Publicité

Spécial Retour à La Réunion : Christopher Lao-Thiane, chef de projet multimédia

Publié le 27 octobre 2008

Comment rentrer à La Réunion après une période de mobilité ? Quelles sont les difficultés rencontrées sur le marché du travail local ? En interrogeant ceux qui ont réussi leur retour sur l’île, le site RDM lance une nouvelle série d’interviews thématiques. Pour Christopher, le retour sur l’île passe par une veille approfondie du marché local pour être "la bonne personne au bon moment". Après un parcours de mobilité dans le multimédia, il vient de créer un site Internet lui permettant de remettre un pied sur l’île, dans l’optique d’une installation définitive.

Christopher Lao-Thiane

Pouvez-vous vous présenter SVP ?

"Après deux ans de classes prépa HEC au lycée de Bellepierre, j’ai intégré l’Institut Supérieur du Commerce à Paris pour une spécialisation en Management et Marketing des Technologies de l’Information. J’ai maintenant 25 ans et je travaille en tant que chef de projet dans l’agence de communication multimédia Nextedia, à Paris".

D’où êtes-vous à la Réunion ?

"J’aime à me présenter comme un enfant de l’Océan Indien. Je suis originaire à la fois de la Réunion, de l’île Maurice, de Madagascar, de la Chine et de l’Inde. Je suis issu d’une famille modeste, arrivée depuis seulement deux générations sur l’île. Le sens de la débrouille et l’adaptation peuvent résumer les efforts de mes grands-parents et parents pour se faire une place".

Quel a été votre parcours de mobilité ?

"J’ai la chance d’avoir beaucoup voyagé. A titre professionnel, j’ai travaillé en tant que conseiller/vendeur en Angleterre, et chef de projet Internet aux Etats-Unis. A titre personnel, comme tout Réunionnais qui se respecte, l’île Maurice, les Seychelles, le Kenya... ont été mes lieux de vacances. J’ai aussi une diaspora familiale répartie sur toute l’Europe (Suisse, Espagne, Allemagne) et le continent américain (Canada, Etats-Unis). Je n’hésite pas à leur rendre visite dès que possible".

Quelles sont les raisons qui vous poussent à rentrer à la Réunion ?

"J’ai pu évoluer dans différents contextes professionnels. De la grande à la petite entreprise, dans plusieurs pays. Mon souhait est d’appliquer cette expérience et ces modèles à La Réunion, afin de participer à une amélioration des méthodologies et des process locaux. Ce n’est rien de plus qu’un retour sur investissement pour la Région Réunion qui, merci à elle, a parié sur moi en finançant mes études".

Comment avez-vous préparé votre retour ?

"En métropole, après deux ans de dur labeur, j’ai scruté le marché réunionnais. Être la bonne personne au bon moment, mais pas au bon endroit, a quelque peu retardé ma date de retour. Je me suis retrouvé face des limites, tant sur le point de vue économique que culturel. Afin de contourner ces blocages, j’ai décidé de développer un portail Internet recensant l’actualité économique, les piliers et personnalités fortes de la vie réunionnaise. Je souhaitais m’informer moi-même, mais surtout relayer ces sujets pas forcément accessibles par ailleurs".

Dans quel état d’esprit envisagez-vous ce retour ?

"La perspective de quitter la métropole pour un retour définitif (?) sur l’île mère est très troublante. On tourne une nouvelle fois une page en se demandant si un jour on repartira. Mon objectif est de développer ce portail communautaire, dans l’attente de trouver un poste fixe où je pourrais exercer mon expertise web".

Ressentez-vous des difficultés (professionnelles ou autres) à vous réinstaller ?

"Le tissu familial, ainsi que mes anciens camarades de classes et de prépa me permettent de ne pas douter de mon avenir professionnel sur l’île. En effet, ma réinsertion s’est faite sans douleur, ma famille m’accompagnant et mes amis me guidant et m’informant sur les postes à pourvoir ou les opportunités à saisir. C’est ainsi qu’aujourd’hui j’ai trouvé des collaborateurs pour ce projet. Ce sont eux les acteurs quotidiens du site www.toutelareunion.net, qui publient plus de deux articles par jour".

En tant que Réunionnais expatrié de retour sur son île, ressentez-vous un "avantage concurrentiel" ?

"Mon avantage concurrentiel se trouve indéniablement dans les process vus et assimilés en entreprise. Les standards locaux se basent encore sur des systèmes d’information dépassés. Plus particulièrement, mon avis est que la Réunion a encore cinq ans de retard, technologiquement parlant. Et ce, malgré quelques acteurs du web réunionnais, comme reunionnaisdumonde, qui dissèquent et relaient les informations les plus intéressantes, les « best practices » ou les technologies à venir".

Qu’est ce qui vous change le plus à La Réunion, par rapport à l’endroit où vous viviez en mobilité ?

"Le cadre de vie : entre un appartement mal insonorisé et une maison avec jardin ou un duplex dans les nouvelles constructions Apavou… ce n’est pas du tout la même chose. Les Réunionnais jouissent d’un cadre de vie que je trouve exceptionnel par rapport à mes différents voyages et expériences professionnelles. Le rythme de travail y est aussi fondamentalement différent. Cela doit sûrement venir du fait que j’ai souvent travaillé dans des métropoles où le stress et la pression sont la norme…"

Avec le recul, tirez-vous un bilan positif de votre expérience de mobilité ?

"Comment ne pas tirer de bilan positif ? S’expatrier c’est un peu comme être une éponge qui absorbe tout sur son passage, qui garde le meilleur et tire les leçons du pire, pour à terme, pourquoi pas, obtenir un jus de qualité prêt à l’emploi. Mon expatriation m’a apporté plus d’ouverture sur le monde et les autres, mais aussi une autre manière d’aborder les problématiques, riche de cette réunion des cultures et d’expériences qui me constitue. S’ouvrir au monde c’est quelque part chercher une part de soi et s’en nourrir pour la mettre à profit, une fois de retour au pays".

Quels conseils donneriez-vous aux Réunionnais qui comme vous souhaitent rentrer sur l’île ?

"Avant tout, préparer son retour en restant en veille sur le marché de l’emploi : se tenir au courant de l’actualité économique, mais plus que cela, avec ses yeux d’expatriés, traiter l’information et l’analyser pour maintenir son taux d’employabilité au mieux, jusqu’à la date de retour.

Ensuite, le réseau, d’autant plus indispensable sur un marché où le bouche-à-oreille est très affirmé. Il est nécessaire de l’entretenir en gardant contact aussi bien avec les expatriés comme soi que ceux restés ou déjà rentrés au pays.

Enfin, ne pas négliger ce que j’appellerais "le moyen zoreil" de rentrer : il ne faut pas perdre de vue que les opportunités peuvent également se créer avec les collaborateurs connus dans nos lieux de mobilité".

A visiter : www.toutelareunion.net

Voir le profil de Christopher Lao Thiane

Lire les autres interviews Spécial Retour à la Réunion

Publicité