreuve qui nous a aussi forgé en tant que couple. Il a fallu se serrer les coudes et apprendre à agir à deux.

R : Arriver dans un endroit en fin d’après-midi sans savoir où on va dormir. Ca met dans une situation de tension qui aide à agir, même pour des gens timides comme nous.

N : Tu es la force qui nous a permis de faire tout ça. La plupart du temps, c’est toi qui allait parler aux gens.

R : La force, c’est toi qui me l’a donnée ».

Un voyage, des rencontres

Auberge espagnole en Nouvelle-Zélande

Un jour en Nouvelle-Zélande, nous rencontrons par hasard un couple d’Allemands – nous devions aller a Auckland. Le soir même, ils nous invitent chez eux. Nous passons alors plus d’un mois tous ensemble, sous le même toit… plus un Japonais auto-stoppeur que j’avais ramassé en chemin !

Arrivée difficile à Tokyo

Nous arrivons à Tokyo. Après plusieurs heures pour comprendre comment sortir de l’aéroport et se repérer dans cette ville tentaculaire, le métro nous lâche au milieu d’un quartier populaire. Il pleut. Nous sommes trempés, exténués, trainant nos bagages de rue en rue à la recherche d’un endroit pour dormir. Nous avons bien l’adresse d’une guest house mais elle est introuvable. Le nom des rues est illisible, écrit en japonais, personne ne comprend notre prononciation et ce que nous cherchons. On tourne en rond et la nuit va bientôt tomber. Soudain c’est le déclic : un inconnu prend pitié de nous. Il insiste pour nous donner son parapluie et nous indique l’adresse de la guest house. Elle est tout près de nous, nous avons tourné autour sans la voir.

copyright : Rodolphe Sinimalé
"Nous avons été les premiers étrangers à fouler du pied l’enceinte de maison de famille japonaise. Un grand honneur, fêté comme il se doit par un gâteau patate en déssert !"

L’inconnu du restaurant indien

Nous sommes à Perth en Australie, attablés dans un restaurant très particulier basé sur le principe de la donation. Le concept est le suivant : chacun mange à sa faim et donne ce qu’il peut / veut. La cuisine est très bonne, assurée par une armée de bénévoles. Des gens de tous les milieux viennent manger là et se servir au buffet (très varié), avec une seule obligation : celle de finir son assiette pour éviter tout gaspillage.

Nous sommes avec Mickael, un marmaille de Saint-Suzanne venu nous rendre visite en Australie. A côté de nous, un homme mange seul. Nous lui demandons de se joindre à nous… et c’est le début d’une soirée exceptionnelle. C’est un ingénieur indien qui vit seul à Perth ; chaque mois il envoie l’essentiel de son salaire à sa famille restée en Inde. Il nous raconte sa vie, passionnante et touchante, et nous livre un précieux conseil : toujours donner un but à son voyage.

Et c’est ce que nous avons fait. Avant cela notre devise était : « no plan is the plan ». Notre périple avait l’apparence d’une errance dans les villes et les pays visités. A partir de ce moment, nous allons lui donner des objectifs : apprendre à faire des sushis au Japon, faire une retraite de méditation dans un temple en Inde, apprendre l’art de la peinture sur ongles au Vietnam, à faire des massages…

A la fin du repas, l’inconnu se lève et fait un gros don au restaurant, il nous invite tous les trois. Le partage et le don à l’état pur.

Les pays marquants de notre aventure

Infographie : Valérie Sicre
Le tour du monde de Rodolphe et Nirina

Bien loin de nous l’idée d’avoir voulu visiter le plus grand nombre de pays possible. Certaines agences de voyages proposent aujourd’hui des package « around-the-world » sur 3 continents, 10 pays ou 10 mois. Nous avons voulu privilégier la qualité sur la quantité en essayant, à chaque fois que cela était possible, de « vivre » des nouvelles cultures au quotidien, de nous imprégner des sons, des odeurs, des couleurs… Et surtout, de rencontrer les gens ! Car se lier d’amitié demande ouverture, sourires et aussi, du temps…

Andorre : 2 semaines à la montagne
Espagne : 10 mois de flamenco, de tapas et de fiesta ! Notre pays d’adoption ! Nirina y est devenue bilingue… Rodolphe est parvenu à concilier l’étude de la méditation à un mode de vie plutôt… festif !
France métropolitaine : 1 mois, pour redécouvrir les richesses culturelles et – surtout ! -gastronomiques d’un pays immensément riche
Hollande : 2 semaines à se perdre dans les reflets de ce pays où l’eau et la terre s’harmonisent parfaitement.
Suisse : 1 mois de pâturage verdoyant, où les gens « désirent ce qu’ils ont ». On dit de la Suisse que c’est l’un des pays où il fait le mieux vivre.
Portugal : 2 semaines parmi les plus ensoleillées de notre périple. On s’est dit : « Nous pourrions vivre ici ». Affaire à suivre…
Italie : 2 semaines trop courtes, trop intenses, trop magiques !
Vatican : dans la folie touristique du plus petit pays du monde, nous nous sommes retrouvés seuls et en paix.

copyright : Rodolphe Sinimalé
Réunionnais et Espagnols

Maurice : L’ile sœur, pourtant si différente. Un peuple humble et travailleur, une leçon de courage et de beauté.
Madagascar : 4 mois à traverser le pays en taxi brousse. 4 mois qui nous envouteront à jamais, malgré les différences et les difficultés – nous y affronteront les armes pour la premières fois !
Malaisie : notre ‘hub’ ! Nous y sommes passés un grand nombre de fois, et y avons lié de superbes amitiés.
Singapour : 10 jours de tours d’argent et de rues immaculées.
Thaïlande : plus de 6 mois, dont 4 à Bangkok. Une aventure faite de bonheurs, de rencontres, de découvertes… Une révélation !
Vietnam : plus de 2 mois. « Un morceau de mon cœur est resté là-bas » dixit Rodolphe. Et Nirina y fera l’apprentissage de sa vie : le Nail Art !
Laos : 1 mois à se reposer des centaines d’heures de bus à traverser l’Asie.
Indonésie : entre Jakarta, mégalopole folle et démesurée, et ses 17 500 iles – dont la majestueuse ile de Bali, si unique - l’Indonésie est un arc-en-ciel pour tous les voyageurs
Émirat Arabes Unis : Rodolphe s’est perdu dans les souks de Dubai… et a vraiment failli rater son vol !
Inde : Près de 2 mois. Rodolphe a failli y mourir seul, au pied de l’Himalaya, lors d’une attaque… de singes sauvages !

copyright : Rodolphe Sinimalé
Taxi à Dehli

Japon : 2 mois, sans plan et sans argent ! Il nous faudra 4 heures pour comprendre comment sortir de l’aéroport. C’est peut-être le voyage de notre vie… Nirina ne pense d’ailleurs qu’à y retourner. Elle y a appris l’art des sushis !
États-Unis : 2 mois. Une révélation ! Un pays aux mille et une facettes : une voyageuse hollandaise rencontrée en Californie nous avouera y retourner chaque année, car chaque État est un pays à lui tout seul.
Australie : 6 mois à parcourir plus de 14 000 km… et à dormir dans une tente ! Une ile-continent brute et sauvage.
Nouvelle Zélande : A nouveau 6 mois, en amoureux et dans un minuscule van Toyota de 1988 : il y avait des trous gros comme des oranges dans la carrosserie blanche et rouillée, et le moindre coup de vent provoquait à l’intérieur de notre « maison » de véritables mini-tornades… Cela ne nous empêchera pas d’y faire une expérience inoubliable.
L’ile sud, avec ses improbables paysages de jardin d’Eden, marquera nos esprits à jamais.
- La « claque » : Bangkok, qui se démarque en ce début de millénaire par son dynamisme économique, sa créativité, sa jeunesse.

Un voyage initiatique

Au cours de notre tour du monde, nous avons rencontré de nombreux « routards ». Dans certains pays (Etats-Unis, Nord de l’Europe, etc.), la culture du voyage initiatique est très répandue. Souvent ce voyage en « sac à dos » se fait très tôt, avant le début des études. Les jeunes en rentrent transformés, riches d’une expérience unique. Ils se connaissent mieux, se sentent plus sûrs d’eux et de leur choix.

Nous, nous avons fait ce voyage après nos études mais nous aurions dû le faire avant. Nos choix d’études et d’orientation professionnelle en auraient certainement été différents. Il existe un vrai problème d’orientation en France, où la « voie royale » est toute tracée : on incite les lycéens à faire de longues études généralistes. Or si nous avons constaté quelque chose au cours de nos voyages, c’est que quand on a un vrai métier « dans les mains », on peut s’en sortir partout dans le monde. Un vrai métier. C’est ce que nous souhaiterions faire à notre retour à la Réunion.

Nirina : implanter l’art asiatique de la peinture sur ongles à la Réunion

copyright : Rodolphe Sinimalé

Je suis diplômée de l’IAE à Saint-Denis (Instit d’Administration des Entreprises), ce qui est d’une grande utilité. Je peux travailler partout dans le monde et même ici à la Réunion. Mais ici tout le monde nous indique une direction et il est difficile d’aller en sens inverse. Ma vraie passion, c’est le dessin sur les ongles que j’ai découvert en Thaïlande. C’est vraiment un art en Asie, un peu comme le henné en Inde. Les femmes se peignent les ongles au pinceau, c’est très délicat.

J’ai donc appris cette pratique « sur le tas », en Thaïlande et surtout au Vietnam dans la banlieue d’Ho Chi Minh Ville. Je souhaiterais implanter cette technique à la Réunion. Je tiens un blog : tresors-originails.over-blog.com et j’ai pris le statut d’auto-entrepreneur.

Rodolphe : méditation et altruisme

Je suis diplômé d’école de commerce et d’un MBA. Normalement c’est un sésame pour l’emploi, mais ma nature est la suivante : je ne souhaite pas travailler dans un bureau, assis devant un écran.

Je garde un fort souvenir du travail dans les vignes en Nouvelle Zélande, chaque jour de 4 h du matin à 3 h de l’après-midi. C’était un travail éreintant mais épanouissant. Nous travaillions dehors, en contact avec les éléments et la nature. Nous sortions de là avec une vraie fatigue saine, physique. On a perdu ce contact là dans nos sociétés artificielles, cloitrés devant nos ordinateurs.

Aujourd’hui je ne me vois pas travailler devant un écran. Je voudrais apporter quelque chose qui ait du sens, aider les gens. Je pense intimement que pour être heureux, il faut concentrer ses efforts à rendre les autres heureux. C’est l’un des enseignements que j’ai tiré de ma rencontre avec Mathieu Ricard et Allan Wallace, qui a changé beaucoup de choses en moi. Ils ont eu cette capacité de formuler, verbaliser des choses qui étaient déjà là en moi. Aujourd’hui j’ai décidé de me poser et de construire quelque chose pour les autres.

Copyright : Rodolphe Sinimalé
Matthieu Ricard et Rodolphe Sinimalé.

Pourquoi pas donner des cours de méditation, une voie que j’ai empruntée depuis plusieurs années ? Je ne suis pas un Maitre de méditation et reste plus que jamais un élève. Mais si je peux partager mon humble expérience et éclairer ne serait-ce qu’une seule personne sur le chemin du bonheur et du mieux-être, alors j’aurais accompli mon travail d’être humain dans cette vie.

L’un de mes plus grands professeurs spirituels a été la souffrance : la souffrance de la fragilité de ce corps et de la maladie ; la souffrance d’être séparé des êtres aimés. La souffrance de vivre dans le passé, aussi. Plus jeune, je me suis lancé à corps perdu dans le Taï Chi pour arrêter les médicaments alors que j’étais assez gravement malade. J’ai étudié le Chi Kung, cet art millénaire chinois, dès la fin des années 90. En Chine, j’ai eu le privilège de rencontrer et d’apprendre avec les plus grands maitres de cette discipline. Pourtant, lorsque ma route a croisé celle de la méditation et que je me suis assis pour la première fois, j’ai tout simplement su que là était mon chemin.

Dès le début des années 2000, j’ai consacré toute mon énergie à étudier et surtout pratiquer ces enseignements et ces techniques ancestrales, et notamment les méditations Vipassana, Samatha et Metta. Ces méthodes, redécouvertes par le Bouddha lui-même il y a plus de 2500 ans, sont un trésor pour l’humanité ! Les scientifiques les plus renommés du monde entier découvrent avec stupéfaction les effets de ces pratiques sur le cerveau, ses implications sur la santé et le bonheur.

copyright : Rodolphe Sinimalé
Statue à l’effigie du Bouddha, recouverte de feuilles d’or.

Aujourd’hui je médite chaque jour une heure le matin et une heure le soir. Pour moi, la méditation est l’outil idéal pour améliorer la nature humaine. Aux Etats-Unis, elle est déjà considérée dans le champ des sciences humaines, comme un panel de méthodes susceptibles de changer les rapports au travail et en entreprise.

Ambassadeurs de la Réunion

En voyage on est amené à rencontrer des gens. Partout où nous sommes allés, nous avons parlé de la Réunion autour de nous, partagé nos valeurs, notre cuisine. Un partage qui a conduit plusieurs amis à nous rendre visite sur l’île.

Katrina et Danny (2007) : couple d’Américains rencontrés en Thaïlande. De vrais « backpackers ». Ils remontaient le pays, moi j’allais en Inde. Les douaniers réunionnais n’en croyaient pas leurs yeux face à ces deux touristes d’un autre type qui ne parlaient qu’anglais.

Ils ont logé entre autres dans un studio prêté par un ami en plein cœur du Chaudron. Ca s’est très bien passé. Au début, ils affrontaient quelques regards agressifs en allant faire leurs courses. Mais la connexion s’est établie avec les jeunes du quartier, un contact sincère et humoristique faisant voler en éclat tous les aprioris.
Nous les avons amenés à Cilaos, au volcan, ils ont mangé dans les feuilles bananes.

copyright : Rodolphe Sinimalé
Katrina et Danny, deux Californiens sur le Piton des Neiges.

- Un couple d’Allemands (2008) rencontrés en Nouvelle Zélande. On travaillait dans les vignes ensemble, à l’époque Nirina et moi habitions dans un van. Ils sont venus à la Réunion juste après leur retour en Allemagne ! Ils étaient vraiment jeunes, la vingtaine, ne parlaient pas un mot de français. Et pourtant ils se sont fait inviter par des Réunionnais à dormir chez eux.

Jenny, une vietnamienne (2011) : Son voyage a failli ne pas se faire à cause de la corruption dans ce pays et des complexités administratives. Mais nous avons eu la surprise de trouver Jenny à notre retour à la Réunion ! Elle est hébergée chez Thierry, un ami que nous avions fait venir au Vietnam et qui l’avait rencontré grâce au système du « couch surfing ».

- Nous faisons des pieds et des mains pour faire venir Minami, une amie japonaise mais nous savons que c’est très difficile et que le coût du billet d’avion pour la Réunion est prohibitif. Quand je pense que nous avons pu voyager de Perth à Kuala Lumpur pour 15 euros…

Quelques objets qui nous ont accompagnés

copyright : Rodolphe Sinimalé
"Notre home-sweet-home : une camionnette Toyota importée du Japon, transformée à la va-vite en camping-car pour jeunes voyageurs fauchés".

Rodolphe et Nirina ouvrent un sac à dos de taille modeste qui contient pourtant de nombreux objets qui les ont accompagnés au cours de leur périple :

- Un disque dur (protégé par une pochette plastique) : c’est la hantise, comment protéger ses photos. Nous en avons accumulé plus de 15 000, mais aussi perdu quelques milliers… irrémédiablement.
- Un livre (The art of happiness) : voyager c’est aussi avoir du temps pour lire, pour apprendre, pour ne rien faire.
- Des cartes de visites et petits papiers contenant des adresses et des coordonnées : celles de Réunionnais rencontrés à Kyoto et recroisés par hasard à Bangkok, celles d’un professeur israélien qui a ausculté Nirina alors qu’elle était malade, d’un Américain devenu Jamaïcain à la recherche d’herbes qui guérissent en Asie, d’une Chinoise rencontrée à Maurice, etc.
- Des coupures de journaux en plusieurs langues
- Des notes griffonnées sur un papier
- Des dessins
- Une « To do list »
- Des plans
- Un brouillon de lettre écrite sur une page de magazine
- Un carnet de poèmes
- Des photos d’identité pour les demandes de visas

Regards sur le monde

Côté pile : uniformisation et repli sur soi

Voyagez sans attendre si vous voulez voir la diversité du monde, car nous allons vers l’uniformisation. Dans chaque pays, les mêmes posters de Mickael Jackson, les mêmes Starbucks au coin des rues. Saïgon dans 10 ans ressemblera au Bangkok d’aujourd’hui. Partout, course à la consommation et individualisme sont la règle. Les signes sont les mêmes : voiture omniprésente qui asphixie les métropoles, centres commerciaux à l’occidentale qui gagnent du terrain, solitude des grandes villes, généralisation du sport spectacle qui irrigue la culture du plus fort, images chocs, mode vestimentaire et comportements préfabriqués, plaqués par la publicité et les médias…

copyright : Rodolphe Sinimalé

Côté face : les pratiques écologiques existent et sont possibles

Un pays comme la Nouvelle-Zélande nous met 20 ans dans la vue en termes de pratiques écologiques. Dès le plus jeune âge, on apprend à trier les déchets, économiser l’eau, à être propre. Les WC écologiques sont partout. Les Néo Zélandais appliquent une vraie politique de protection de l’environnement et d’accueil des touristes. Aux Etats-Unis, nous avons vu des magasins qui prodiguaient des massages à l’entrée, des produits biologiques, des taux de CO2 indiqués sur les étiquettes. C’est aussi une écologie de l’esprit, symbolisée par les valeurs d’accueil et une honnêteté à toute épreuve.

copyright : Rodolphe Sinimalé

Et la Réunion ?

Ici, certaines personnes me trouvent ‘bizarre’. Si bizarre, c’est vouloir vivre ses rêves et être heureux, alors oui, je suis le Réunionnais le plus bizarre du monde ! A La Réunion, nous avons hérité d’un complexe d’infériorité. Aujourd’hui, il faut se débarrasser de ce fardeau trop lourd et enfin nous envoler.

J’ai confiance car l’île est jeune, en pleine phase de croissance. Il y a des choix importants à faire et les idées nouvelles doivent être audibles. Il faut que les Réunionnais qui rentrent comme nous puissent être accueillis et entendus par les décideurs.

Je trouve incongru de ne pas utiliser la force des réseaux, comme celui des Réunionnais du monde qui nous a permis de nombreuses rencontres au cours de notre voyage. Je tiens à le préciser : le projet des « Réunionnais du Monde » est tout simplement une initiative exceptionnelle ! Comment les décideurs locaux pourraient-il passer à coté de cette somme de compétences, cette réserve enthousiaste de promoteurs de La Réunion dans le monde entier ?

En guise de conclusion

Bougez, ouvrez-vous ! Le Monde recèle de trésors qui n’attendent qu’à être découverts !

Pour voyager, il faut se libérer de ses repères et accepter la différence avec la spontanéité de l’enfant, sans jugement.

copyright : Rodolphe Sinimalé
Des Américains prêts à manger... dans la feuille banane avec les mains ! Le dessert suivra bientôt.

La richesse née de la différence : sortez des sentiers battus et surtout, ne laissez personne vous voler vos rêves, même si tout le monde vous dit que c’est impossible ;

Les tiroirs ont été créés pour rassurer les esprits peureux et enfermer les cœurs rêveurs.

Nous projetons constamment nos propres désirs et surtout nos propres peurs les uns sur les autres. Si nous comprenons cela, alors nous prenons confiance et nous nous libérons véritablement.

Vivez cette précieuse et unique existence avec générosité, altruisme et gratitude.

Un voyage et des chiffres

- 0 : le nombre de fois où ils ont regretté leur choix
- 3 : le nombre de fois où Rodolphe a failli mourir
- 70 : c’est, exprimé en kilogramme, le poids de leurs bagages lors de leur départ en 2006
- 9 : c’est tout ce qui leur reste lors de leur retour en 2011
- 25 : nombre de Réunionnais rencontrés de part le monde, par hasard ou… volontairement !
- 1490 : nombre de jours voyages entre 2006 et 2011 (ils sont rentrés trois fois à la Réunion)

copyright : Rodolphe Sinimalé

- 2000 : nombre d’heures passées à méditer – retraites inclues !
- 2006 : Date à laquelle ils ont tout vendu et se sont envolés pour Madagascar
- 200 000 : nombre de km parcourus
- 21 : nombre de pays visités, traversés, explorés
- 62 : nombre de couchsurfing réalisés dans le monde entier
- 14 000 : plus longue distance parcourué en voiture
- 9 : c’est le plus grand nombre de fuseaux horaires traversés lors d’un même voyage (Ho Chi Minh City – San Francisco). Il faut compter 1 journée par fuseau pour complètement récupérer

Les bagages, où comment passer de 20 kg chacun à 15 kg pour deux

Nous pourrions en faire un livre tant ce sujet passionne et divise. Nous sommes partis la première fois avec :

- Deux immenses et surtout très lourds sacs à dos d’au moins 20 kg chacun (vêtements d’été, vêtements d’hiver, serviettes, trousses de toilette, parfum(s), etc.) ;
- Une guitare folk (de 1972 !) et son superbe (et encombrant et lourd) étui ;
- Une belle et large couette verte et rose – la notre !
- Une mallette de 300 Cd : une collection dont je ne songeais pas à me séparer ;
- Un autre sac rempli de chaussures – de marche, de détente, de… mariage (sait-on jamais, avait-on pensé à l’époque) ;
- Des livres (dont le poids n’avait d’égal que la portée philosophique qu’ils contenaient) ;

copyright : Rodolphe Sinimalé
Un chemin vers la connaissance de soi - Monastère bouddhiste thaïlandais

Et, aujourd’hui, après d’improbables et pesantes pérégrinations mondiales (imaginez-vous fraichement débarquer à Barcelone avec toute votre vie sur les épaules en pleine heure de pointe dans un métro bondé d’Espagnols pressés !), nous sommes parvenus à la conclusion qu’il est tout à fait possible de voyager avec… moins de 15 kg… pour deux !

Nb : j’en profite pour souligner que j’ai avantageusement remplacé mon instrument par une guitare de voyage – une baby Taylor pour les connaisseurs : ¾ de la taille d’une guitare conventionnelle, un poids plume et un manche détachable pour les expéditions extrêmes… Enfin et surtout, une sonorité exceptionnelle !

Vidéo du passage de Rodolphe et Nirina au TedX Réunion 2014 : Changer le monde... un cookie à la fois ! + d’infos sur le TedX

Lire aussi :
Aventuriers réunionnais de la mobilité : ils font le tour du monde…
- Episode 1 : Le jour où... Nous avons traversé le Japon sans un rond
Episode 2 : Le jour où… Nous avons fêté l’Independance Day à Chicago
- Episode 3 : Le jour où… J’ai fait une retraite dans un monastère bouddhiste thaïlandais
- Episode 4 : Le jour où… Nirina a fêté son anniversaire au Mont Cook en Nouvelle Zélande
- Episode 5 : Le jour où… Nous avons conduit un scooter à Saigon
- Episode 6 : Le jour où… Nous avons appris à faire des pizzas en Italie
- Episode 7 : Le jour où… Nous avons partagé des gâteaux dans la rue à Barcelone
- Episode 8 : Le jour où… J’ai dormi chez un chauffeur de taxi en Inde
- Episode 9 : Le jour où… Nous avons rencontré un couple de Réunionnais en Australie
- Episode 10 : Le jour où… Nous nous sommes faits arrêter par une fausse milice à Madagascar
- Episode 11 : Le jour où… Nous nous sommes faits arrêter par une fausse milice à Madagascar 2/2
- Episode 12 : Le jour où… J’ai rencontré ma famille mondiale (1ère partie)
- Episode 13 : Le jour où… J’ai rencontré ma famille mondiale (2e partie)
- Episode 14 : Le jour où… Nirina partagea un moment lyrique
- Episode 15 : Le jour où... j’ai rencontré le maître de méditation américain Alan Wallace
- Episode 16 : Le jour où… J’ai visité le PIA Mind Centre en Thaïlande
- Episode 17 : Le jour où... j’ai rencontré Matthieu Ricard, moine bouddhiste et écrivain
- Episode 18 : Rodolphe et Nirina : plaidoyer pour le sourire
- Episode 19 : Le jour où... J’ai fait goûter le gâteau patate partout dans le monde
- Episode 20 : Le jour où… J’ai pris le temps de vivre à Madagascar
Les secrets du voyageur : sourires, réseaux et partage
Rodolphe et Nirina, l’interview

Joindre Rodolphe et Nirina : [email protected]

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