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Aurore Fen-Chong, consultante chez Deloitte à Genève

Publié le 27 novembre 2011

Lauréate des Talents de l’outre-mer 2011, Aurore a un parcours marqué par l’excellence. Après un bac au lycée Moulin Joli et deux ans de classes prépa à Louis le Grand à Paris, elle intègre la grande école d’ingénieurs Telecom SudParis. Egalement diplômée de l’Université Georgia Tech à Atlanta, elle décroche son premier emploi à 23 ans, en tant que consultante chez Deloitte en Suisse.

Aurore Fen-Chong
Photo de ma remise des diplômes à Georgia Tech Atlanta.

D’où êtes-vous à la Réunion ?

Je suis née au Port de parents modestes. Ma grand-mère maternelle a eu une douzaine d’enfants : ma mère, née à la Rivière Saint-Louis, est l’avant dernière fille. Mon père, né à l’Entre-Deux, est l’avant dernier garçon d’une fratrie de neuf enfants. J’ai été à l’école maternelle Yvonna Bigot au Port, à l’école primaire Raymond Mondon au Port et au collège Jean Albius au Port ; j’ai déménagé à la Possession quand j’étais au collège. A cette période là, ma sœur aînée était déjà partie en Métropole pour ses études de médecine et mon grand frère partait en Métropole lui aussi pour ses études supérieures. Finalement, j’ai été au lycée Moulin Joli à la Possession.

Dans quelles conditions avez-vous quitté l’île, à 17 ans ?

Quand j’étais au lycée, je souhaitais être professeur de mathématique mais j’avais l’ambition d’emprunter la voie royale : l’Ecole Normale Supérieure. Pour cela, il fallait que je passe les concours d’entrée et donc que j’étudie en classe préparatoire aux grandes écoles. Pour me donner un maximum de chance, j’ai postulé aux meilleures classes préparatoires dont Louis le Grand. Mon dossier a été accepté et j’ai donc quitté mon île natale.

Quels objets de la Réunion avez-vous apporté dans vos valises ?

J’ai ramené un lambe dont les motifs sont des fleurs de l’île, un chapeau de paille, un collier de coquillages, un CD de musique créole, un livre d’images de la Réunion. Certains de ces objets sont encore avec moi.

Quel a été votre parcours ?

J’ai étudié pendant deux ans en classe préparatoire scientifique à Louis le Grand à Paris.
En 2007, j’ai passé cinq semaines d’écrits pour les concours d’entrée aux grandes écoles d’ingénieurs : Mines-Ponts, Centrale Supélec, Concours Communs Polytechniques, e3a (créés par l’École nationale supérieure d’arts et métiers et par l’École spéciale des travaux publics, du bâtiment et de l’industrie), Écoles Normales Supérieures. Et quelques semaines plus tard, j’ai passé aussi quatre semaines d’oraux. Finalement, j’ai intégré Telecom SudParis, une grande école d’ingénieurs qui offre une formation orientée technologies de l’information et de la communication.

Et ensuite ?

En 2009, j’ai postulé pour un master "Electrical & Computer Engineering" à Georgia Tech, l’une des cinq meilleures universités américaines concernant le programme ingénieur. J’ai effectué un semestre à Georgia Tech Lorraine en 2010 et un semestre à Georgia Tech Atlanta en 2011. Entre les deux, durant mon stage de 6 mois aux Bell Labs, département de recherche d’Alcatel-Lucent, j’ai co-rédigé un article de recherche pour OFC/NFOEC 2011 sur les réseaux optiques. Cependant, c’est chez Deloitte à Genève que je travaille en tant que consultante depuis septembre 2011.

Vous vous êtes également engagée au niveau sportif et associatif...

Tout au long de ma scolarité, j’ai participé à des concours ou à des compétitions. J’ai été gymnaste au Port, ce qui m’a amenée à participer aux championnats par équipe en Métropole à Dunkerque vers la fin des années 1990. J’ai été nageuse au Port aussi, ce qui m’a amenée à participer au Meeting International de l’océan Indien dans les années 2000. J’ai participé une fois à la finale du championnat d’orthographe de la région de l’océan Indien. En 2009, j’ai participé à la 1ère édition du concours FIRST encadré par la « Fondation Telecom » (Alcatel-Lucent, BNP Paribas, Orange, SFR) et j’ai été sélectionnée pour un voyage d’une semaine dans la Silicon Valley en Californie afin de visiter des entreprises comme Google ou Facebook.

En école d’ingénieur, je me suis également investie dans quelques associations ou clubs. J’ai été membre d’un club de théâtre. J’ai été que responsable des relations entreprises internationales, dans l’association « forum des télécommunications », dont le but est d’organiser un salon de recrutement à Paris Expo – Porte de Versailles, rassemblant près de 4000 visiteurs et 100 entreprises. J’ai participé à HF Management (comprendre Homme Femme ou Haut les Filles), programme organisé par Companieros, pour réfléchir sur la notion de mixité et sur mes premiers choix professionnels.

Quels sont vos projets ?

Je veux apprendre et tirer un maximum d’expérience de mon premier emploi. Lorsque j’aurai acquis un bon rythme de travail, les week-ends, j’aimerais visiter quelques villes d’Europe : Budapest, Lisbonne, Venise… Autrement, cet hiver, j’espère profiter des montagnes à proximité de la Suisse pour me remettre à skier (la première et dernière fois, c’était en 1998 je crois). Quand l’été reviendra dans l’hémisphère Nord, je prévois de faire des randonnées. A plus long terme, j’aimerais bien me marier et fonder une famille.

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

L’impression que l’on ne voyage jamais assez…

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

Evidemment ma famille me manque mais il y aussi les plats créoles, les fruits exotiques, le soleil tropical, les plages réunionnaises, l’ambiance chaleureuse, la vie insouciante sur notre petite île, etc.

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

Je pense qu’à la Réunion, les gens sont plus solidaires, c’est une forme de richesse sociale. On n’hésitera pas à venir en aide à un membre de notre famille ou à un voisin qui a un problème. Autrement, il n’y a pas assez d’emplois à la Réunion mais quitte à être chômeur, autant l’être au soleil.

Quels ont été les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion dans votre parcours ?

Dans mon équipe, il y a des gens de Belgique, d’Italie, d’Allemagne, de Chine, de Suisse et de Métropole... Je ne fais qu’apporter un peu plus de diversité. Fière de mon origine réunionnaise, partout où je passe, je donne le meilleur de moi-même pour
faire honneur à mon île natale.

Vous même, quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

La Suisse, c’est magnifique. Parfois, je trouve qu’elle ressemble à mon île. Je suis entourée de montagnes. Le lac Léman est tellement étendu qu’il me fait penser à la mer. En dehors du travail, je n’ai pas encore pu nouer beaucoup d’amitiés et je ne peux pas vraiment donner d’opinion sur les habitants de la région en me basant sur ma relation avec les collègues de travail. Je peux pour le moment ne parler que de ma rencontre avec un retraité Suisse très gentil et serviable. Il est conscient qu’il vit dans un espace naturel splendide qui malheureusement tend à se dégrader justement parce qu’il attire trop de touristes ou bien parce que l’économie suisse appâte beaucoup de travailleurs.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

Avant de quitter la Réunion, profitez de notre île. Et pour ceux qui y restent, prenez conscience de la chance que vous avez de vivre sur notre petit paradis et préservez notre patrimoine.

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