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Amandine Alessandra, 26 ans, artiste designer à Londres depuis trois ans

Publié le 19 juin 2007

Installée en Angleterre après une Maîtrise d’Arts Plastiques à Aix-en-Provence, Amandine poursuit ses recherches et son travail de designer graphique. Elle expose depuis quelques années dans différentes villes européennes.

Amandine Alessandra
"Après ma maîtrise, j’ai voulu passer un an à Londres, histoire d’améliorer mon anglais et de voir jusqu’où je pouvais aller en commençant en bas de l’échelle sociale. J’ai enchaîné les petits boulots qui m’ont permis d’observer les différentes classes sociales anglaises. Au bout de quelques mois, j’ai commencé à suivre des cours du soir pour apprendre à utiliser des programmes de design. Je dirais qu’il m’a fallu une bonne année d’adaptation".

Racontez-nous votre parcours.

"Je suis née à Saint-Denis ; j’ai grandi à la Colline des Camélias. J’ai quitté l’île à 18 ans, juste après le Bac, pour suivre une formation universitaire en Arts Plastiques et Histoire de l’Art à l’Université d’Aix-en-Provence.

Comment s’est passée votre arrivée en métropole ?

"Même si j’ai eu la chance de pas mal voyager auparavant, je n’avais jamais vécu en métropole, et ne connaissais personne dans les alentours… Sans parler de la dimension impersonnelle de l’université, même si j’ai fini par y faire des rencontres inoubliables. Après Aix, je me suis installée deux ans à Marseille, le temps d’écrire mon mémoire de Maîtrise sur l’Art vidéo. J’ai adoré cette ville portuaire, où tout le monde vient d’ailleurs, tournée vers la mer et l’Afrique. J’y ai aussi fait plusieurs expositions".

Et ensuite ?

"Apres ma maîtrise, en 2003, j’ai voulu passer un an à Londres, histoire d’améliorer mon anglais et de voir jusqu’où je pouvais aller en commençant en bas de l’échelle sociale. Je me disais que cela renforcerait ma confiance en moi de retour en France. J’ai trouvé très frustrant au début de m’exprimer moins bien qu’un enfant de cinq ans, après deux ans passés à écrire dans un langage universitaire..."

Qu’avez-vous fait ?

"J’ai enchaîné les petits boulots qui m’ont permis d’observer les différentes classes sociales anglaises. Au bout de quelques mois, j’ai commencé à suivre des cours du soir pour apprendre à utiliser des programmes de design. Je dirais qu’il m’a fallu une bonne année d’adaptation au climat, langage, dimension de la ville, reconstruction d’un réseau d’amis, mais ça valait vraiment le coup ! Alors je suis restée..."

Parlez-nous de votre travail artistique.

"Une partie de mon travail (peinture, photographie, vidéo) traite d’une certaine façon du paysage semi urbain réunionnais, en mettant en relation les banlieues réunionnaises, anglaises, françaises et polonaises, qui finalement se ressemblent comme des soeurs du bout du monde. Récemment mon travail vidéo est devenu photographique, et j’ai été invitée à le montrer au Festival de Photographie des Etats Baltes en Lituanie, puis au D21 Kunstraum à Leipzig en Allemagne".

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

"De la confiance en moi et un esprit d’indépendance, qui m’ont permis de ne pas hésiter à souvent voyager seule, notamment dans les pays d’Europe de l’Est. Et puis une facilité à me sentir chez moi (j’ai vraiment beaucoup déménagé) !"

Amandine Alessandra

Quels sont vos projets ?

"J’ai repris des études de Design au London College of Communication, où j’ai demandé une équivalence afin de poursuivre en Master, ce qui veut dire que je devrais passer au moins les deux prochaines années a Londres (ma recherche sur www.amandinealessandra.com/cumulus/)".

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

"La saison des pluies, la nature qui devient folle et pousse partout, la moiteur de l’air et l’odeur de la terre après une grosse averse. Les napolitains à la rose du Massalé à St Denis. Et bien sur les grandes réunions de famille".

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

"Je pense que ces deux dernières années ont été très difficiles, avec l’économie locale et le moral de la population qui se sont effondrés en même temps à cause du chik, des complications dues à la route du Littoral..."

Quels ont été les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion dans votre parcours ?

"Je n’en vois pas vraiment, je ne me sens même pas spécialement jugée en tant que Française dans le contexte professionnel/académique. Il y a une telle proportion d’étrangers à Londres que ça n’a rien de très original..."

Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

"Je garde des contacts avec mes amis de la Réunion, même si beaucoup ont également quitté l’île. Et occasionnellement avec l’Artothèque de Saint-Denis, qui a fait une acquisition de mon travail il y a quelques années".

Quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

"Je trouve les Anglais très accueillants, et j’apprécie particulièrement de rencontrer des gens qui viennent du monde entier. Le système libéral laisse leur chance aux jeunes étrangers".

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

"Je conseillerais aux jeunes de saisir toute opportunité d’aller voir ailleurs. On n’a rien à perdre, on peut toujours rentrer, l’expérience ne sera jamais perdue. C’est aussi une façon de redécouvrir la Réunion, vue d’ailleurs".

Que pensez-vous du site www.reunionnaisdumonde.com ?

"J’aime beaucoup ce site, voir ce que sont devenus les gens. Je suis souvent très impressionnée !"

Découvrir le travail d’Amanda sur www.amandinealessandra.com et alessandraproject.spaces.live.com

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