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Nathalie Astruc, journaliste free lance à Melbourne en Australie

Publié le 30 mai 2011

Nous avions laissé Nathalie étudiante en journalisme à Paris en 2006 (lire la 1ère interview). Nous la retrouvons à 27 ans, installée en Australie avec un "working holiday visa", toujours dans le domaine de l’art et du journalisme.

Nathalie Astruc

Racontez-nous votre parcours.

"J’ai eu mon bac L au Lycée de la Possession. A cette croisée des chemins dans ma vie, j’avais le choix entre une prépa lettres au Lycée Leconte de Lisle ou un DEUG de Lettres modernes en Sorbonne à Paris. J’ai choisi de partir".

Pourquoi ?

"Je sentais que je tournais en rond. J’avais besoin d’espace. Partir après le bac a été un moment très important pour moi. Couper le cordon ombilical, c’est très difficile mais nécessaire. De plus, les voyages forment la jeunesse ! Par la suite, mon parcours a plutôt été semé d’embûches".

Comment s’est passée votre arrivée ?

"Assez difficilement. Les Parisiens peuvent être très froids. J’ai eu divers problèmes personnels qui m’ont donné un aperçu du gouffre dans lequel les jeunes Réunionnais peuvent tomber. C’était très difficile, surtout en étant seule. Je suis passée par les services sociaux qui ne m’ont pas vraiment aidés. Et puis, il y a un moment où on est tellement au fond que la seule chose que l’on puisse faire, c’est donner un coup de talon pour remonter".

Qu’avez-vous fait pendant cette période ?

"Après quelques mois de cours, j’ai lâché la fac. J’ai travaillé à temps plein comme agent d’accueil à l’ANPE. J’ai repris les cours à la Sorbonne l’année scolaire suivante. J’ai changé de voie pour m’inscrire en Lettres modernes spécialisées (spécialisation médias et audiovisuel). J’ai raté mon Deug à quelques points et j’en ai eu assez. J’ai tenté un concours d’entrée dans une école de journalisme privée, l’ISCPA.

Que s’est-il passé ?

J’ai fait trois ans d’études dans cette école, des stages en France métropolitaine, en Belgique et à la Réunion. J’ai été journaliste pour un site internet d’information sur la santé et la nutrition (Santé la Vie) puis pour une société de production audiovisuelle produisant du contenu institutionnel et des documentaires (Pronto Prod). A la fin de ce contrat, je suis restée un an sans trouver de travail. Mais j’ai collaboré à un festival de film international à Paris, le Sexy International Paris Film Festival, une émanation française du festival australien. J’ai fait quelques piges pour une radio polynésienne, Radio 1 Polynésie, toujours attachée au lien outremer.

Et ensuite ?

Ne voyant plus d’issues professionnelles à Paris, j’ai décidé de partir pour l’Australie.
Je suis arrivée il y a maintenant quatre mois. J’ai fait un tour à Sydney avant de venir m’installer à Melbourne. J’aime beaucoup cette ville, où j’avais déjà eu la chance de venir il y a quelques années pour le mariage d’une cousine. Je la trouve très agréable et tournée vers les arts. Les gens sont aussi beaucoup plus "relax". Mon arrivée en Australie a été beaucoup moins difficile qu’à Paris pour bien des raisons. J’ai la chance d’avoir de la famille ici, le climat est beaucoup moins rude et les gens beaucoup plus sympathiques !

Nathalie Astruc

Où en êtes-vous aujourd’hui ?

J’ai intensément cherché du boulot dans ma branche, croyant peut-être à tort à un eldorado. J’ai essayé de me rapprocher des organismes français comme l’Alliance française, la SBS (radio locale qui a une branche française) et d’autres. En attendant de trouver un travail (dans ma branche ou pas), j’ai participé à la communication du Melbourne French Theatre et à celle de l’Australian Centre of Performing Arts. Grâce à cette dernière expérience, j’ai aussi mes premiers pas de comédienne dans des pièces courtes.
J’ai réussi à décrocher un petit boulot de serveuse dans une pâtisserie française il y a quelques semaines et je continue à chercher dans la communication et le journalisme. Toute mon actualité professionnelle est en ligne sur mon site nathalieastruc.com !

Qu’en est-il de votre activité artistique ?

Partir en Australie a aussi été l’occasion pour moi de faire de la scène. Je suis impliquée dans une comédie musicale (actrice extra, coach vocal, assistante de production) et je travaille sur mon propre spectacle en faisant quelques "gigs" (mini-concerts). Mon actualité artistique est visible sur mon site internet thalieastree.jimdo.com.

Quels sont vos projets ?

Réussir à m’épanouir. Cela paraît vague comme ça mais j’ai eu beaucoup de pressions, notamment financières à Paris et la vie est courte. J’ai aussi la pression du visa temporaire qui pèse en Australie (Working Holiday Visa). Mais je veux profiter des opportunités de toutes sortes ici. Je ne me vois pas rentrer en France ni à la Réunion pour l’instant. L’ambiance y est trop corrosive pour moi. A moins d’avoir une opportunité professionnelle en or mais j’en doute.

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

"Tout. La caresse de la brise marine, le soleil, le ciel bleu, l’air pur, mes parents, la nourriture, les odeurs, entendre le pilon le dimanche matin..."

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

"Dans mes galères parisiennes, j’ai pu rencontrer quelques personnes bien. Cette expérience m’a forgée et même endurcie. Et je me sens maintenant comme un poisson dans l’eau en Australie".

Quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

"Melbourne est très "easy-going" (que l’on pourrait traduire par "pas prise de tête"). Cette attitude peut aussi avoir quelques défauts mais c’est tout de même plus agréable que l’agressivité ou le parisianisme. Et je me sens aussi en sécurité et respectée en tant que fille.
L’hiver ici est plus frais que ce que je pensais mais c’est toujours très agréable. La nature est très accessible. ".

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

"L’île a pris un gros coup dans l’aile avec la crise du chikungunya. J’ai vu le phénomène de près, étant envoyée sur le terrain en qualité d’apprentie journaliste. Ajoutons à cela les mauvaises publicités comme les chiots-appâts et les attaques de requins... Je pense que les Réunionnais devraient être sensibles au fait que les subventions de l’Etat français ne sont pas éternelles et construire l’avenir politique de la Réunion".

Quels ont été les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion dans votre parcours ?

"Venir de la Réunion n’a pas vraiment influé sur mon parcours professionnel. Je suis considérée comme française ici et par extension, non-anglophone".

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

"La Réunion ne dit pas grand-chose aux Australiens. J’arrive à leur situer l’île grâce à Maurice, plus connue ici".

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