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Appel à contribution pour un ouvrage universitaire sur la Réunion

Publié le 2 mai 2012

« Complexités réunionnaises et nuances analytiques »© : par sa spécificité culturelle et sociale, la société réunionnaise invite de nombreux auteurs à produire du sens. Des historiens aux anthropologues, en passant par les sociologues, les psychologues, les géographes, les littéraires et les journalistes, une profusion de textes et d’ouvrages ont vu le jour depuis plusieurs décennies, et le phénomène ne cesse de croitre. L’ouvrage auquel nous vous invitons à participer veut poser un jalon réflexif dans la compréhension de La Réunion en scrutant et en exposant les enjeux implicites des récits produits.

Couverture de l’ouvrage Anthropologies de la Réunion paru en 2009.

APPEL A CONTRIBUTION POUR PUBLICATION

Il y a déjà plusieurs décennies, Michel Foucault rendait les chercheurs en sciences humaines et sociales attentifs à la relation étroite mais pratiquement jamais avouée entre savoir et pouvoir. Depuis, un sens critique régénérateur a été particulièrement développé dans ce champ, impulsé notamment Outre-Atlantique par des travaux tels que ceux de Marcus & Fischer ou Rabinow, en Europe par les écrits de Bourdieu, de Grignon, de Caratini. Le projet de cet ouvrage est d’appliquer ces acquis réflexifs sur la société réunionnaise en interrogeant principalement les aspects non-dits des productions intellectuelles la concernant.

Par sa spécificité culturelle et sociale, la société réunionnaise invite de nombreux auteurs à produire du sens sur ses différentes facettes. Des historiens aux anthropologues, en passant par les sociologues, les psychologues, les géographes, les littéraires et les journalistes, une profusion de textes et d’ouvrages ont vu le jour depuis plusieurs décennies, et le phénomène ne cesse de croitre.

Ce qui en un sens est intéressant – une multitude de réflexions – n’est pourtant pas en soi un gage de rigueur dans les analyses proposées. En effet, la société réunionnaise postcoloniale suscite des passions et des engagements, pas toujours spécifiés, par les narrateurs. Entre l’idéologie, la prescription, le jugement et la "description objective", la frontière n’est pas toujours très nette, même si c’est cette dernière description qui est la plus fréquemment évoquée.

Souvent, les analyses développées s’inscrivent implicitement, mais trop rarement explicitement, dans le cadre d’un agenda intellectuel, conscient ou inconscient. Il revient donc aux chercheurs en sciences humaines et sociales de :

1/ mettre en œuvre une problématique rigoureuse et une méthodologie fondée sur des données de terrain récentes et de première main ;

2/ produire une analyse heuristique et discutable ; i.e. qui ne soit pas fondée sur une généralisation abusive ou construite à partir de spéculations arbitraires issues du recueil de quelques données (voire sur une réécriture fragmentée des données collectées de manière à donner l’illusion d’enquêtes approfondies) ;

3/ développer une réflexivité dans leurs travaux, en positionnant, autant que faire se peut, leur(s) perspective(s), afin de donner aux lecteurs les éléments de leurs analyses et interprétations ;

4/ lire d’un œil critique les travaux de leurs prédécesseurs sur les mêmes objets et thèmes que les leurs, en "localisant" si possible les aspects idéologiques de leurs perspectives.

Ces quatre points qualifient une approche exigeante mettant en jeu à la fois l’éthique et la réflexivité. A défaut de la déployer, les analyses proposées risquent de participer d’une narration autoritaire et de favoriser une compréhension figée, donc déformée de la société réunionnaise. Par sa complexité, la société réunionnaise exige la nuance dans les travaux et analyses entrepris.

L’ouvrage auquel nous vous invitons à participer veut poser un jalon réflexif dans la compréhension de La Réunion en scrutant et en exposant les enjeux implicites des récits produits. Il ne se restreindra pas à l’anthropologie mais inclura d’autres réflexions dans le champ des sciences humaines et sociales.

Le projet est de complexifier la compréhension de cette société en sortant des formulations attendues qui mélangent souvent des catégories de sens commun (émiques) et celles des chercheurs (étiques). La diversité des textes et des sujets traités devrait donner à ce livre un statut de "manuel critique" utile pour tout étudiant ou chercheur travaillant ou voulant travailler sur cette société qui ne peut être simplifiée à grands traits essentialisants, totalisants ou restitutifs (ie. en validant sans problématisation des constructions de la réalité qui seraient celles des acteurs sociaux ou des chercheurs).

Les contributions pourront s’inscrire dans trois grands thèmes qui composeront les parties de l’ouvrage :

1/ des réflexions sur des méthodologies employées à tort ou à raison pour évoquer La Réunion.

2/ des réflexions-réflexives, c’est-à-dire objectivées, sur la position personnelle et intellectuelle des auteurs dans leurs propres productions narratives sur La Réunion.

3/ des réflexions critiques sur des textes publiés sur/à La Réunion (et aux succès divers), en resituant les logiques analytiques, et peut-être idéologiques, qui les sous-tendent.

Il s’agit donc de marquer ici un temps d’arrêt sur les productions textuelles sur La Réunion et de réfléchir de façon critique et exigeante sur le sens produit sur celle-ci plutôt que de façonner d’autres analyses qui viendraient s’accumuler aux précédentes...

Directeurs de publication :

- Christian Ghasarian (Institut d’ethnologie, Université de Neuchâtel, Suisse),
- Laurence Pourchez (UFR Santé, Université de La Réunion)
- Philippe Vitale (Département de Sociologie, Aix-Marseille Université).

1/ Proposition de contribution à l’ouvrage :

Titre et 15 à 20 de lignes de projet, à transmettre avant le 1er Juin 2012 au comité scientifique : les trois directeurs de publication ; Professeur Philippe Erikson (Université de Nanterre Paris X) ; Daniel Frandji (Triangle, ENS Lyon) ; Professeur émérite Hubert Gerbeau (IEP, Aix-en-Provence), Alain Moreau, (Aix-Marseille Université).

Ces textes doivent parvenir en attachement (au format word) à l’adresse mail suivante :

appelpourpubli.reunionXgmail.com

Afin d’éviter les spams et autres mails ‘trash’, le @ a été remplacé ci-dessus par X

2/ Une fois le résumé accepté par le comité scientifique (réponse début Juillet 2012) :
- Texte : de 10 000 à 40 000 signes (espace non compris) maximum
- Notes : en bas de page
- Résumé : environ 150 mots (en français et en anglais et/ou créole selon la graphie de votre choix)
- Biographie : un texte biographique d’environ 100 mots sera joint
- Deadline : articles à envoyer au plus tard le 30 novembre 2012
- Publication : 2013

Les textes devront respecter la mise en page suivante :

- Pour le corps du texte : police de caractères Arial ; taille 12 ; interligne 1,5 ;
- Pour les notes de bas de page : taille 9 ; interligne 1.
- Les références bibliographiques devront quant à elles se présenter sous la forme suivante :
- Pour un livre : Métraux Alfred, 1967, Religions et magies indiennes d’Amérique du Sud, Paris, Gallimard ;
- Pour un article : Hamayon Roberte, 1997, "Esprit, es-tu encore là ?", L’Homme, Paris, 143 : 117-122.

Bien à vous,

Salazie, Neuchâtel, Aix-en-Provence, le 30 avril 2012

Laurence Pourchez, Christian Ghasarian & Philippe Vitale

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