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La Réunion, une île politique - Yvan Combeau

Publié le 20 octobre 2010

Extrait de l’ouvrage "La Réunion, une société en mutation". Contribution d’Yvan Combeau, Professeur des Universités en histoire contemporaine.

La transformation de la colonie en département, le 19 mars 1946, constitue l’événement majeur qui permet de comprendre La Réunion du début du XXIème siècle. Yvan Combeau considère qu’il s’agit là d’une forme originale de décolonisation française, ou plus précisément d’une décolonisation intra-française. Mais le changement de statut n’induit ni la croissance économique, ni la hausse du niveau de vie, et, dix ans plus tard, le bilan de la départementalisation est d’abord celui de l’insatisfaction.

Le mécontentement général se traduit aux élections de 1956 par la victoire de deux députés communistes, puis par la création du Parti Communiste Réunionnais (1959) favorable à une autonomie démocratique et populaire pour l’île. Le PCR s’oppose alors frontalement à la droite locale représentée par Michel Debré, député de 1963 à 1988, qui prône l’intégration et impulse une véritable départementalisation.

Les grands chantiers d’équipement qui ouvrent dans les années 1960 la phase de modernisation de l’île ne viennent pas atténuer la question du statut objet de débats et de confrontations politiques passionnés entre ces deux blocs idéologiquement opposés.

Avec la régionalisation (1982), une majorité composée d’élus communistes, socialistes et centristes favorables à une approche régionale dans l’ensemble français arrive au pouvoir. Elle se maintient sous des alliances diverses jusqu’à aujourd’hui. Fin des années quatre-vingt-dix, cette coalition soutien la création d’un second département, modification de statut combattue par la droite locale qui parvient à faire échouer ce projet et remporte, dans la foulée, les élections municipales (2001), sénatoriales (2001) et législatives (2002).

Au moment de la seconde décentralisation, les députés et sénateurs rejettent l’entrée de La Réunion dans un processus de législation spécifique, comme le permettait la loi sur les Départements et Régions d’Outre Mer. La prééminence de la droite cesse à partir de 2004 au profit de la gauche qui reprend l’initiative autour des questions sociales et économiques. Ainsi, les législatives de 2007 reviennent à la gauche, comme la majorité des suffrages lors des dernières présidentielles. En 2009, avec les Etats généraux de l’outre-mer, l’île de La Réunion renoue avec un questionnement sur son devenir dans la République.

La suite dans l’ouvrage "La Réunion, une société en mutation", synthèse actuelle des connaissances sur la société réunionnaise s’appuyant sur des travaux scientifiques de référence dirigée par Eliane Wolff et Michel Watin.

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