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Regard sur l’actualité : témoignage d’une Réunionnaise au Liban

Publié le 5 juin 2012

Native de Sainte Suzanne, Marie Josée Ramsamy - épouse Gay Para – vit au Liban depuis une quinzaine d’années.

Marie Josée Ramsamy épouse Gay Para

Quel est votre parcours personnel ?

J’ai épousé un franco-libanais, maitre de conférence enseignant à l’ESSEC. J’ai habité quelques temps à Paris avant de rejoindre le Liban il y a une quinzaine d’années. Mon mari étant fils d’hotelier - son père a construit le célèbre hôtel Byblos à Saint Tropez -, un projet lui tenait particulièrement à coeur : l’aménagement d’un complexe touristique sur une partie du site de Byblos au Liban. Situé à 30km de Beyrouth, Byblos est l’une des villes les plus anciennes du monde, classée au patrimoine mondial de l’Unesco. Elle abrite un site archéologique datant du néolithique, un chateau ayant appartenu aux Croisés et un port antique où naquit l’alphabet.

Quelle est votre activité au Liban ?

Je suis PDG d’une société qui possède un peu plus de la moitié du port de Byblos. Je la gère grâce à ma double nationalité, entourée de conseillers et d’avocats car je ne maîtrise pas totalement la langue et l’écriture est très difficile. Nous avons une main d’oeuvre considérable venue d’Asie, pricipalement des Philippines, de l’Ethiopie, du Sri Lanka et même des Malgaches. Mes deux soeurs vivent toujours à la Réunion et me rendent visite régulièrement. Il n’est pas facile de me déplacer aisément en raison des contraintes professionnelles et, je dois l’avouer, de certaines tensions dans le pays comme la crise actuelle en Syrie.

Du Liban, comment vivez-vous la révolte chez votre voisin syrien ?

Nous sommes attristés par ce qui se passe en Syrie et plus particulierement par le nombre de morts.
Nous suivons de très près cette crise mais pour l’instant, malgré quelques échauffourés au nord du pays, nous en sommes préservés. Le Liban a connu une guerre civile de 30 ans et n’a pas du tout envie de retrouver ces années noires. Malgré tout, Tripoli, importante ville du nord, est à la frontière syrienne et a toujours été très proche des affaires de ce pays.

Comment voyez-vous la suite des événements ?

La question primordiale est qui va prendre le pouvoir en Syrie : les Chiites soutenus par l’Iran et le Hezbollah au Liban, ou les Sunnites soutenus par l’Arabie Saoudite et la Turquie ? Les Sunnites sont pour la révolution syrienne et les Chiites pour les dirigeants actuels. Il faut aussi compter avec les Etats Unis, qui ont leur mot à dire dans la région, et Israel appuyé par les Américains. Pays libre et indépendant, le Liban fait partie d’une région bouillonnante : le Moyen Orient.

A quoi ressemble la vie quotidienne au Liban ?

Nous menons une vie normale, sauf que les administrations ferment à 14h. La vie est bien sur plus facile pour les gens qui des moyens. Au quotidien, nous trouvons absolument de tout. De très grandes enseignes sont implantées au Liban, aussi bien dans le monde de la mode que de la restauration. Nous avons d’excellentes universités, j’y ai d’ailleurs rencontré une autre Réunionnaise, Mémona Hintermam, venue présenter ses livres. Beyrouth est connu pour avoir une vie nocturne très intense. Les commerces y ferment tard et sont ouverts toute la semaine.

Qu’est ce qui fait que Chrétiens et Musulmans peuvent cohabiter dans ce pays ?

Le Liban est un pays multi confessionnel, où la religion est omni présente. La constitution prévoit une place pour toutes les confessions au gouvernement et il n’y a pas de mariage civil. De même, nous avons un grand nombre de jours fériés, en rapport avec toutes les religions que nous respectons. Les Libanais sont un peuple charmant, connu pour se relever facilement des épreuves et ayant le sens de la fête.

Voyez-vous des ressemblances entre la Réunion et le Liban ?

Il existe beaucoup de similitudes concernant la flore. Dans mon jardin, j’ai pu recréer une atmosphère créole en faisant pousser des légumes et des fruits tropicaux de la Réunion. Même si à la place des cocotiers poussent des palmiers, c’est ma grande fierté d’avoir réussi à faire grandir un superbe ravenale ! Si le Liban est mon pays d’adoption, je garde un peu de nostalgie de la Réunion.

Article publié dans Le Quotidien du 5 juin 2012

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