Publicité

Mélodie Parrot, étudiante à l’ENSICA à Toulouse

Publié le 16 janvier 2012

Après deux ans de prépa scientifique Math Sup et Math Spé à la Réunion et une année au lycée Hoche à Versailles, Mélodie intègre l’ENSICA (Ecole Nationale Supérieure des Ingénieurs en Constructions Aéronautiques) à Toulouse. Actuellement élève-ingénieur en troisième année, elle a été distinguée, à 23 ans, en tant que Talent de l’Outre-mer 2011 (cliquer pour en savoir plus).


Mélodie Parrot

Racontez-nous votre parcours.

Je viens de Saint-Denis. Mon père était chef de chantier et ma mère institutrice. Après leur divorce, puis le décès de mon père quelques années après, ma mère m’a élevé seule avec ma petite sœur. Après obtention d’un Bac S, j’ai intégré la prépa scientifique, Maths Sup-Maths Spé à la Réunion. J’ai décidé de redoubler la deuxième année de prépa en Métropole, dans un lycée très « coté » à Versailles (Hoche), afin d’améliorer mes résultats aux concours et d’obtenir une des meilleures écoles d’aéronautiques de France.

Quels objets de la Réunion avez-vous apporté dans vos valises ?

J’ai emporté mes cours de prépa qui me suivent toujours... Non, plus sérieusement, la première fois que je suis partie de la Réunion, je n’ai pas vraiment emporté d’objets de la Réunion avec moi, à part des photos de famille et d’amis. C’est après avoir vécu un premier hiver plutôt rude en métropole qu’en rentrant pour les vacances, j’ai mis dans mes valises des photos et des posters de la Réunion, un collier, des boucles d’oreille paille-en-queue et deux petites pierres volcaniques du Piton de la Fournaise. Ces objets ne me quittent plus et me rappellent d’où je viens, et la chance que j’ai eu de grandir sur mon île…

Comment se sont passés vos débuts en métropole ?

J’ai d’abord vécu une année à Versailles. L’arrivée a été plutôt difficile car j’ai du m’installer seule (remplir les modalités de location d’un appartement et le meubler). Ce sont mes premières actions sans les parents derrière. Donc quand j’y repense maintenant, je suis plutôt fière de m’en être sortie toute seule ! L’adaptation au milieu versaillais a été assez difficile elle aussi, car la mentalité des jeunes n’est pas la même qu’à la Réunion. Mais allant plutôt facilement vers les autres et étant ouverte d’esprit (merci la Réunion pour le mélange des cultures !), je me suis fait des amis avec qui je garde toujours contact. Je pense que la première année est la plus dure car on affronte l’hiver, les fêtes sans la famille et on vit seul pour la première fois.

Et ensuite ?

Ma deuxième année a été marquée par mon arrivée à Toulouse, la ville rose, afin d’intégrer l’ENSICA, l’école d’ingénieurs que je visais ! L’ambiance était très différente de la prépa, car nous venions tous des quatre coins de la France (ou plutôt cinq avec la Réunion...) et avions « trimé » pendant deux voire trois ans pour certains. L’esprit est donc plus à la fête qu’au travail ! Même si le début a été assez difficile, je n’ai pas trop à me plaindre de mon parcours. J’ai toujours trouvé sur mon chemin des personnes pour m’aider et me soutenir.

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

Je pense que cette expérience de mobilité m’aura fait grandir ! Je ne m’étais jamais débrouillée seule avant de quitter la Réunion. J’ai du également m’adapter à un milieu assez dur au premier abord, à une mentalité différente. On se rend compte qu’on a grandi dans une sorte de petit cocon sur notre île. Je pense que la tolérance et l’ouverture d’esprit, que j’ai pu acquérir à la Réunion, sont des atouts qui m’ont permis de m’intégrer en Métropole. Enfin, je dirais que cette expérience de mobilité m’a apporté la chance de pouvoir poursuivre de grandes études et le parcours de mon choix, non accessible à la Réunion.

Quels sont vos projets ?

Je suis actuellement à la recherche d’un stage pour mon projet de Fin d’Etudes. Je souhaiterais l’effectuer dans le domaine spatial, en France ou à l’étranger. Après l’obtention de mon diplôme d’ingénieurs en septembre 2012 (si tout se passe bien), je songe à m’orienter vers un Master d’Astrophysique. Plus tard, je souhaite en effet travailler dans le domaine spatial.

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

Ce qui me manque le plus : le climat, ne pas avoir à porter des couches de vêtements, sentir la chaleur du soleil, passer plus de trois jours avec un ciel bleu... c’est plus important qu’on ne le croit pour le moral. La mer aussi me manque. On n’y prête guère attention lorsqu’on vit à la Réunion, mais peu importe l’endroit où l’on se trouve sur l’île, on peut quasiment toujours l’apercevoir ! Et puis la famille bien évidemment, les fêtes et repas familiaux qui semblent si rares dans les familles métropolitaines !

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

Une petite île où il fait bon vivre avec son histoire et son propre système de fonctionnement. Pour moi, c’est un petit coin de paradis, une « bulle » un peu à l’écart du reste du monde avec des habitants de tous les horizons, accueillants et fiers de leur patrimoine.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

Il faut partir à un moment pour « découvrir le monde », même si l’on revient ensuite. Persévérer et tenir bon car ce sera dans tous les cas une expérience enrichissante. Et, surtout, ne pas croire que parce qu’on vient d’une petite île, on n’est pas capable de faire aussi bien voire mieux que les métropolitains…

Lire aussi :
Cinq Réunionnais primés aux Talents de l’Outre-Mer 2011
30 parcours d’excellence de l’outre-mer distingués par le Casodom

Publicité