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Crise malgache : la voie de la coopération économique

Publié le 15 mai 2012

Chargé de coopération économique entre Madagascar et la Réunion sous la tutelle de France Volontaires, basé à Tananarive depuis début 2012, David Bioux est titulaire d’un Master 2 Marketing et Développement commercial à l’IAE de la Réunion. Amené à travailler avec des organismes comme le Club Export, la Région Réunion et la CCIFM, il réalise des missions telles que l’accompagnement d’entreprises réunionnaises sur la Grande Ile, l’organisation de salons sur le développement durable et de la Foire internationale de Madagascar, la réalisation de l’Annuaire des savoir-faire de Madagascar, la veille économique...

David Bioux (à gauche)

Depuis début 2012, les faits-divers violents se sont multipliés à Madagascar. Comment vivez-vous cela sur place ?

Des informations inquiétantes sont relayées en ce moment dans les médias (Internet, presse, télé, radio). Ces violences ne sont pas communes. Les Malgaches étant très pacifiques et ce type de faits divers relativement nouveau, la population ne comprend pas très bien cette accès de violence.
Chaque matin je lis trois quatre quotidiens. Il y a parfois des faits divers vraiment sordides et les Malgaches, comme les résidents ou même touristes, subissent des violences allant du simple vol au meurtre (comme le cas de Tuléar). C’est une triste réalité qu’il faut nuancer avec l’incroyable gentillesse et la générosité de la majorité de la population malgache.

Quelles sont les conséquences de cette insécurité dans votre vie personnelle ?

En ce moment je passe 70% de mon temps libre avec des Malgaches car je fais de la photographie. Le weekend, nous sortons dans Tananarive et aux alentours. La population est vraiment adorable et cela permet d’apprendre la langue plus facilement. Il y a des quartiers dans lesquels mes amis malgaches n’osent pas s’aventurer, surtout la nuit, mais en règle générale nous sommes prudents et cela se passe très bien. Mais je reste prudent dans tous mes déplacements, comme partout à l’étranger. Il faut être vigilant à Tana mais aussi savoir profiter. Je sors le soir pour faire du sport, manger, faire des courses. Je prends le taxi B occasionnellement et je fais beaucoup de trajets à pied. Connaitre le terrain est toutefois indispensable et il faut écouter les conseils des résidents et de la population locale qui vous sauront vous donner de précieuses informations et vous orienter.

Avez-vous reçu des consignes particulières en tant qu’expatrié ?

Je répéterai les paroles du colonel Strub attaché à la sécurité intérieure à l’ambassade de France : ne vous faites pas remarquer (à l’étranger nous avons souvent tendance à relâcher notre vigilance), restez vigilant, n’exhibez pas vos richesses dans un pays où beaucoup luttent pour leur survie. Dans ce cas vous aurez beaucoup de chance de passer un bon séjour à Madagascar.

Au-delà des faits-divers, y-a-t-il d’autres signes inhabituels ?

Beaucoup d’institutions sont en grève en ce moment : les magistrats, les professeurs, les étudiants manifestent, tout comme les conducteurs de bus qui ne sont pas assez payés.
Madagascar prépare des élections législatives pour novembre 2012 - si les procédures imposées par le Communauté de développement de l’Afrique Australe (SADC) sont respectées - et des élections présidentielles à « prévoir » aux alentours d’avril 2013 selon la presse quotidienne.

Selon vous quelles sont les raisons de la crise à Madagascar ?

Beaucoup de Malgaches qui travaillent gagnent 100 000ar par mois, soit environ 35€. C’est le salaire d’un cuisinier, d’un serveur, d’un gardien, d’une femme de ménage, etc. Imaginez la difficulté de nourrir une famille avec ça, surtout à Tananarive. Un jeune entrepreneur qui veut investir aura énormément de difficultés à emprunter, car les taux d’intérêts ici sont entre 20 et 30%... Il y a aussi beaucoup de chômage en ce moment, surtout chez les jeunes, mais l’activité économique est surement le pilier qui tient Madagascar en ce moment.

Qu’est ce qui vous fait dire cela ?

Dans mon travail, je rencontre beaucoup d’acteurs économiques et je peux dire qu’il y a de nombreuses opportunités ici. Madagascar est une terre riche où il est possible de générer du profit (de manière équitable bien entendu). La 7eme édition de la Foire internationale de Madagascar ainsi que le Salon international du tourisme qui se dérouleront tous les deux fin mai 2012 sont des moments très important pour Madagascar et son économie.

La Réunion a-t-elle un rôle à jouer dans ce qui se passe sur la Grande Ile ?

Plus de 50 entreprises réunionnaises sont installées à Madagascar, telles que Dom’eau, Facto Saatchi & Saatchi, Stop insectes et beaucoup d’autres. Il faut continuer de développer les échanges dans la région car cela crée de l’emploi à Madagascar, et cela permet aux entreprises réunionnaises de trouver de nouveaux marchés à proximité. Selon le témoignage de M. Couapel, directeur de Dom’eau, un employé payé dignement nourrira toute sa famille et plus encore. Cela constitue une des solutions au problème global.

Quelle est l’action de France Volontaires à Madagascar ?

La Réunion envoie des volontaires qui œuvrent dans divers domaines tels que l’agriculture, le tourisme, la culture, l’éducation, les Alliances francaises, la santé, l’économie... Nous sommes des petites mains qui partageons le savoir-faire que nous avons acquis à la Réunion. La culture, l’ouverture d’esprit, le sens du partage typiques de la Réunion, nous faisons tout pour le partager avec la population locale. Nous nous pouvons pas prétendre changer les choses à notre échelle, mais par le travail effectué, nous laissons une trace durable et positive de notre passage. Nous pouvons être fiers de la signature « Made in Réunion » !

Le profil de David Bioux

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