Publicité

Gwendoline Hoarau, chargée de projets culturels à l’alliance française de Durban

Publié le 30 avril 2013

VSI (volontaire de solidarité internationale) en Afrique du Sud, Gwendoline est diplômée en master d’ingénierie de projets culturels. A 27 ans, cette jeune dyonisienne achève un contrat de deux ans en tant que chargée de communication et projets culturels de l’alliance française de Durban.

Gwendoline Hoarau

Racontez-nous votre parcours.

J’ai quitté la Réunion dans un premier temps juste après mon bac. Je voulais suivre une formation en histoire de l’art à l’université de Bordeaux pour devenir conservatrice de musée. A vrai dire, j’étais passionnée par l’art moderne mais pas par l’archéologie, alors je me suis réorientée, toujours dans le secteur culturel. Après mes études à Bordeaux et un stage au Séchoir à Saint-Leu, je savais que les perspectives de travail à la Réunion étaient réduites. J’ai donc postulé à France Volontaires. J’ai eu raison car même si en parallèle j’avais postulé à la Réunion, je n’ai eu pratiquement aucune réponse. Quelques mois plus tard, j’ai eu confirmation que je devais partir pour l’Afrique du Sud en tant que volontaire.

Comment cela s’est-il passé ?

Après six mois d’acclimatation et d’observation du processus de montage de projet, je me suis lancée dans mon premier projet, le plus audacieux : organiser une résidence et une tournée, réunissant le groupe de Davy Sicard et le chanteur sud-africain Nibs Van Der Spuy. Cela m’a demandé énormément de travail car j’étais seule sur le pilotage du projet (en coordination avec les autres VSI d’Afrique Australe). J’ai également suivi la tournée en tant que régisseuse. Là encore ce n’était pas facile car je n’avais jamais fait cela auparavant, mais la tournée a été un succès et le public sud-africain a été très réceptif.

Et ensuite ?

Par la suite, j’ai aidé à faire programmer le spectacle Vavangèr au festival Poetry Africa et les ai également programmé ici, à l’alliance française et à Johannesburg. Mon dernier projet a été monté avec le FRAC dans le cadre d’une résidence de l’artiste graffiti Jace en Afrique du Sud et au Botswana, avec restitution et publication d’un carnet de voyage pour la saison sud-africaine en France. J’ai également rencontré et accueilli d’autres artistes comme Patrice Treuthard, Gouslaye, les Tambours sacrés ou Labelle.

Quels sont les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion dans votre mission ?

L’avantage, c’est que dans le domaine de la coopération artistique nous sommes les mieux placés pour savoir quels artistes programmer. Nos propositions ont une valeur auprès de nos partenaires. Le Centre for Creative Art, qui organise le festival Poetry Africa, n’avait pas vu le spectacle Vavangèr et ne connaissait pas les artistes pourtant bien connus du public réunionnais : Alex Sorres, Maya Pounia, Sergio Grondin. Nous intervenons pour proposer des artistes de qualité. L’accent est aussi parfois un avantage. Il m’a permis d’enregistrer l’annonce de la clôture officielle de la saison française en Afrique du Sud sur East Coast radio ! L’inconvénient, c’est qu’on s’imagine que nos connaissances et notre culture se limitent à la Réunion alors que nous sommes aussi français.

Gwendoline Hoarau
à coté d’une statue de Brenda Fassie, chanteuse pop sud-africaine anti-apartheid

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

Tout est beaucoup plus difficile loin de chez soi : commencer un nouveau travail dans un nouveau pays, le sentiment d’isolement qu’on peut ressentir au début... Il faut un bon mental pour surpasser cela, surtout dans les moments difficiles. Ca rend plus fort ! Au final, je retire de cette expérience une facilité d’adaptation, la maîtrise d’une autre langue, l’assimilation d’une culture complètement différente. Enfin, je me sens plus proche que jamais de la Réunion. C’est souvent en partant qu’on se rend compte de notre richesse culturelle. J’ai toujours fait la promotion de la culture réunionnaise d’une façon ou d’une autre. Quand je suis entrée à la fac à Bordeaux j’avais un bertel ! Je n’ai plus mon bertel, mais dans mes valises j’ai toujours de la musique réunionnaise et du rhum pour faire des dégustations entre amis...

Quels sont vos projets ?

Mon contrat se termine, alors je rentre à la Réunion. Vivre à l’étranger n’est pas un réel problème pour moi, je pense même m’y être habituée, mais toute ma famille est à la Réunion. Elle me manque, tout comme la cuisine de mon papa ! J’aimerais bien y rester un moment même si c’est provisoire. Car je me suis passionnée pour le domaine de la coopération artistique. Inviter des artistes réunionnais à l’étranger, faire connaître notre culture, c’est vraiment ce qui me plaît.

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

C’est un sujet assez controversé. Les récentes manifestations en disent long sur la situation de l’île, notamment des jeunes. La Réunion rencontre les mêmes problèmes que d’autres DOM (coût excessif de la vie, manque de logements sociaux, taux de chômage élevé) mais il y fait bon vivre quand même !

Quelle est l’image de la Réunion en Afrique du Sud ?

"Reunion, where is that ?" quand ce n’est pas "what’s that ?". C’est une réelle mission de faire connaître la Réunion ici, mais j’ai l’impression que ça s’améliore et que nous sommes de plus en plus connus. Je suppose qu’avec la suppression du visa pour les Sud-Africains, ça ira de mieux en mieux. Le point de repère c’est Maurice. Là tout le monde connaît !

Vous même, quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

Je vis dans un pays en pleine reconstruction post-apartheid. La Réunion pourrait être un exemple pour l’Afrique du Sud et beaucoup d’autres pays. Les gens se mélangent naturellement chez nous. Il faudrait par contre que les Réunionnais aient plus confiance en eux.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

Je ne fais pas l’apologie de la mobilité. Partir à l’étranger ou même en Métropole, c’est accepter de ne pas revenir, en tout cas pas forcément dans les conditions qu’on souhaiterait. Mais c’est une expérience très enrichissante !

Que pensez-vous du site www.reunionnaisdumonde.com ?

C’est une formidable plateforme de communication pour les Réunionnais, qu’ils soient expatriés ou pas. Le site valorise les parcours de ceux qui ont fait le choix de partir. Pour nous autres volontaires, c’est un très bon relais pour nos projets. Car à la Réunion beaucoup ne sont pas au courant de nos actions, alors que nous sommes dans une une logique de promotion de la culture réunionnaise à l’étranger.

- Voir le reportage : Gouzou in Zululand : Jace en Afrique du Sud et au BotswanA
- L’interview : Gwendoline Hoarau, assistante communication au Lycée français de Shanghai (avril 2015)
- Voir le profil de Gwendoline Hoarau


Voir : LES OFFRES DE MISSION FRANCE VOLONTAIRE DANS L’OCEAN INDIEN

Basé sur l’île, France Volontaires propose toute l’année des missions indemnisées de 24 mois en Afrique Australe et dans l’Océan Indien. Plus de 40 Volontaires de Solidarité Internationale originaires de La Réunion sont en permanence en mission dans des pays de la zone, en appui à des structures locales œuvrant pour la coopération régionale. Sur quels postes, dans quels pays et comment postuler ? Cliquez ici pour en savoir plus : De la Réunion, France Volontaires recrute toute l’année pour l’océan Indien

D’autres infos et portraits de Volontaires réunionnais dans l’océan Indien

Vidéo où on voit Jace et Labelle, réalisée par Sakhile Nthombela Mbulelo Pamla, Menga Nhlabathi, Dane Kerwin & Sisanda Marwa.
Les sponsors de l’évènement sont :
Alliance Française de Durban (organisateurs)
eThekwini Municipality, Institut Français d’Afrique du Sud, Ambassade de France en Afrique du Sud, Ambassade de Suisse en Afrique du Sud, la Région Réunion, la FEDER, France Volontaires, et Stratostaff.

Publicité