Publicité

Regard sur l’actualité – Joëlle Huet au Maroc

Publié le 13 décembre 2011

Consultante en ressources humaines, Joëlle vit à Casablanca depuis deux ans avec son mari expatrié et leurs deux enfants. Alors que le Maroc a échappé au « printemps arabe » de 2011, cette Portoise de 34 ans nous décrit de l’intérieur un pays en plein développement économique et plutôt attaché à sa monarchie.

Joëlle Huet

Pouvez-vous vous présenter svp ?

J’ai 34 ans, deux enfants et je suis installée au Maroc depuis deux ans et demi maintenant, suite à une opportunité d’expatriation de mon conjoint. Je suis née au Port, ai grandi à Saint Denis et ma famille est originaire de Saint Joseph (les Mussard !). J’ai quitté la Réunion en 1995 pour suivre mes études en France. Je suis actuellement consultante en ressources humaines à Casablanca. 

Quelle est la situation politique au Maroc ?

"Le printemps arabe" est dans tous les esprits, car ici aussi la corruption est le principal fléau. De ce que j’ai pu lire dans la presse, certains membres du gouvernement ont été contestés depuis le début de l’année et cela a amené les élections de ces derniers jours. Le Parti Islamiste les a remporté, apparemment sans surprise. Le taux de participation même s’il est resté encore faible, a été malgré tout en augmentation par rapport aux précédentes élections. C’est donc que la population s’implique peu à peu.

Comment expliquez-vous que le Maroc ait échappé au « printemps arabe » ?

Si la grande majorité des Marocains ne se sentent pas pris dans ce mouvement, c’est que dans l’ensemble ils continuent à aimer leur Roi. Le pouvoir a entrepris beaucoup d’efforts pour éradiquer la corruption mais il faudra attendre encore longtemps pour en arriver là. Il y a par ailleurs au Maroc une très grande solidarité familiale qui permet aux plus démunis de pouvoir manger et de se soigner. Beaucoup de gens ont recours à des petits boulots pour se nourrir et payer les frais de santé dans leur famille.

Vous évoquez également une économie « à deux vitesses »...

Le Maroc se développe très vite ! Depuis mon arrivée, des franchises ouvrent tous les mois : nous avons désormais quasiment toutes les grandes marques françaises (même si il faut compter 30% plus cher), et dans quelques jours jours ouvrira le premier grand centre commercial de Casablanca, avec boutiques de luxe, aquarium géant, attractions... Le Royaume a misé sur le développement de secteurs prioritaires tels que l’aéronautique, l’automobile, l’offshoring, secteurs aujourd’hui fortement créateur d’emplois. Cependant les salaires restent très bas comparés à la France par exemple, puisque le SMIC ici est d’environ 200 euros par mois ! Cela amène donc une économie à deux vitesses, avec les immensément riches qui roulent en 4x4 de luxe et dépensent sans compter et les très très pauvres qui n’ont bien souvent pas de sécurité sociale et vivent au jour le jour.

Comment voyez-vous l’évolution du Maroc dans les prochaines années ?

Selon moi, il faudra de nombreuses années avant que le pays puisse atteindre le niveau de développement qu’il souhaite. Il y a encore beaucoup à faire en terme d’éducation et de lutte contre l’analphabétisme. Par ailleurs de grands chantiers ont été amorcés : tramway, autoroutes, TGV... qui permettront au pays de disposer de bonnes infrastructures. En attendant il faut s’armer de patience car avec tous ces travaux, la circulation est devenue infernale à Casablanca. Le schéma d’aménagement de la ville n’a pas été pensé pour absorber la très forte augmentation de la population : 4 à 5 millions d’habitants aujourd’hui à Casablanca.

En tant que Réunionnaise, quelles ressemblances / différences voyez entre le Maroc et la Réunion ?

Le Maroc est un pays très chaleureux ! J’ai retrouvé dans ce pays une atmosphère des îles qui me manquait en France : il fait beau, le tutoiement est de rigueur, les gens sont accessibles, on partage beaucoup autour du repas... et la douceur de vivre existe ! La principale différence tient dans la religion. Le Maroc est un Royaume musulman et la place de la femme dans la société est très différente de ce que j’ai pu connaître. Même si en tant qu’étrangers, nous sommes beaucoup moins concernés.

Article publié dans Le Quotidien du 11 décembre 2011

Publicité