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Les Hauts de la Réunion : au coeur de l’identité créole

Publié le 9 avril 2012

Les Hauts de La Réunion ne méritent pas seulement
leur majuscule pour le grand spectacle qu’ils
offrent, dès que le vent balaie les nuages. Ils
constituent un ensemble à part, fait de paysages
montagneux aux antipodes des ambiances
tropicales du littoral, mais aussi d’une identité
créole spécifique, née de l’isolement et de
l’adaptation à de multiples contraintes.

parc national de la Réunion - photo : Hervé Douris
Le cirque de Cilaos, vu des Makes.

Extrait du livre Au coeur du Parc national de la Réunion de Bernard Grollier et Hervé Douris (le lien pour commander en fin d’article) :


Les hauteurs réunionnaises,
tardivement conquises, sont aussi un
lieu de vie. Esclaves marrons puis petits
colons, leurs habitants se sont adaptés
au relief et au sol ingrat, perpétuant une
culture de l’humilité et de la résistance.
Le coeur de l’île abrite aussi une partie
de son âme.

Les Hauts de La Réunion ne méritent pas seulement
leur majuscule pour le grand spectacle qu’ils
offrent, dès que le vent balaie les nuages. Ils
constituent un ensemble à part, fait de paysages
montagneux aux antipodes des ambiances
tropicales du littoral, mais aussi d’une identité
créole spécifique, née de l’isolement et de
l’adaptation à de multiples contraintes.

Car au milieu de ces décors à couper le souffle, vivent des
hommes, qui ont appris à composer avec une nature hors
norme : la montagne ne se conquiert jamais tout à fait et a
toujours imposé sa loi à ceux qui sont venus la défier.
Les Hauts ont d’abord accueilli ceux qui ne trouvaient
pas leur place dans les Bas. Dès les premières décennies
du peuplement de l’île, à partir de 1665, alors que le
système esclavagiste se mettait insensiblement en place,
c’est vers ces hauteurs vierges que les serviteurs des colons
pionniers partirent se mettre à l’écart des brimades. Quand
l’esclavage devint organisé, au début du XVIIIe siècle, pour
les besoins de la culture du café, les montagnes furent la
seule échappatoire des marrons qui refusaient les chaînes
et le fouet.

parc national de la Réunion - photo : Hervé Douris
Cirque de Salazie

Ces premiers habitants des Hauts, qui étaient sans doute
d’origine malgache en grande majorité, durent faire face
à une nature peu hospitalière. Les produits comestibles
sont rares dans les forêts primaires et la quasi absence
de mammifères ne facilitait pas la quête de nourriture.
Les feux de camp étaient allumés avec parcimonie, sous
peine de signaler la présence des fuyards. Pour se mettre
hors de portée des « chasseurs de Noirs » lancés à leurs
trousses armés de mousquets, les marrons recherchaient les
cachettes les plus reculées, se réfugiaient sur les hauteurs
les plus froides. Pendant ces décennies de fuite et de traque,
les esclaves laissèrent peu de traces de leur passage, mais
une empreinte durable dans la toponymie de l’intérieur de
l’île. Nombre de pitons et de sites, jusqu’aux trois cirques,
ont été baptisés de noms malgaches et les ont conservés de
manière plus ou moins déformée : Mafate, Cilaos, Salazie,
Bélouve, Taïbit, Cimendef, Bénare…

Durement réprimé, le marronnage a quasiment disparu,
au début du XIXe siècle, quand s’amorce un autre
mouvement de population vers les Hauts. La canne à
sucre commence à recouvrir les Bas, un véritable combat
pour la terre s’engage entre les grands propriétaires.
Les esclaves continuent à débarquer des bateaux négriers,
les fortunes se bâtissent. Mais une partie de la population
blanche s’enfonce dans la pauvreté. La société coloniale
ne lui accorde guère d’importance. Elle va bientôt former
le gros des troupes migrant vers les cirques et les plaines
d’altitude, en quête de champs à cultiver.

Petits Blancs

La colonisation de la montagne commence en 1830 par
Salazie, le cirque le plus accessible. Des propriétaires de
l’Est, s’estimant lésés par les grandes familles, obtiennent
des concessions dans ce qu’on appelle alors le « cirque de
la Mare à Poule d’Eau ». Sur les terres les moins pentues,
ils installent leurs exploitations et leurs esclaves. Les petits
colons suivent. Ils défrichent des terres de « troisième
catégorie » qui n’intéressent pas les gros, marchent sur
les traces des esclaves marrons. Après Salazie, la plaine
des Palmistes, Cilaos et Mafate se peuplent à leur tour...
L’exode de la dernière chance s’accélère après l’abolition
de l’esclavage, en 1848. La Réunion manque de bras.
Les affranchis refusent en masse la nouvelle condition...

A suivre

Commander : Au coeur du Parc national de la Réunion

Voir aussi les extraits :

Le Piton de la Fournaise au coeur du Parc national de la Réunion
Le Grand Vert : la forêt réunionnaise
La Réunion : la plus haute des îles de l’océan Indien

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