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Regard sur l’actualité : Grève générale en Belgique

Publié le 26 décembre 2011

Originaire du Tampon, Laurent Dennemont vit en Belgique depuis 2003. Responsable adjoint au service Sport, Jeunesse et Jumelage de l’administration communale d’Ixelles - l’une des 19 communes de la région Bruxelles-Capitale - ce père de deux enfants marié à une Belge nous décrit en décembre 2011 un pays en pleine crise politique et institutionnelle. Laurent est membre de l’association des Réunionnais de Belgique.

Laurent Dennemont

Pouvez-vous nous expliquer cette grève générale des services publics en Belgique ?

Jeudi dernier les syndicats ont organisé en front commun une journée totale de grève des services publics. Les raisons : après l’euphorie de la mise sur pied d’un gouvernement, suite à 541 jours de crise politique (record du monde s’il vous plaît !), le nouveau ministre libéral des retraites a voulu imposé sa "patte" en passant en force, pendant les fêtes de fin d’année, une véritable réforme des retraites. L’enjeu est ici de retarder non pas l’âge de la retraite (65 ans), mais l’âge de la pré-retraite, qui passe de 60 à 62 ans. Au-delà de la question de fond, c’est surtout sur la forme que les syndicats se déclarent indignés. Sous prétexte d’urgence face à la crise, face à la pression des marchés, face aux nécessaires réformes et à tout le reste, le ministre a décidé de passer en force, faisant fi de tous les acquis sociaux et de la tradition belge de concertation sociale. Pour résumer, la classe politique a mis plus d’un an et demi à trouver un accord de gouvernement et ceux-ci reportent désormais la responsabilité de l’urgence de la situation sur les travailleurs du service public. Je vous laisse imaginer la suite...

Quelle est la situation politique du pays ?

Au niveau institutionnel, nous disposons maintenant d’un gouvernement, avec pour la première fois depuis de nombreuses années, un premier ministre francophone : Elio Di Rupo, un grand monsieur brun qui ne sort jamais sans son nœud papillon rouge. On parle d’ailleurs du gouvernement papillon. Pour trouver un accord de gouvernement, l’ensemble des partis ont choisi d’évincer le N-VA, parti séparatiste de droite flamand, qui culmine à plus de 40% des vois en Flandres... Il faut savoir que les Flamands représentent 60% de la population de la Belgique, soit plus de 6 millions de Belges sur 10 millions. Donc si dans la partie francophone le gouvernement a une légitimité certaine, en Flandre ce n’est pas vraiment la cas. Et Bart De Wever, le chef de la N-VA, n’attend qu’un faux-pas du gouvernement en place pour se replacer au centre de l’échiquier !

Y-a-t-il toujours des frictions linguistiques dans le pays ?

Les frictions ne sont pas vraiment linguistiques, bien qu’elles se traduisent de la sorte. En fait nous vivons simplement dans un pays à deux vitesses. Comprenez que les Flamands et les Francophones n’utilisent pas du tout les mêmes médias. Il y a des chaînes de TV, des journaux, des magazines différents, avec un traitement de l’information différent. Au final seul l’Histoire et la monarchie royale fédèrent ce pays composé de deux entités distinctes.

Comment voyez-vous l’évolution de la Belgique dans les prochaines années ?

Si quelqu’un a la prétention de répondre à cette question, alors c’est un menteur... Je ne suis pas particulièrement attaché à la Belgique en tant que pays. Cela ne m’empêche pas d’aimer y vivre, d’aimer les Belges et de croire que nous trouverons des solutions tous ensemble. En outre la crise des institutions européennes n’est pas plus ressentie à Bruxelles qu’au Tampon... Simplement de temps à autres, le quartier européen de la ville est coupé du monde et les hélicoptères tournent au-dessus de nos têtes.

J’en profite pour souhaiter de bonnes fêtes à toute la famille Dennemont-Sautron au Tampon, particulièrement à mémé Thérèse !

Article publié dans Le Quotidien du 24 décembre 2011

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