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Hommage à Victor Hugo

Publié le 11 novembre 2018

Un poète et écrivain visionnaire qui a traversé tout le XIXème siècle (1802-1885). Une vision anticipée du monde et des Droits de l’Homme conforme aux idéaux de la Révolution française de 1789.

Article rédigé par Tamim KARIMBHAY, professeur, historien et romancier - Extrait du roman "Année 2043 : Autopsie D’une Mémoire."


Donc, pour revenir à mon histoire, tous ces livres ont - avec ceux qui allaient devenir mes grands-parents - longé les côtes de la Somalie, du Kenya, de la Tanzanie et du Mozambique, pour revivre à Nosy-Bé. Tous les soirs, donc entre 1979 et 1983, j’ai eu droit au récit de ces contes avec rigueur, patience et passion par mon grand-père que j’appelais « Bavadjee ». Quelques années plus tard, quand l’école nous a demandé d’apprendre les fables de Jean de la Fontaine, écrivain français du XVIIème siècle, c’est tout naturellement que je les apprenais par cœur et que je les mémorisais. Je me souviens même de quelques unes comme le « Rat de ville et le Rat des Champs », « Le Coq et le Renard », « Le Renard et le Bouc » « ou encore de « la Belette entrée dans le grenier ». Je peux vous dire même qu’avec le temps, La Fontaine était (avec Balzac et Hugo) devenu mon auteur préféré. Plus tard, en classe de seconde, c’est presque de façon innée et volontairement que j’ai fait un exposé très détaillé sur cet auteur, qui pourtant avait été rejeté par Louis XIV et Colbert et même par le musicien Lully. Ses contemporains étaient davantage portés sur les comédies de Molière, les tragédies de Racine et la dramaturgie à la sauce Corneille. La Fontaine, a toujours été un mal-aimé, un exclu, sans doute parce qu’il fut un protégé de Fouquet ou parce qu’il a toujours vécu aux dépens des femmes, et que certaines d’entre elles étaient aussi des maîtresses du Roi-Soleil, lui-même... »


Ma famille et moi étions ébahis par la flamme qui animait mon discours, laissant s’exprimer ma passion dans toute sa puissance, sans toute sa splendeur. J’aime l’histoire et ses anecdotes et j’aime par-dessus tout les Lettres qui m’ont toujours fasciné. Mes enfants, ma femme et le couple italo-malgache préféraient ne pas intervenir dans le cours de mon récit, pour ne perdre aucun détail du fil de mon histoire. Ils étaient captivés par ce que je racontais et apparemment, ils buvaient mes paroles.


« - Donc je continue… Pour faire mon exposé, je m’étais inspiré à l’époque de la vieille série de Lagarde et Michard – qui disait par exemple, que La Fontaine s’était inspiré des fabulistes grecs et romains comme Horace, Phèdre et Esope. L’exposé fut une réussite, c’était en 1992. Plus tard, en 2006, j’ai décidé de lire la grosse biographie de Jean de La Fontaine qui a été écrite par Jean Orieux. C’est dans ce pavé de 800 pages, que j’ai connu le secret de l’alliance entre l’Orient et l’Occident, en ce qui concerne les fables, c’est dans ce livre que ma passion pour La Fontaine a pris un sens, car elle a trouvé l’explication qui lui manquait tant. Les contes indiens que mon grand-père me racontait dans mon enfance, ont été également, il y a 400 ans de cela, les sources d’inspiration profonde pour le fabuliste du XVIIème siècle. Eh oui, mes chers amis ! C’est dans le livre de Jean Orieux que j’ai renforcé l’idée selon laquelle l’Orient et l’Occident avaient de nombreuses complémentarités. Vous voyez La Fontaine n’avait jamais voyagé ! Le seul voyage qu’il avait fait était un périple dans un carrosse à destination du Limousin. Alors, comment a-t-il pu se procurer les contes indiens de Pilpay ?


Eh bien, la réponse, c’est Jean Orieux, qui nous la donne. La Fontaine était peu bavard. En revanche, il fréquentait beau-coup les salons littéraires et libertins, tenus par des femmes comme Madame de Sévigné, Madame de la Sablière ou encore Madame de Montespan. C’est dans un de ces salons qu’il fit la connaissance d’un médecin français du nom de Bernier qui était allé, un peu comme Alexandre le Grand ou Marco Polo, jusqu’en Chine et jusqu’en Inde. Bernier avait rapporté les livres de contes indiens écrits par Pilpay. Il avait sympathisé avec le fabuliste. Il lui avait donné les recueils de livres de contes de Pilpay. La Fontaine n’a fait que mettre sous forme de fables, les contes de Pilpay. C’est ça, le secret de La Fontaine ! Toutes les explications étaient là ! Si mon grand-père ne m’avait pas raconté les contes orientaux, je n’aurais peut-être pas été passionné par La Fontaine !


Mon grand-père Selman-Raja-Chahar Khan - et je lui rends aujourd’hui un grand hommage en vous racontant cette anecdote - a été à l’origine de ma passion pour la Littérature française et particulièrement pour les fables de Jean de La Fontaine. Cet homme, auquel personne ne croyait, m’a appris à travers ses fables, la complexité des relations humaines en faisant la transposition sociale sur les animaux divers. Ses moralités instruisent les hommes, et sont censées les faire réfléchir ! La lecture des fables, a créé chez moi un univers où se mêlent non seulement les fables, mais aussi les contes, les légendes et les mythes…


Ses fables comprenant des récits, des moralités et tous ces animaux qui parlent, restent atypiques dans l’histoire littéraire et, ont été à l’origine du choix de la carrière que j’ai embrassée, par la suite. Au passage, permettez-moi de faire une digression, et vous dire que deux autres écrivains ont similairement une grande place dans mon cœur : Victor Hugo et Honoré de Balzac. Hugo est le plus grand et le maître dans la polyvalence. C’était un écrivain visionnaire. Il a marqué tout le XIXème siècle. Balzac, quant à lui, reste infatigable. Il a créé une œuvre unique et immense : « La Comédie humaine » qui est un véritable miroir social et reste in-temporelle avec ses 3000 personnages. Ecrivains visionnaires, atypiques, pas forcément reconnus de leurs vivants, ces trois hommes ont gravé, et chacun à sa manière, leur monde. Ils se sont révélés être des historiens, restés à l’ombre des autres, et qui n’ont été reconnus qu’à titre posthume, pour devenir des classiques immortalisés à jamais par l’Ecole de la République !


- Magnifique histoire, papa ! me dit Vijay. »
Eléonore était presque en larmes. Elle était fière de moi. Cela faisait des décennies qu’on était ensemble, tous les deux. Elle m’a toujours soutenu dans mes moments difficiles, et a partagé mes moments de joie.
« -Ça relève presque du romanesque ! Votre histoire est sublime me dit Ricardo. »


Le soir tombait sur Nosy-Bé, le soleil s’était déjà couché précipitamment, pour laisser la place à une lune bien blanche, qui nous éclairait et nous donnait la sensation d’être toujours en sécurité. Hell-Ville s’animait encore plus. Les enseignes multicolores des bars clignotaient. Tout au long des rues, les lampes pétroles s’allumaient et complétaient la braise rouge du charbon de bois. Des femmes installaient les barbecues appelés fatapera pour faire griller les brochettes de zébu.


Pour qu’écrire, se questionner, avoir l’esprit critique et le doute méthodique, le goût de transmettre et enseigner restent toujours des plaisirs partagés pour nous tous !

Article rédigé par Tamim KARIMBHAY professeur, historien et romancier auteur d’une monographie culturelle et historique d’un espace culturel et touristique insulaire dans l’océan Indien et le canal du Mozambique : Nosy-Bé : Âme malgache, Cœur français et du roman autobiographique et géopolitique : un hypertexte polyvalent et visionnaire : Année 2043 : Autopsie D’une Mémoire à contre-courant : https://www.babelio.com/livres/Karimbhay-2043--Autopsie-Dune-Memoire/174735


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