Publicité

Julia Trinson, 24 ans, VIE au sein d’Eurodom à Bruxelles

Publié le 17 novembre 2005

"Je suis actuellement Volontaire international en entreprise (VIE) au sein d’Eurodom, une association qui représente les socioprofessionnels des DOM devant les institutions européennes. Cela me permet de combiner ma spécialisation de journaliste avec les savoir-faire acquis à Sciences Po, tout en restaurant le lien avec la Réunion".

Julia Trinson
Julia (à gauche) "sous" le Manneken Pis à Bruxelles avec une copine.

Quel est votre cursus ?

"Je suis arrivée à la Réunion à l’âge de 11 ans et j’ai vécu à Fleurimont, dans les Hauts de Saint-Paul (le quartier de Danyel Waro !). Après le bac, je suis entrée en hypokhâgne au lycée Leconte de Lisle. A l’époque, la deuxième année de prépa littéraire n’avait pas encore été créée à la Réunion. Je suis donc partie en métropole pour poursuivre la prépa et passer les concours des IEP. J’ai été reçue à l’Institut d’Etudes Politiques de Bordeaux. Par la suite, j’ai passé un DESS de journalisme bilingue français-anglais à la Sorbonne".

En quoi consiste votre travail ?

"Je partage mon temps entre la réalisation de la newsletter de l’association Eurodom, dont le premier numéro est sorti début octobre (création graphique, rédaction d’articles, coordination des différents intervenants, recherches iconographiques et veille médiatique), et un travail sur les dossiers qui nous sont confiés : veille législative, rédaction de notes, recherche d’information, recherche de contacts, participation à diverses rencontres, etc."

Avez-vous quelques anecdotes qui ont émaillé votre parcours ?

"J’ai eu la chance de quitter la Réunion avec mon copain. La métropole nous était à peu près aussi étrangère à l’un qu’à l’autre et on s’est pas mal serré les coudes. Heureusement, dans les IEP, les étudiants viennent de partout en France et génÃéralement ne se connaissent pas entre eux. Du coup, c’est plus facile de nouer des liens qu’avec des groupes déjà constitués. Au bout de quelques mois, au hasard de rencontres dans la rue, j’ai retrouvé des copains de la Réunion, que j’ai continué à voir régulièrement tout au long de ma vie à Bordeaux (trois ans).
Evidemment, le froid et le gris de l’hiver m’ont pas mal déprimée les premières années. Je ne savais même pas comment m’habiller pour l’hiver et je me suis longtemps déguisée en Bibendum ! Mais je me souviendrai toujours du jour où, avec mon copain, nous sommes sortis en courant de ma petite chambre de cité U pour voir la neige tomber : pour moi c’était la première fois !"

...

"Ce qui est difficile aussi, c’est la réaction des gens lorsque je dis que je viens de la Réunion : « Ah bon ? mais tu es blanche ! » Comment expliquer en deux secondes que 1) à la Réunion il y a des gens de toutes sortes ; 2) mes parents ne sont pas Réunionnais d’origine, mais moi j’ai grandi là-bas ; 3) à mon avis, l’identité est un choix du cœur, qui ne se calcule pas. Généralement, donc, je laisse tomber. Par contre, je ne rate jamais une occasion de rappeler que « oui, on a la télévision », « non, il n’y a pas qu’un seul lycée dans l’île », « non, les zouk c’est antillais », « non, la Réunion c’est dans l’océan Indien »".

Julia Trinson

Que vous apporte cette expérience de mobilité ?

"J’ai poursuivi des études qui n’existent pas sur l’île. Comme les IEP dispensent une formation assez particulière et réputée, j’y ai beaucoup gagné. Cela m’a permis de découvrir l’Europe, à commencer par la métropole, que je connaissais très mal. D’une façon générale, lorsque je suis candidate à un poste, j’essaie de mettre en avant mon expérience de la mobilité comme preuve de mes capacités d’adaptation".

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de la Réunion ?

"Les cursus universitaires et les formations professionnelles se sont multipliés ces dernières années. Je trouve cela très encourageant. Je pense réellement qu’à terme, grâce à la formation et à la valorisation de notre patrimoine (culturel, naturel, humain), la Réunion trouvera des secteurs spécialisés qui lui permettront de résorber le chômage. J’espère que cela se produira à temps pour que l’île ne soit pas engloutie par la société de consommation à outrance qui l’envahit déjà dangereusement".

Pour s’abonner gratuitement à la newsletter d’Eurodom, adresser un mail à [email protected]. Plus d’infos sur www.eurodom.org.

En savoir plus sur le V.I.E. (Volontariat International en Entreprise)

Publicité