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Stéphanie Dometille, enseignante dans une communauté aborigène en Australie

Publié le 20 novembre 2013

A 24 ans, elle vient d’obtenir sa résidence permanente en Australie. Le parcours étonnant de cette Dyonisienne, partie de la Réunion après le bac et aujourd’hui enseignante à Kalumburu, à 12 heures de piste de la ville la plus proche.

Stéphanie Dometille, enseignante dans une communauté aborigène en Australie

Racontez-nous votre parcours.

Originaire de Saint Denis, j’ai toujours eu une passion pour le voyage et la découverte. Après mon bac, j’avais l’impression d’étouffer à la Réunion et j’ai eu envie de me lancer dans une nouvelle aventure. Je m’étais déjà rendue en Australie avec mes parents et en échange linguistique. Je me suis donc envolée en octobre 2007 pour Perth, l’année de mon bac ES au lycée Levavasseur.

Dans quel état d’esprit avez-vous fait le grand saut ?

Les semaines précédant mon départ, l’excitation était à son comble. Mais j’avoue que quand je me suis retrouvée seule dans l’avion et vu mon île s’éloigner, j’ai été inconsolable pendant toute la durée du vol (sept heures) ! J’étais persuadée que j’allais être la seule Réunionnaise à Perth... Heureusement j’ai été incroyablement bien accueillie par ma famille d’accueil sur place. Dès mon arrivée j’ai été immergée dans la culture australienne grâce à cette famille qui m’a accueillie pendant neuf mois.

Racontez-nous vos débuts en Australie.

Tout l’étage de la maison (quatre chambres et le salon) était réservé à des étudiantes internationales. Je me suis donc liée d’amitié avec une Thaïlandaise, une Brésilienne et une Japonaise. La mère de la famille était une passionnée de cuisine. Nous avions un buffet tous les soirs ! Le lundi, les choses sérieuses ont commencé avec le premier cours d’anglais. Surprise. Dans la file d’attente pour entrer dans l’amphithéâtre, se trouvaient sept personnes de la Réunion que je connaissais... ainsi qu’un ex petit ami ! Ce sont sur ces mêmes bancs que j’ai rencontré mon fiancé... Un jour, j’ai pris mon courage à deux mains ; je me suis lancée et je suis allée lui parler, en anglais. Ca fait maintenant six ans que nous sommes ensemble...

Photos de mariage le 11 août 2013 à l’église locale (cliquer) :

Qu’avez-vous fait ?

Après avoir suivi des cours d’anglais pendant six mois, nous nous sommes tous les deux inscrits à l’université de Murdoch, où nous avons fais d’incroyables rencontres de personnes venant des quatre coins du globe. Je me suis orientée vers un cursus d’enseignement à l’université pendant quatre ans. Au fil des années j’ai développé ma passion pour l’enseignement, en particulier auprès des enfants aborigènes. Je travaille actuellement au sein du Département de L’Éducation, dans une communauté aborigène au nord de l’Australie Occidentale. Environ 400 habitants vivent à Kalumburu qui se trouve à 12 heures de piste de la ville la plus proche ! Six ans après mon arrivée dans ce pays, l’épée de Damoclès ne me menace plus : je viens tout juste d’obtenir ma résidence permanente en Australie.

Pouvez-vous nous décrire votre quotidien à Kalumburu ?

Lorsque vous pensez Australie, vous viennent en tête les plages, le surf, les gens qui vont travailler en tenue décontractée, les kangourous... Je suis bien loin de tout cela. La communauté de Kalumburu est composée à 100% d’aborigènes. Les logements ne sont pas tous équipés d’eau courante. L’alcool est interdit et le taux de violence sexuelle sur les mineurs extrêmement élevé. La plupart des famille reçoivent l’équivalent du RMI, qui est immédiatement dépensé dans les jeux de paris et cigarette. Les enfants que nous recevons à l’école arrivent pour la plupart le ventre vide et portent les mêmes vêtements depuis plusieurs jours. Il m’a fallu plusieurs semaines d’adaptation mais je prends mon rôle très à cœur. Le matin, le petit déjeuner est offert aux enfants. Des uniformes (lavés régulièrement) sont à la disposition des élèves. Nous avons également le rôle « d’infirmière », pour les écouter et soigner leurs plaies. A côté de ça, les gens de Kalumburu ont un très bon sens de l’humour et sont extrêmement doués pour l’art : peinture sur toile et sculpture sur noix de baobab.

Stéphanie Dometille, enseignante dans une communauté aborigène en Australie

Quels sont vos projets ? 

J’ai actuellement un contrat de trois ans dans cette école de Kalumburu, avec la possibilité de le renouveler une quatrième année. Après ce temps de service dans les communautés retirées, le département de l’Éducation offre six mois de congés payes ! J’aimerais voyager avec mon fiancé : trois mois en Amérique Latine et trois mois en Europe.

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

Une ouverture d’esprit , l’immersion dans une autre culture , la tolérance, la possibilité de travailler... Bien que ma famille et ma culture me manquent. J’habite dans une communauté aborigène qui ne possède pas de réseau téléphone mobile et un accès très limité à internet. Ils n’ont jamais entendu parler de la Réunion. Mais d’un autre côté, mes collègues sont au courant des attaques de requin sur l’île et du volcan qui pète !

Stéphanie Dometille, enseignante dans une communauté aborigène en Australie

Quels ont été les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion dans votre parcours ?

Le métissage réunionnais en intrigue plus d’un. Les gens sont interloqués de s’entendre dire que je suis française, malgré ma peau bronzée et mes cheveux bouclés. Mes professeurs et collègues m’ont souvent poussé à faire des présentations et quizz pour les enfants sur l’île de la Réunion. Je n’y vois aucun inconvénient !

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ? 

Lancez vous bon sang ! Aller voir ce qu’il y a autour de notre merveilleux petit caillou. Le monde est là, à notre portée. Sachez saisir les opportunités qui s’offrent à vous. Rien ne vous empêche de partir puis de revenir si ça ne vous plait pas.

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