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Regard sur l’actualité : un Réunionnais en Bretagne

Publié le 10 novembre 2013

Diplômé de l’École des sous-officiers de la Marine, Yoann Lacaille est militaire affecté à Brest. A 28 ans, ce Portois marié et père d’un enfant a été témoin de la révolte des Bonnets Rouges qui parcourt actuellement la Bretagne.

Yoann Lacaille

Racontez-nous votre parcours.

Né au Port, j’ai vécu à Sainte-Clotilde jusqu’à l’âge de 13 ans, jusqu’à ce que mes parents partent s’installer à Toulouse. Après avoir échoué de peu au Bac S, j’ai intégré l’École des sous-officiers de la Marine en 2005 (Maistrance à Brest). J’étais également à cette époque sportif de haut niveau en BMX. A l’issue de mon école, j’ai choisi de prendre une affectation à Brest, où j’ai rencontré ma femme et fait ma carrière dans la Marine. Entre temps, mes parents sont retournés vivre à la Réunion en 2006.

Quelles ont été dans votre entourage les réactions à la « révolte des Bonnets Rouges » ?

Tout le monde a vu les images qui tournaient sur internet et à la télévision. Mon entourage proche comprenait le mouvement de contestation, jusqu’à que cela dégénère à Quimper lors du premier rassemblement des Bonnets Rouges. La plupart des Français ne sont pas pour la résolution des problèmes par la violence et la destruction des biens qui ont été construits. Mais le ras-le-bol est profond et certains se sont radicalisés. Des personnes que je connais font la publicité des destructions des portiques écotaxe. D’après les dires, cela ne fait que commencer et si l’écotaxe reste en vigueur, cela risque de dégénérer encore plus, du moins en Bretagne.

Selon vous, pourquoi le mécontentement a particulièrement pris en Bretagne ?

La Bretagne subit depuis plusieurs mois des fermetures d’usines et des licenciements à répétition : Doux, Gad, Tilly-Sabco. Le phénomène touche d’autres petites entreprises moins médiatisées. L’écotaxe est à mon avis la goutte d’eau qui a fait déborder la vase. La Bretagne a un fort secteur agroalimentaire et exporte la majorité de sa production. De part sa position géographique, elle est excentrée. Si ce dispositif est maintenu, il va mettre la région encore plus à l’écart du reste de la France ; cela ne va pas arranger l’état de santé des entreprises déjà en difficulté. C’est donc un ensemble de choses qui font que les Bretons se sont mis en révolte, pour faire entendre leur mal être.

Il existe de nombreux liens entre La Réunion et La Bretagne. Comment le ressentez-vous ?

Je côtoie d’autres Réunionnais ici et ma femme a plusieurs amis bretons qui se sont installés à la Réunion. S’il existe des liens historiques, les différences de climat et de paysages me pèsent le plus. Le manque de soleil joue énormément sur le moral. Les marchés typiques réunionnais, vivants et colorés, semblent aussi bien loin... Il n’y a pas de montagne ici et pour tout Réunionnais habitué aux grandes randonnées, c’est un manque. Les amoureux de la mer en revanche s’y retrouvent. Il y a beaucoup à faire et il n’y a pas de requins : balades en bateau sur les îles, plongée sous-marine, pêche. Il y a de beaux paysage côtiers et riches en poissons. Pour ma part, j’avoue que plus les années passent, plus c’est difficile. Je n’arrive pas à me faire au climat breton. Je prépare actuellement ma reconversion dans le Génie climatique et l’installation de ma famille dans le sud de la France.

Article paru dans Le Quotidien du 10 novembre 2013


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