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Présidentielles américaines 2012 : un Réunionnais témoigne

Publié le 28 octobre 2012

Diplômé ingénieur de l’Ecole Polytechnique et d’un MBA à Harvard Business School, Frédéric Etheve travaille chez Google en Californie où il s’occupe de stratégie pour les pays émergents. Ce Tamponnais de 36 ans nous décrit l’ambiance aux Etats-Unis à dix jours des élections présidentielles.

Frédéric Etheve

Avez-vous suivi les débats entre les deux candidats à la présidentielle américaine ?

J’ai suivi une partie des débats, ils étaient retransmis en direct sur Youtube. C’est un sujet de discussion qui passionne aussi bien mes amis et collègues américains que français. La Californie n’est pas un des états clés mais l’enjeu de l’élection est assez fort pour retenir l’attention.

Selon vous, quel est cet enjeu ?

L’élection est extrêmement polarisée, notamment parce que les primaires républicaines ont été fortement influencées par les courants les plus radicaux comme le Tea Party. Même si Mitt Romney tente de se recentrer en fin campagne, les deux candidats ont des vues radicalement opposées sur la plupart de sujets : économie, rôle du gouvernement, mariage homosexuel, avortement ou politique étrangère. Mais au final c’est surtout l’emploi et la croissance qui sont au centre des débats et des préoccupations, et qui pèseront sur les votes.

Selon vous les Etats Unis sont ils la « meilleure démocratie du monde » ?

Je ne sais pas si c’est la meilleure, il est sur qu’elle n’est pas parfaite. Elle a perdu en crédibilité, la grande majorité des Américains n’ayant pas confiance dans les membres du Congrès qui sont censés les représenter. Les deux dernières années ont aussi montré les limites du modèle, notamment du fait d’une cohabitation qui a limité la capacité d’action d’Obama. La démocratie américaine souffre enfin du rôle grandissant de l’argent dans le financement des campagnes, et de l’importance des lobbies. Mais au final, elle m’étonne encore par l’engouement, le degré d’implication et la passion qui entourent les grandes élections. Les Américains parlent politique très ouvertement et restent en moyenne très impliqués. Pour un pays de cette taille, c’est assez impressionnant.

Fait-il bon vivre aux Etats-Unis en ce moment ?

On peut difficilement répondre de façon unique, tant les situations varient entre et au sein des états. Certaines régions comme la Silicon Valley sont relativement épargnées par la crise et gardent une bonne partie du rêve américain. D’autres plus industrialisées souffrent encore des conséquences de la crise. Personnellement j’ai passé les cinq dernières années de ma vie à Boston et dans la Silicon Valley où je vis actuellement. Ces deux régions ont basé leur développement sur les TIC et ont vu naître la plupart des acteurs majeurs du high tech mondial. Elles ont en commun de regrouper les infrastructures requises pour faire éclore et grandir des start-ups, notamment des universités prestigieuses et de nombreuses firmes de capital-risque. Elles ont surtout un palmarès qui attire les talents et fait que les gens qui y viennent ont le sentiment qu’ils peuvent eux aussi devenir le nouveau Steve Jobs ou Mark Zuckerberg. Cela favorise un état d’esprit qui fait vraiment la différence au final.

En tant que Réunionnais, qu’est ce qui vous paraît le plus proche dans la société américaine ?

La plus grande ressemblance est sans doute la multiplicité et la cohabitation des cultures, surtout dans une région comme la Californie. On y trouve une varieté d’origines ethniques, de religions, d’opinions mais avec un sentiment commun d’appartenance à une même société.

Article paru dans Le Quotidien du 28 octobre 2012


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