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Une semaine d’actualité en Italie : témoignage en direct de Rome

Publié le 31 mars 2013

Professeur de français à Rome, Olivier décrit l’ambiance dans une Italie secouée par l’actualité politique et religieuse en ce début d’année 2013.

photo de Rome
Monument à Vittorio Emmanuelle, dernier roi d’Italie. Au premier plan, le forum de Trajan (marché)

Pouvez-vous vous présenter svp ?

"Tikaf" : c’est le nom que m’ont donné mes amis créoles, au vu de la blancheur de ma peau malgré les années d’ensoleillement ! Je viens du sud-ouest de la France, avec des origines italiennes. Je suis enseignant et ai commencé ma carrière à la Réunion. Certains de mes meilleurs camarades d’école étant venus de la Réunion, j’ai tout jeune eu accès à la culture réunionnaise. Le choix d’aller enseigner à la Réunion s’est donc imposé comme une évidence. Je suis arrivé dans "l’est", et n’ai jamais voulu basculer de l’autre côté !

Le monde entier avait les yeux tournés vers le Vatican à l’occasion de l’élection du Pape François. Comment s’est ressentie en Italie cette effervescence ?

Par un déferlement médiatique tout d’abord. Les journaux télévisés, plus longs et nombreux dans une journée qu’en France, faisaient régulièrement leur une sur la démission du pape, puis le conclave, et encore maintenant, scrutant chaque déplacement de ce pape que tous nomment "le pape du peuple" et qui suscite de grands espoirs dans la communauté catholique. C’est d’autant plus impressionnant pour un Français que les nouvelles en provenance du Vatican prenaient même parfois le pas sur l’actualité gouvernementale et les élections, malgré une situation politique des plus délicates.

photo de Rome
Fontaine de Trévie

Ensuite, une impressionnante arrivée de religieux. Outre les arrivées très médiatisées des archevêques des quatre coins du monde, j’ai personnellement remarqué un nombre très important de religieux et religieuses d’origine asiatique, africaine, et sud américaine.

Comment les Italiens perçoivent-ils globalement le Vatican, cet « état dans l’état » ?

Comme en France, les italiens sont profondément attachés à leur culture et leurs racines. Ainsi donc, lorsque le gouvernement de Monti a imposé une taxe sur les propriétaires de logement (qui avait été suspendue par le gouvernement Berlusconi) afin de renflouer les caisses de l’état, il n’y a pas eu beaucoup de protestations lorsque l’Eglise a refusé de payer cette dernière sur un grand nombre de logements dont ils sont propriétaires (l’Eglise est un des propriétaire fonciers et immobilier parmi les plus importants d’Italie, et du monde).

photo de Rome
Petite rue...

Toutes proportions gardées, je dirais que le Vatican est l’exception culturelle de l’Italie. Considérez Rome : une majorité des monuments de la ville ont été des commandes de papes, et leurs noms sont gravés dans la pierre à chaque coin de rue. Le Vatican, c’est Rome, et Rome ne serait peut-être pas grand chose sans le Vatican en un sens.

Les résultats des dernières élections ont été pleins de surprises. Quelles en seront selon vous les conséquences sur l’avenir du pays ?

Très bonne question, dont j’avoue n’avoir aucun début de réponse. Beppe Grillo a su cristalliser sous sa bannière les mécontents, un peu comme Coluche l’avait fait en son temps chez nous. La grande différence est qu’il a poursuivi son action à son terme, et se trouve maintenant en position de "faire" de la politique, non plus de critiquer ses adversaires avec qui il doit composer.
Beaucoup va dépendre de la façon dont il gère l’après élection. Son mouvement a été tellement virulent envers les unes et les autres forces politiques, que chaque choix (présidence des instances gouvernementales, ministre du conseil, etc.) risque de lui être reproché par ses électeurs qui attendent un changement rapide et radical.

Fait-il bon vivre en ce moment en Italie ?

Il suffit d’observer les chiffres du chômage pour s’en faire une idée. En Europe, après la Grèce et l’Espagne, L’Italie arrive à la 4ème place pour le taux de chômage des moins de 25 ans avec 36,5%, tout juste derrière le Portugal (source Eurostat octobre 2012). Bien sûr, en Italie, il y a une grande différence entre le nord et le sud, et Rome est une exception, mais tout de même, lorsqu’on voit de plus en plus de gens fouiller dans les poubelles ou entrer dans une boulangerie pour demander du pain, on se pose des questions.

photo de Rome
Neptune - détail d’une des fontaines de la piazza Navona

Qu’est ce qui en tant que "Réunionnais" vous paraît proche en Italie et au contraire éloigné ?

Les palmiers, partout, et voir les gens souffrir de la chaleur au mois d’août, recherchant désespérément un filaos sous lequel s’abriter du soleil (enfin... l’équivalent local). Et puis la diversité culturelle de mon quartier, bien qu’en plein centre historique de Rome. Beaucoup d’asiatiques et d’indiens. La seule chose que je n’ai pas trouvé ici, le combava !

La note plus sombre est la tolérance. Je pense que les Italiens ont énormément à apprendre d’un lieu multiculturel comme la Réunion. Ici, il y a trop de stéréotypes, trop de méfiance envers la différence, ce qui ne permet que peu de contacts et d’échanges.


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