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Kevin, casque bleu de l’ONU au Liban

Publié le 5 août 2016

Originaire de Saint-Benoît, Kevin s’est engagé dans l’armée de Terre par vocation. Affecté au 12e régiment de cuirassiers d’Orléans, il se dit « fier de participer activement au maintien de la paix » au Liban. Un pays qui n’est pas sans lui rappeler son île natale. Rencontre.


Pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Kevin, j’ai 25 ans et suis originaire de Saint-Benoit à la Réunion. J’ai effectué toute ma scolarité à la Réunion, puis j’ai intégré l’armée française en août 2012. Actuellement, je suis employé dans l’armée de Terre au 12e régiment de cuirassiers d’Orléans (12e RC), en tant que brigadier opérateur d’appui au commandement en escadron de combat.

Qu’est ce qui vous a orienté vers la carrière militaire ?

Durant ma jeunesse, j’ai eu la chance de voyager avec ma famille, ce qui m’a donné le goût de partir travailler à l’étranger. Devenir militaire était un rêve d’enfance. Dès que j’ai pu, j’ai franchi les portes du centre de recrutement des armées de Saint-Denis, et en moins de deux mois j’étais engagé en France à Orléans, au sein du 12e RC. Avant de partir, j’avais eu l’occasion de faire plusieurs stages très formateurs, dont un stage dans un centre administratif d’un collège, puis un autre au secrétariat de la maison de la justice et du droit. Ces stages m’ont appris les fondamentaux de mon métier. En arrivant au 12e RC, j’ai été rapidement opérationnel.

En quoi consiste votre travail ?

Depuis les attentats de 2015 à Paris, j’ai pu effectuer plusieurs missions Sentinelle et vivre des expériences inoubliables à l’étranger. Par exemple, ces deux dernières années, j’ai été engagé en tant que militaire au sein d’un exercice OTAN en Pologne ou encore engagé en tant que casque bleu de l’ONU au Liban. Etre casque bleu au Liban est une mission où l’on participe activement au maintien de la paix, ce qui m’a rendu particulièrement fier.


Parlez-nous du Liban où vous êtes actuellement en mission de maintien de la paix.

Je ne peux pas décrire mon métier en opération, ce que je peux dire sur le Liban, c’est qu’il me fait penser à la Réunion sur plusieurs plans. D’abord, le mélange des religions. Au Liban comme à la Réunion, les gens se côtoient et vivent en communauté, partagent les mêmes villages et en général un mode de vie similaire quelque soit leur croyance. On trouve aussi au Liban certains paysages qui ressemblent à la Réunion, des fleurs, des fruits tropicaux et des légumes comme sur l’île. D’ailleurs, un peu comme chez nous, les Libanais mangent essentiellement du riz avec des épices. Ils finissent leurs repas avec des fruits mais rajoutent la tradition du thé qui leur est propre. La chaleur ambiante fait aussi penser à l’île même si au Liban, elle est plus étouffante, mon camp militaire étant situé loin de la mer.

Que vous apporte l’expérience de la mobilité ?

La mobilité m’a fait mûrir, en faisant face seul sans l’appui de ma famille et le confort de les savoir près de soi. Au 12e RC à Orléans, j’ai aussi appris à m’adapter au climat avec des hivers bien plus froids auquel je n’étais pas habitué. Heureusement, la vie en France est moins chère, tout est accessible, ce qui facilite l’installation et le quotidien.

Mais ce que je retiens d’essentiel, c’est qu’en partant à l’étranger, j’ai pu faire de très belles rencontres et découvrir des amis de différentes nationalités. C’est aussi en quittant la Réunion que je me suis rendu compte combien j’étais fier de mon île, fier du métissage, de la culture et du mélange des religions. La Réunion est une île magnifique et complète avec tous les paysages possibles, de la montagne, des volcans, des plages. Les relations humaines y sont aussi très chaleureuses, avec un grand sens de la solidarité.

Qu’est-ce qui vous manque de votre île ?

La liste serait trop longue à énumérer en entier : la famille, ses beaux paysages de montagnes, volcans, cascades, rivières et sa cuisine traditionnelle. Tous les repères que nous avons quand nous sommes sur l’île, les odeurs et l’atmosphère, me manquent.

Quels objets avez-vous apporté dans vos valises ?

J’ai emporté un drapeau de la Réunion, mes savates qui me suivent sur toutes les missions, des marmites en fontes bien meilleures pour la cuisine, ma machette (rire) et un bocal de piments La Pâte. J’ai aussi des vêtements aux couleurs ou au nom de la Réunion !

Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

Grâce aux réseaux sociaux, à Skype et au mail, je garde contact avec ma famille, des amis d’enfance et du lycée. Je peux parler avec eux au quotidien, sauf quand je pars en mission militaire. Et puis la Réunion est une grande famille ; peu importe où je suis en déplacement, il y a souvent d’autres Réunionnais ou des personnes de la métropole qui sont allées à la Réunion, dont je me sens proche naturellement.


Quelle est l’image de la Réunion autour de vous ?

Quand mon entourage pense à la Réunion, ils pensent d’abord aux plages, aux volcans ou aux fruits exotiques. En général, le sentiment est très positif. Souvent, ils connaissent aussi les randonnées dans les montagnes et le grand raid de la Diagonale des fous. Même si, il est vrai que les attaques de requins de ces dernières années ont un peu ternie l’image de l’île. Avec l’Euro de foot 2016 en France et la montée en puissance de Dimitri PAYET, la Réunion a la côte !

Vous-même, quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses habitants ?

Il y a une communauté importante de réunionnais dans la région d’Orléans, ce qui a largement facilité mon intégration. La ville est belle, avec des rues pavées et au centre une magnifique cathédrale Sainte-Croix récemment restaurée. On sent que c’est une ville d’histoire, marquée par la libération de Jeanne d’Arc. Dans la région, il y a aussi de grands châteaux historiques, les châteaux de la Loire. Les habitants sont fiers de leur région et le partagent. Avec le métier militaire, je me déplace souvent, mais je rentre toujours avec plaisir à Orléans. Je m’y sens bien. La population est accueillante. Je me suis fait beaucoup d’amis. Je compte y rester encore quelques années. Un autre avantage à Orléans est sa proximité avec Paris. On peut s’y rendre en une heure par le train.

En tant que réunionnais, qu’est-ce que vous paraît le plus proche le plus proche / le plus éloigné par rapport à notre île ?

A Orléans, il y a beaucoup de supermarchés où nous pouvons retrouver des produits de la Réunion et cuisiner comme sur l’Île, ce qui nous en rapproche le temps d’un repas. Je suis souvent entouré de Réunionnais avec qui je peux parler créole et partager ces repas îliens. Il existe même des boites de nuits aux sons de la Réunion à Paris. En revanche, à la Réunion je vivais en bord de mer. En arrivant dans le département du Loiret, c’est ce qui m’a le plus changé. Je n’ai pas retrouvé les mêmes grands espaces. L’atmosphère dans les terres, au centre de la France est bien différent, on vit d’une autre manière. J’y suis maintenant habitué et c’est devenu ma nouvelle vie !

Quels sont vos projets ?

J’ai l’opportunité de pouvoir continuer dans l’armée de Terre et partir en formation pour progresser dans la hiérarchie et dans ma spécialité. Après trois mois à venir de formation en école militaire, je deviendrai chef de bureau en 2017. Ce qui m’offre une belle occasion d’acquérir de l’expérience et de montrer ma valeur dans mon travail. Avec l’armée, on a aussi souvent l’occasion de partir en missions à travers la France et le monde !


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