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David de Boisvilliers, une nouvelle vie en Essonne

Publié le 4 octobre 2016

Recruté comme agent RATP suite à une opération du CNARM, David a débarqué à Paris en 2002. Aujourd’hui marié et père de famille, il a trouvé sa place et développé au fil des années ses deux passions : la photographie et l’ornithologie.


Pouvez-vous vous présenter ?

David de Boisvilliers, 39 ans. Je suis l’avant dernier d’une fratrie de cinq enfants. Saint-Joséphois, ancien Scout de France, j’ai grandi à Saint-Louis où j’ai suivi une scolarité scientifique avec option SVT (Science et Vie de la Terre). Je suis issu des familles Folio, Séry (Le Séhédic-Séry), Dennemont et de Boisvilliers. Expatrié en métropole depuis près de quinze ans, je suis agent RATP mais aussi photographe animalier et ornitho amateur. J’ai créé un blog : http://daviddbphotos.canalblog.com/ orienté nature et patrimoine. Ma femme est guyanaise et mes deux enfants métisses.

Quel a été votre parcours de "mobilité" ?

En 2000-2001, après divers essais professionnels peu concluants, je décide d’entreprendre un départ vers la Métropole. Je tente alors divers concours administratifs. Cette année-là, la SNCF et la RATP lancent une grande vague de recrutements à La Réunion. Je tente les deux avec mon ami de lycée Xavier Gastrin, Cilaosien de son état. La RATP avait mis les petits plats dans les grands et avait même envoyé une délégation de recruteurs sur place. Après une drastique sélection sur toute l’île, nous avons gravi les étapes lui et moi passant ainsi dans le lot des 600, des 300, puis celui des 25 sélectionnés ! Coup de chance ? Étions-nous les élus ? Dieu seul le sait. A cette époque nous étions surtout très heureux d’avoir enfin une ouverture sur un avenir professionnel ! 

Comment s’est passé le départ ?

Mardi 22 janvier 2002 : le cyclone Dina est à 200 km de l’île et le préfet passe en alerte rouge. La Réunion est frappée de plein fouet par les pluies et vents d’une très rare violence. Notre départ étant prévu le 25 janvier, nous étions inquiets d’une éventuelle annulation. Mais le vol est maintenu. Mon ami Xavier était bloqué dans le cirque de Cilaos, l’unique route ayant été coupée par les fortes intempéries. A quelques heures du départ, il ne savait toujours pas s’il pourrait prendre l’avion ou pas. Coup du destin, il peut embarquer de justesse dans un hélicoptère faisant des navettes entre le cirque et la côte. Nous sommes donc tous les deux prêts à partir. Nous faisons alors connaissance avec nos futurs comparses, et notamment le Salazien Aniel Damour.

Et ensuite ?

Le vol est étrange, mélange de bonheur et de tristesse : bonheur de partir pour une nouvelle vie et tristesse de laisser derrière soi sa vie. La famille qui reste derrière ? Surtout ne pas y penser, je ne pourrais pas rester les yeux au sec ... Je ne pense pas avoir été seul dans ce cas ce jour-là. Après un vol de nuit, nous atterrissons au petit matin à Orly. Il fait encore nuit, c’est le choc thermique ! Nous passons d’une température post-cyclonique d’environ 39 degrés à une température hivernale de -5 degrés. C’est à ce moment-là que le sketch de Thierry Jardinot « Contrôle mobilité » prend tout son sens à nos yeux ! A 9 heures du matin nous cherchions encore le soleil ... 

Articles de presse en Essonne

Quels objets de la Réunion avez-vous apporté dans vos valises ?

Dans mes malles : mes instruments de musique. J’étais musicien-chanteur à La Réunion avant le grand départ. J’ai eu une expérience en studio d’enregistrement en 1999 chez Oasis avec CROISIERE (L. Vitry, G. Delphine, M. Técher et moi), Dominique Barret et Nicole Dambreville. Clavier, guitare acoustique, guitare électrique ... Ils sont toujours là en état de marche et seront donnés en héritage à mes deux enfants (s’ils en veulent !).

Quels ont été les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion dans votre parcours ?

De par mon éducation et ma culture, je suis plus sensible à certaines choses : je vais plus facilement vers les autres, et j’ai le respect de ce qui m’entoure... Ce n’est pas sans rapport avec mes deux passions développées ces dernières années : la photographie et l’ornithologie. Les inconvénients ? J’étais inexpérimenté, perdu même parfois face à certaines habitudes et modes de vie des gens à Paris. Mais globalement, la mobilité m’a permis de vivre ma propre vie d’avoir mon avenir entre mes mains. 
 

Quels sont vos projets ?

Les projets foisonnent mentalement, mais les applications sur le terrain sont plus limitées. Néanmoins, je travaille actuellement sur un projet d’expositions photographiques axé sur la Nature et l’environnement Ornithologique Essonnien et Réunionnais, avec des interventions scolaires pour la sensibilisation de notre future génération à la préservation des espèces.

Avez-vous des contacts avec des Réunionnais ?

Oui bien entendu. Aniel Damour est devenu lui aussi un ami très proche, au sens propre comme au figuré. On travaille dans le même Centre Bus, il habite à quelques centaines de mètres de chez moi, et je lui ai refilé le virus de la Photo-Nature. Dommage que Xavier ait choisi la case retour à la Réunion ... Mais il y a aussi des ami(e)s de lycée : Thierry Payet, Florent Clain, Katia Techer, et ma famille éparpillée entre la métropole et la Réunion. Après il y a les réseaux sociaux qui permettent d’avoir des nouvelles des autres.
 

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de la Réunion ?

Je me sens concerné par des sujets comme le chômage, le tourisme, l’exportation des produits « Made in Réunion », la défense de la Biodiversité. 
Le Chômage ? je ne vais pas m’étendre sur le sujet. Entre les ladi-lafé, les « places réservées » et « vous n’avez pas les qualifications pour... », la Réunion avance à petit pas. La meilleur solution pour avoir une véritable chance : PARTIR et quitter ce nid tellement douillet qu’on se referme sur soi.


Le tourisme, quand à lui, me semble encore sous évalué. Les monuments à haute valeur touristique (à l’image du château de Maison Rouge à Saint Louis) ne sont pas mis en valeur, PIRE, se perdent dans une urbanisation outrancière et non maîtrisée. La « bonne » musique locale n’est pas mise en valeur, noyée dans un fourmillement de sons plus ou moins audibles. La quantité est en train de tuer la qualité ...

Côté nature, il y a eu un gros travail de fait localement et j’en suis très fier ! Il y a eu un changement des mentalités sur la protection des espèces endémiques et une diminution de l’utilisation de pesticides au profits de techniques plus naturelles (les oiseaux pour lutter contre les insectes), ce qui a permis d’avoir une chaîne alimentaire plus « propre » au final. Mais il y a encore fort à faire en la matière. J’ai personnellement pu voir une augmentation de la faune aux Makes en août dernier grâce à cette nouvelle gestion (bio)-agricole. 

Qu’est-ce qui vous manque de votre île ?

Ma famille, le soleil, et les oiseaux et la végétation locale ...

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

Tout dépend du niveau de culture et d’intelligence de l’interlocuteur… La localisation aux Antilles ou aux Comores est encore fréquente ou la « cabane en bois dans les arbres » (véridique !). « Les gens des îles » sont parfois vus comme des gens lents et limite paresseux. Les Réunionnais sont perçus comme des personnes d’un naturel accueillant et amical et qui se « fondent dans la masse ». On n’impose pas notre culture, on la vit simplement en la partageant. Il n’y a pas d’animosité spécifique envers le Réunionnais globalement, La Réunion bénéficie généralement d’une très bonne image auprès des métropolitains.

Vous même, quel est votre regard sur la région où vous vivez et ses
habitants ?

Je suis Essonnien depuis plus de huit ans. Je pars du principe que venant d’ailleurs, c’est à moi de m’adapter au mode de vie local, du coup je n’ai pas de soucis d’intégration. Les Franciliens sont multiculturels et multiethniques. Pas dépaysé donc le Réunionnais dans son nouveau milieu d’acclimatation. La grosse différence est qu’à La Réunion, l’œcuménisme est un standard, et ici une exception. Je m’explique. Le communautarisme en métropole inhibe le melting-pot et crée une séparation culturelle telle que, dans certains endroits d’une même ville des clans se créent.


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