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Frédéric Grondin, prix Talent de l’Outre-mer 2007

Publié le 30 novembre 2007

"Né en 1977, issu d’un milieu très modeste des « hauts » de La Réunion, j’ai atterri à Paris en 1998 après avoir obtenu un DEUG MIAS (Math Info) à l’université de La Réunion. A la suite de cela, je me suis inscrit à l’université Pierre et Marie Curie de Paris où j’ai obtenu une licence de mécanique en 2000, une maîtrise de mécanique en 2001 et un DEA de mécanique des solides en 2002.

Frédéric Grondin

Rencontre du CASODOM] et de ses lauréats (Comité d’Action Sociale en faveur Des Originaires des Départements d’Outre-mer En Métropole) - Article extrait du site www.casodom.com

Présentation de Frédéric Grondin

Tout en passant ma licence, je travaillais à la Poste de Paris comme facteur pendant mes temps libres pour compléter ma bourse. A la suite de mon stage de DEA au Centre Scientifique et Technique du Bâtiment, j’ai eu la chance d’avoir une proposition pour réaliser une thèse de doctorat que j’ai obtenue en 2005. Mon travail de recherche sur les approches multi-échelles appliquées à l’étude des matériaux cimentaires intéressa les chercheurs de l’Institut de Recherche en Mécanique et Génie Civil à l’IUT de Saint-Nazaire. Ils me proposèrent un poste d’Attaché Temporaire à l’Enseignement et à la Recherche avant d’être recruté au poste de Maître de Conférences à l’Ecole Centrale de Nantes, toujours dans le même institut, où je suis actuellement.

Comment se sont déroulées vos études, secondaires, supérieures ?

Il y avait des hauts et des bas. Au secondaire, je n’étais pas un acharné du travail. Avoir la moyenne aux examens me suffisait. Ce qui n’est pas un bon exemple à donner. Le problème est que j’ai appliqué la même méthode de travail en arrivant à la fac. Mauvais calcul. Je me suis ramassé. C’est en « deuxième » première année que j’ai pris conscience qu’il fallait travailler un peu plus. Je n’avais pas vraiment le choix, ma bourse s’est arrêtée avec mes mauvais résultats. Il a fallu que je travaille pendant mes temps libres (bibliothécaire et serveur). Çà m’a servi par la suite pour arriver jusqu’en thèse et obtenir mon poste de Maître de Conférences où la difficulté était plus grande, mais j’avais acquis les bonnes méthodes de travail.

Parlez-nous de votre rencontre avec la France métropolitaine.

En fait, j’y ai habité quelques années, étant plus jeune, mon père était venu travailler en banlieue parisienne. Au bout de 6 ans, le mal du pays nous ramenait à La Réunion. J’avais donc quelques vagues souvenirs avant de débarquer en 98. Mais cela reste quand même un grand changement dans l’ensemble : climatique et culturel.

Avez-vous eu des difficultés particulières liées à votre situation de « domien » ?

Pas vraiment. Enfin je ne l’ai pas ressenti. D’un point de vue relationnel, étant un yab (créole blanc), mes origines ne se lisaient pas sur mon visage. Mais il était parfois agaçant de tenter d’expliquer à certaines personnes que la Réunion, ainsi que les autres collectivités d’outre-mer, était entièrement française et que notre niveau intellectuel n’était pas inférieur.

De gros efforts d’adaptation vous ont-ils été nécessaires ?

Je suis arrivé le jour de la rentrée à la Faculté. Je n’ai pas eu vraiment le temps de sentir le décalage. Ayant de la famille « immigrée » en métropole, ils m’ont beaucoup aidé à prendre mes marques.

Quel jugement vous portez sur votre parcours personnel et quel sentiment en avez vous gardé ?

Sortir d’un milieu aussi modeste pour arriver à ce niveau et aussi loin de ma famille et de mes amis : j’en suis assez fier. Je reconnais avoir eu des coups de pouce de la vie par moments. Mais je garde quand même en mémoire les nombreuses heures à travailler (scolaire et non scolaire).

Qu’avez-vous envie de conseiller aux jeunes « domiens » qui vous suivent ?

Larg pa l’kor (lâche pas l’affaire). Il faut tenter l’aventure, et ne pas retenir simplement les histoires de ceux qui n’ont pas réussi. Au contraire, se servir de leur expérience et ne pas hésiter à prendre contact avec ceux qui sont sur place et qui ont vaincu les difficultés. C’est toujours un plaisir d’accueillir et d’aider un compatriote.

Que vous a apporté la distinction "Talents de l’Outre Mer" 2007 ?

Une grande reconnaissance du travail accompli et une récompense pour la patience de ma mère. La distinction lui revient à elle aussi.
Je commence par ailleurs à me faire connaître auprès des Réunionnais, à travers différentes interviews. Ce qui me permet de faire passer le message aux jeunes qui souhaitent venir en métropole. Aussi, à la suite de cette remise de prix Talents de l’Outre-Mer 2007, j’ai eu la chance de rencontrer des personnes qui, comme moi, souhaitent valoriser les collectivités d’outre-mer avec la mise en place d’un comité de recensement des ultra-marins ayant réussi un parcours d’exception en métropole.

Voir le profil de Fédéric Grondin

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